Les élections territoriales du 13 décembre 2015 ont porté Femu a Corsica et Corsica Libera aux commandes de la CTC.
Une importante partie du peuple corse a ainsi validé la stratégie de ces mouvements. C’est donc aux élus et aux responsables de ces formations qu’il appartient désormais de répondre aux aspirations, attentes et espoir d’un très grand nombre de Corses.
Les projets de société propres à ces organisations majoritaires au sein du mouvement national vont guider concrètement leur politique pour les deux années à venir.
Cet événement, qui s’inscrit dans l’histoire de notre pays, est annonciateur de recompositions politiques au moins dans le cadre des luttes institutionnelles. La volonté, réitérée, des dirigeants de Femu a Corsica et de Corsica Libera de rechercher des convergences et des alliances au-delà du camp patriotique a produit, grâce aux résultats électoraux, une accélération de ce phénomène.
La droite corsiste et le conglomérat de personnalités issues de la mouvance sociale-libérale sont disposés à s’accorder sur un projet d’autonomie aux contours qui vont être amenés à se préciser dans les mois à venir.
Le Parti Communiste français, en faisant le choix de s’allier avec le clan giaccobiste a considérablement altéré son image. Son déclin inéluctable et la mise en péril de son existence même sont les conséquences de ses alliances, tout autant que du refus obstiné de ses dirigeants à prendre en compte la question nationale.
Les formations clanistes sont certes également ébranlées par les résultats électoraux. Pour autant, rien ne peut garantir encore qu’elles ne trouvent les voies et les moyens nécessaires à leur survie. A cela deux raisons majeures : la faillite sociale qui rend dépendants des dizaines de milliers de Corses et la permanence de réflexes séculaires de type clientéliste qui affectent toujours notre société.
Le FN, dont la nature néo-fasciste se précise aux travers des récentes déclarations de ses dirigeants, a maintenu globalement ses résultats du premier tour. Son électorat composite, est visible aussi bien dans les quartiers populaires que dans des zones pavillonnaires en zone périurbaine. A sa périphérie, et à un moindre degré en son sein, s’agitent des courants qui peuvent tenter d’ancrer l’extrême droite, au moins dans la perspective d’une autonomie interne. Ces velléités, qui ne vont guère tarder à se confirmer, créeront certes des contradictions avec leur direction hexagonale, mais leurs thématiques sur l’immigration et l’insécurité, vont continuer à peser politiquement sur la majeure partie de la classe politique corse, nationalistes y compris.
Les premières réactions de la quasi intégralité de la classe politique française n’ont absolument pas de caractère novateur et ne doivent en rien étonner.
En effet, rappelons qu’elles s’inscrivent dans la continuité des rapports entre le peuple corse et l’Etat français. L’actuel gouvernement ne déroge en rien à cet état de fait. Il est certain que sa stratégie consiste et va consister à entraver et contenir la majorité issue du scrutin et ce, dans les limites strictes des institutions actuelles, le tout sur fond de politiques sociales d’austérité.
A cette heure, de simples revendications démocratiques comme la co-officialité et l’enseignement obligatoire de la langue corse se heurtent à des refus catégoriques. Cela augure très mal de la suite, notamment sur les questions de dotations budgétaires, sans omettre la problématique des prisonniers politiques et d’une très hypothétique loi d’amnistie.
Sans rien renier de ses positions initiales, en particulier sur le droit à l’autodétermination et le caractère illégitime des institutions françaises, A Manca appelle l’ensemble des Corses à se préparer aux immanquables mobilisations afin de mettre en échec les agressions politiques qui se dessinent d’ores et déjà. Il ne s’agit en rien d’un chèque en blanc donné à l’actuelle majorité qui préside à la CTC. Si cette dernière maintient ses positions au moins sur les revendications démocratiques, elle doit alors recevoir tous les soutiens nécessaires, tout en acceptant réellement la pluralité au sein du mouvement national. Le colonialisme français n’a pas été vaincu le 13 décembre dernier, soyons- en sûrs et certains.
Il a perdu une partie mais sa vision ainsi que celles de ses alliés locaux demeure identique.
De nos résistances individuelles et collectives dépendent notre avenir, en tant que peuple et en tant que nation souveraine. Notre devenir dépend tout autant de la création d’une gauche patriotique corse qui doit s’assigner plusieurs tâches : celle de l’unité du monde du travail pour un projet en rupture avec le libéralisme en maintenant le double aspect de la lutte d’émancipation. C’est dans le droit fil historique de la voie corse au socialisme que les militants de la Manca vont aller à la rencontre de toutes les femmes et les hommes et de tous les travailleurs.
C’est dans les luttes que se dessinera l’avenir.