Le directeur de la prison Cédric Esteffe (à gauche) a fait visiter l'établissement au député RN Romain Baubry.
Le député Baubry n'est pas dépaysé quand il met les pieds dans une prison, lui qui a exercé le métier de surveillant pénitentiaire. Sa visite des prisons corses s'inscrit dans le cadre de sa mission parlementaire qui vise à apporter davantage de moyens aux établissements pénitentiaires, en fléchant les moyens nécessaires. Il a été reçu par Cédric Esteffe, le directeur de la prison, et son adjoint Donatien Traversini. Il avait demandé à rencontrer les représentants syndicaux des surveillants pénitentiaires, ce qui lui a été accordé.
"Je suis venu voir comment améliorer vos conditions de travail", a-t-il annoncé aux quatre délégués UFAP, FO et CGT présents devant lui. Lesquels ont exprimé leurs craintes de voir la population carcérale augmenter dans les années à venir : "La Corse est une région qui connaît une forte explosion démographique", souligne l'un des délégués FO, qui se dit en faveur de la construction d'une nouvelle prison à Ajaccio ou de l'agrandissement de celle de Borgo. Actuellement, 280 détenus sont répartis entre le centre de détention et la maison d'arrêt, alors que la capacité opérationnelle de la prison est de 241 places. Dans le quartier réservé aux 17 femmes actuellement détenues, quelques-unes se trouvent actuellement à plus de deux dans une cellule, mais cette situation peut, pour l'heure, être évitée chez les hommes, détaille la direction de l'établissement. "Parfois, des cellules prévues pour une seule personne en accueillent deux", précise Donatien Traversini.
Au niveau du personnel de la prison, la représentante de la CGT souhaiterait que plus de moyens soient alloués dans les rondes de nuit, qui étaient partagées entre douze surveillants il y a quelques années, et entre dix aujourd'hui : "Il en va de la sécurité des agents." Ce choix de gestion est assumé par la direction, qui comprend toutefois le point de vue de la surveillante : "La première ronde se fait à deux, c'est la ronde de vérification de la fermeture de toutes les cellules. C'est là qu'il y a un risque de tomber sur une cellule ouverte avec un danger, ce qui n'est pas le cas de la deuxième ronde qui se fait seul, effectivement", convient le directeur, Cédric Estaffe, qui n'est pas contre une évolution mais "qui dit plus d'agents la nuit, dit moins d'agents en journée..."
"La Corse, ce n'est pas que le soleil et la mer..."
D'une manière plus générale, les représentants syndicaux pointent un manque de personnel qui oblige à faire des heures supplémentaires : "Depuis l'été 2020, c'est compliqué", confie un délégué FO. Des arrêts maladies sont en effet venus s'ajouter à la vacance de douze postes de surveillants pénitentiaires, consécutifs à des détachements ou à des mises en disponibilité. Le directeur n'a pas de formule miracle : "On essaie de trouver des compromis." A Borgo, les effectifs du personnel se montent à 202, dont 140 surveillants pénitentiaires.
Enfin, les représentant syndicaux ont plaidé pour la création d'une commission de pré-affectation des surveillants en Corse, qui servirait à détecter les profils psychologiques les plus fragiles : "On a un pourcentage élevé de surveillants venus du Continent qui arrivent ici et qui, au bout d'un an, demandent à partir, certifie-t-on chez FO. Ils découvrent que la Corse, ce n'est pas que le soleil et la mer..." De leur point de vue, il est plus difficile pour un surveillant d'exercer en Corse car "tout le monde se connaît et il arrive qu'on croise d'anciens détenus dehors." "Il y a des pressions ?", interroge le député Romain Baubry. "Oui, c'est arrivé ", lui répond un délégué syndical. Sa collègue de la CGT met en avant la différence de mentalité entre Borgo et les précédents établissements où elle a exercé : "Sur le Continent, je n'ai jamais serré la main d'une personne détenue. Ici, on m'a dit : il faut que tu le fasses. Ca ne m'a pas dérangé, mais ça m'a questionné."
