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Agression de quatre jeunes à Corte : le procès renvoyé au 18 décembre


Léana Serve le Lundi 10 Novembre 2025 à 16:18

Le procès des trois hommes accusés de l’agression de quatre jeunes adultes à Corte dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre a été renvoyé au 18 décembre ce lundi par le tribunal correctionnel de Bastia. Les prévenus, qui avaient été placés en détention provisoire dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate, restent incarcérés au centre pénitentiaire de Borgo en attente de la nouvelle audience.



C'est au terme de plus d’une heure d'audience que le tribunal correctionnel de Bastia a finalement renvoyé au 18 décembre le dossier relatif à l’agression de quatre jeunes adultes survenue dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre à Corte. Ce lundi, Omar B., 18 ans, Florian B., 18 ans, et Rayane E., 19 ans, devaient comparaître pour violences commises en réunion ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas huit jours, et violences commises en réunion ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours dans le cadre de l’agression survenue dans la nuit d’Halloween devant un établissement de nuit de Corte, au cours de laquelle quatre jeunes - deux hommes et deux femmes - avaient été agressés.
 

Dès l’ouverture de l’audience, la défense de Florian B. a sollicité un renvoi. Son avocate, Me Sara Lorre, a en effet demandé un complément d’information, estimant qu’un témoin clé n’avait pas encore été entendu. Ce témoin, qui aurait accompagné le jeune homme au moment des faits, pourrait selon la défense permettre de « déterminer le rôle ou pas de mon client ». Florian B. nie en effet son implication dans l’agression de Corte. Le tribunal a accepté cette demande, considérant que l’audition du témoin était nécessaire avant de pouvoir juger l’affaire sur le fond. Un autre renvoi a également été sollicité par la défense de Rayane E., qui venait de changer d’avocat le matin même. Son conseil a demandé un délai pour prendre connaissance du dossier, ce que le tribunal a également accepté.
 

Au cours de l’audience, le tribunal devait également statuer sur le maintien en détention provisoire des trois prévenus. Le parquet a requis leur maintien à la maison d’arrêt de Borgo, invoquant la nécessité de protéger les victimes et les mis en cause, ainsi que le risque de renouvellement des violences. Rayane E. a déjà été condamné au mois de février 2024 pour des faits similaires de violence en réunion, tandis qu’Omar B. est bientôt convoqué devant le délégué du procureur pour « des faits d’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et port d’arme », ce qui, selon le parquet, justifiait leur maintien en détention. Une demande appuyée par Me Mélanie Junginger-Cristiani, avocate des parties civiles qui a indiqué qu’avec « la gravité des faits et les risques de pression, et pour cause la quatrième victime n’a pas souhaité comparaître, je ne vois pas comment on ne peut pas poursuivre la détention ».
 

Du côté de la défense, les avocats ont avancé différents arguments pour demander que leurs clients ne restent pas en détention provisoire et soient plutôt placés sous contrôle judiciaire. Me Sara Lorre, pour Florian B., a proposé « un hébergement chez son cousin à Montpellier, ce qui a le mérite de l’éloigner du lieu des faits et d’assurer sa protection », estimant que son client « s’est maintenu à la disposition de la justice » et qu’il n’a « pas cherché à prendre la fuite » lors de son interpellation. Me Djeneba Soumahoro Jochmans, conseil d’Omar B., a quant à elle indiqué qu’un « contrôle judiciaire strict peut très bien convenir au regard de sa personnalité », et que son client pourrait être « assigné à rester chez sa mère, avec interdiction de sortir et obligation d’aller pointer au commissariat ».
 

Un nouveau procès le 18 décembre
 

Après délibération, le tribunal correctionnel de Bastia a finalement décidé de renvoyer l’affaire au 18 décembre. Les trois hommes restent en détention provisoire à la maison d’arrêt de Borgo, « pour prévenir le renouvellement de ce type d’infraction et le risque de concertation ». À l’issue de la décision, les réactions des différentes parties ont été contrastées. Me Sara Lorre estime que « c'est une décision décevante pour la défense, et en même temps pas surprenante, parce que compte tenu de l'engouement médiatique, du monde présent à cette audience et des tensions que ça peut générer, la décision de maintien en détention provisoire n'est pas surprenante ».

Me Mélanie Junginger-Cristiani a elle salué le maintien en détention, rappelant que « leur place est effectivement, pour l'instant, à la maison d'arrêt de Borgo », même si « on tenait réellement à avoir une audience aujourd’hui ». Un avis partagé par l’une des victimes, qui a souhaité s’exprimer à la presse à la sortie de l’audience. « Je vis ça un peu comme une injustice de voir que le procès a été reporté. Après, c'est une question juridique, c'est les lois, c'est comme ça, on ne peut rien y faire. Mais depuis cette agression, ce n'est pas facile honnêtement de voir la pression qu'on a sur nous et là surtout de confronter nos agresseurs en face au tribunal. J'espère que la justice fera son travail. J'espère que les gens seront condamnés à l’échelle de ce qu'ils ont fait. En attendant, ils dorment derrière les barreaux jusqu'au prochain procès, c'est déjà pas mal. »


Un rassemblement de soutien aux victimes

En parallèle, un rassemblement de soutien aux victimes était organisé devant le tribunal judiciaire de Bastia. Lancé via les réseaux sociaux, l’appel a réuni plus de 120 personnes dès 13 heures; dont François-Xavier Ceccoli, député de la 2e circonscription de Haute-Corse, qui avait pris la parole dès le lendemain de l’agression. « Ce qu’il s’est passé il y a quelques jours à Corte n’est pas anodin », a-t-il rappelé devant le tribunal. « On a déjà vu des rixes en Corse comme ailleurs, des disputes qui finissent aussi avec des coups, mais ce qu’il s’est passé à Corte est beaucoup plus grave. Des gens qui sont agressés par une bande, un ensauvagement qui va jusqu’à la limite du lynchage avec des gens qui sont frappés, y compris des femmes au sol, ça ne fait pas partie de notre histoire et je crois qu’il était important de dire qu’on ne veut pas que ça en fasse partie. »