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Bastia : 16 ème Printemps des Poètes à la Bibliothèque centrale


Odile AURACARIA le Vendredi 21 Mars 2014 à 21:17

L'association "Une minute de soleil en plus", en partenariat avec Marie-Hélène Muraccioli, bibliothécaire, avaient organisé le mardi une rencontre "Au coeur des arts" pour célébrer cette seizième édition du Printemps des Poètes. Le public était invité à participer à cette soirée en récitant ou lisant des poèmes ou des textes. Une place avait été réservée aussi à la chanson. La seule consigne était que l'œuvre choisie devait avoir une relation directe ou indirecte avec les arts.



Bastia : 16 ème Printemps des Poètes à la Bibliothèque centrale
La soirée débutait avec le grand Victor Hugo et un extrait de son non moins célèbre "William Shakespeare". Puis Léo Ferré était cité.
La parole était ensuite donnée à la poétesse Danièle Maoudj qui avait remanié une de ses poésies pour y introduire la notion de chant "Quand le sommeil prend de haut la colombe". Le poème "Ecrire" de Georges Azzopardi était lu. Puis Andrée Chedid était à l'honneur avec "La femme de longue patience", Frédérico Garcia Lorca avec "Impressions et paysages".


L'Histoire d'Ulysse à Mérovée
"Un voyage dans le temps" était proposé au public avec Homère . Le public pouvait aussi découvrir un "Poème mérovingien" lu dans le texte, poème qui en fait est un sketch des humoristes Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, dont voici un extrait :
- Ils étaient  20.000 Sigémons sur le mont Triplex… Garangol des gonzcars… ils attendaient la nuit pour placter le Ramuzosse des Zobelles pétrifiés à grands coups de leurs storcks en forme de Michaouères tracnés bien mahousses.
- C’est vrai, c’est vrai.

 Le général Belbutrine, harnaché comme un Fragon d’ Ilbimène et monté sur son Bitchpoposse…

-   Oh ! Belle bête !
-… épiait chaque coup de Bonzarbonze, chaque éclair de gros Gougnards des Pétrés, chaque Bic…

-   Paf…
-   …Acahi, acahi, scandaient les 20.000 poitrinormes de ses rouillards… Machaouais, machaouais, répondaient…

-   Hein ?

Une belle place était ensuite réservée à la musique.

Avec une chanson de Pierre Louki, "Les frelons", le poème "Fantaisie" de Gérard de Nerval, un extrait de "L'amant" de Marguerite Duras, un texte d'Antonio Tabucchi "Rêve d'Achille Claude Debussy", André Vendasi rendait hommage à Jacques Brel avec une de ses compositions, la chanson "Putain de toi" de Georges Brassens était chantée et le refrain repris par le public...

 

Le désir de peindre

Un passage de "Variations sur 12 dessins de Picasso" de Jean Tardieu était lu, le poème "Chagall 11" de Louis Aragon et aussi le texte "Le désir de peindre" extrait du Spleen de Paris de Baudelaire:
Malheureux peut-être l'homme, mais heureux l'artiste que le désir déchire!
Je brûle de peindre celle qui m'est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu'elle a disparu!
Elle est belle, et plus que belle; elle est surprenante. En elle le noir abonde: et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l'éclair: c'est une explosion dans les ténèbres.
Je la comparerais à un soleil noir, si l'on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l'a marquée de sa redoutable influence; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d'une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessaliennes contraignent durement à danser sur l'herbe terrifiée!
   Dans son petit front habitent la volonté tenace et l'amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l'inconnu et l'impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d'une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d'une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique.
Il y a des femmes qui inspirent l'envie de les vaincre et de jouir d'elles; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard.


Quelques pas de danse
Avec "La danseuse" de Raoul Locatelli, dite aussi en Corse. Et des citations d'Isadora Ducan et de Charles Baudelaire.

Silence on tourne : Le cinéma
Avec un texte d'Agnès Varda rendant hommage à Jean-Luc Godard
Il y a eu aussi des poésies en Corse, un poème de Marie-Josée Christien, Victor Hugo encore avec "Vieille chanson du jeune temps", Paul Valéry avec un texte "Variété" consacré à Blaise Pascal, et d'autres poésies "Rêves et poésies", "Le chant du poète", "Le cris des affligés", "Le temps des médailles et le temps des impôts", "Vanité", d'autres poètes, Nadine Manzagol, Karine Bianconi, Jacques Filippi...

Le point d'orgue était donné par Raoul Locatelli qui interprétait une chanson du groupe Gilles, Jules et Jean "La complainte du déboucheur d'égoûts"
C'était un déboucheur d'égouts (glou glou)
Qui aimait son métier (d'égoutier)
Jamais dégoûté des égouts (glou glou)
Il avait du goût pour les trous (la la itou)

Une superbe soirée rythmée, très dynamique, preuve que la poésie n'engendre pas toujours la mélancolie, qui se terminait devant un buffet convivial et très copieux.
Odile AURACARIA