L'hypothèse d'un "quartier DPS"
Après avoir longuement visité la prison, le député RN de la XVe circonscription des Bouches-du-Rhône dresse un constat implacable : "Elle n'est plus adaptée à la gestion que l'on demande aux établissements pénitentiaires. Il y a des efforts considérables à faire en terme d'effectifs, mais aussi en terme de rénovation de structure, avec des travaux qui devront être engagés pour pallier ce manque de personnel." Invité par Corse Net Infos à évoquer les projets à venir dans l'enceinte de son établissement, le directeur de Borgo, Cédric Esteffe, a décliné, souhaitant obtenir, au préalable, l'accord de l'administration pénitentiaire.
De son côté, le député Baubry s'est engagé à remonter à l'Assemblée nationale les propositions émises par les surveillants pénitentiaires de Borgo. Est-il favorable à la construction d'une nouvelle prison dans l'île ? "Je pense que j'aurai la réponse une fois que j'aurai visité la maison d'arrêt d'Ajaccio (*), que l'on dit extrêmement vétuste. C'est peut-être là qu'il faudra réfléchir à créer une unité pour les détenus classés DPS (détenus particulièrement signalés)."
Une telle hypothèse, à Borgo, avait été évoquée dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire sur l'assassinat d'Yvan Colonna, à laquelle Romain Baubry avait participé. Mais après sa visite de la prison, le député ne voit pas comment Borgo pourrait accueillir une telle unité : "Dans l'état actuel des choses, ça me semble extrêmement compliqué. Il faudrait engager de lourds travaux, avec aussi avoir du personnel supplémentaire pour pouvoir accueillir et gérer ce profil de détenus." Le directeur de la prison affirme lui "ne pas avoir été sollicité sur ce type de réflexion. Je pense aussi que l'augmentation de la population carcérale rend très difficile la construction de ce quartier DPS, qui amputerait un grand nombre de places, l'équivalent de trente détenus en moins à Borgo. Car le foncier est difficilement extensible. C'est compliqué d'élargir un mur d'enceinte et déplacer un mirador."
(*) Le député Romain Baubry visitera la prison de Casabianda ce vendredi matin et la maison d'arrêt d'Ajaccio ce vendredi après-midi.
"Je suis venu voir comment améliorer vos conditions de travail", a-t-il annoncé aux quatre délégués UFAP, FO et CGT présents devant lui. Lesquels ont exprimé leurs craintes de voir la population carcérale augmenter dans les années à venir : "La Corse est une région qui connaît une forte explosion démographique", souligne l'un des délégués FO, qui se dit en faveur de la construction d'une nouvelle prison à Ajaccio ou de l'agrandissement de celle de Borgo. Actuellement, 280 détenus sont répartis entre le centre de détention et la maison d'arrêt, alors que la capacité opérationnelle de la prison est de 241 places. Dans le quartier réservé aux 17 femmes actuellement détenues, quelques-unes se trouvent actuellement à plus de deux dans une cellule, mais cette situation peut, pour l'heure, être évitée chez les hommes, détaille la direction de l'établissement. "Parfois, des cellules prévues pour une seule personne en accueillent deux", précise Donatien Traversini.
Au niveau du personnel de la prison, la représentante de la CGT souhaiterait que plus de moyens soient alloués dans les rondes de nuit, qui étaient partagées entre douze surveillants il y a quelques années, et entre dix aujourd'hui : "Il en va de la sécurité des agents." Ce choix de gestion est assumé par la direction, qui comprend toutefois le point de vue de la surveillante : "La première ronde se fait à deux, c'est la ronde de vérification de la fermeture de toutes les cellules. C'est là qu'il y a un risque de tomber sur une cellule ouverte avec un danger, ce qui n'est pas le cas de la deuxième ronde qui se fait seul, effectivement", convient le directeur, Cédric Estaffe, qui n'est pas contre une évolution mais "qui dit plus d'agents la nuit, dit moins d'agents en journée..."
"La Corse, ce n'est pas que le soleil et la mer..."
D'une manière plus générale, les représentants syndicaux pointent un manque de personnel qui oblige à faire des heures supplémentaires : "Depuis l'été 2020, c'est compliqué", confie un délégué FO. Des arrêts maladies sont en effet venus s'ajouter à la vacance de douze postes de surveillants pénitentiaires, consécutifs à des détachements ou à des mises en disponibilité. Le directeur n'a pas de formule miracle : "On essaie de trouver des compromis." A Borgo, les effectifs du personnel se montent à 202, dont 140 surveillants pénitentiaires.
Enfin, les représentant syndicaux ont plaidé pour la création d'une commission de pré-affectation des surveillants en Corse, qui servirait à détecter les profils psychologiques les plus fragiles : "On a un pourcentage élevé de surveillants venus du Continent qui arrivent ici et qui, au bout d'un an, demandent à partir, certifie-t-on chez FO. Ils découvrent que la Corse, ce n'est pas que le soleil et la mer..." De leur point de vue, il est plus difficile pour un surveillant d'exercer en Corse car "tout le monde se connaît et il arrive qu'on croise d'anciens détenus dehors." "Il y a des pressions ?", interroge le député Romain Baubry. "Oui, c'est arrivé ", lui répond un délégué syndical. Sa collègue de la CGT met en avant la différence de mentalité entre Borgo et les précédents établissements où elle a exercé : "Sur le Continent, je n'ai jamais serré la main d'une personne détenue. Ici, on m'a dit : il faut que tu le fasses. Ca ne m'a pas dérangé, mais ça m'a questionné."
L'hypothèse d'un "quartier DPS"
Après avoir longuement visité la prison, le député RN de la XVe circonscription des Bouches-du-Rhône dresse un constat implacable : "Elle n'est plus adaptée à la gestion que l'on demande aux établissements pénitentiaires. Il y a des efforts considérables à faire en terme d'effectifs, mais aussi en terme de rénovation de structure, avec des travaux qui devront être engagés pour pallier ce manque de personnel." Invité par Corse Net Infos à évoquer les projets à venir dans l'enceinte de son établissement, le directeur de Borgo, Cédric Esteffe, a décliné, souhaitant obtenir, au préalable, l'accord de l'administration pénitentiaire.
De son côté, le député Baubry s'est engagé à remonter à l'Assemblée nationale les propositions émises par les surveillants pénitentiaires de Borgo. Est-il favorable à la construction d'une nouvelle prison dans l'île ? "Je pense que j'aurai la réponse une fois que j'aurai visité la maison d'arrêt d'Ajaccio (*), que l'on dit extrêmement vétuste. C'est peut-être là qu'il faudra réfléchir à créer une unité pour les détenus classés DPS (détenus particulièrement signalés)."
Une telle hypothèse, à Borgo, avait été évoquée dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire sur l'assassinat d'Yvan Colonna, à laquelle Romain Baubry avait participé. Mais après sa visite de la prison, le député ne voit pas comment Borgo pourrait accueillir une telle unité : "Dans l'état actuel des choses, ça me semble extrêmement compliqué. Il faudrait engager de lourds travaux, avec aussi avoir du personnel supplémentaire pour pouvoir accueillir et gérer ce profil de détenus." Le directeur de la prison affirme lui "ne pas avoir été sollicité sur ce type de réflexion. Je pense aussi que l'augmentation de la population carcérale rend très difficile la construction de ce quartier DPS, qui amputerait un grand nombre de places, l'équivalent de trente détenus en moins à Borgo. Car le foncier est difficilement extensible. C'est compliqué d'élargir un mur d'enceinte et déplacer un mirador."
(*) Le député Romain Baubry visitera la prison de Casabianda ce vendredi matin et la maison d'arrêt d'Ajaccio ce vendredi après-midi.