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A Ajaccio, les chercheurs de Sorbonne université dévoilent les trésors anciens de la Bibliothèque Fesch


Elena Mas le Mercredi 12 Juin 2024 à 10:53

Le mardi 11 juin, une journée d'étude sur les trésors de la Bibliothèque Fesch a été organisée à l'espace Jean Schiavo par la Ville d'Ajaccio, en partenariat avec la Sorbonne Université. Cet événement a mis en lumière les recherches en cours sur les précieuses collections de cette bibliothèque patrimoniale, permettant aux chercheurs de présenter leurs avancées.



20 000 ouvrages ont été mis à la dispositions des chercheurs.
20 000 ouvrages ont été mis à la dispositions des chercheurs.
L'espace Jean Schiavo de l'Office Intercommunal de Tourisme du Pays Ajaccien a accueilli une journée d'étude intitulée « Les savoirs anciens à la Bibliothèque Fesch : littératures, arts et sciences », mardi 11 juin. Organisée par la Ville d’Ajaccio et le réseau des bibliothèques et médiathèques en partenariat avec la Sorbonne Université, cet événement met en lumière les précieuses collections de la bibliothèque patrimoniale Fesch.

Cette journée a permis aux chercheurs de présenter leurs travaux à mi-parcours, dans le cadre d'un contrat de recherche de trois ans, signé en février 2023. « Il s'agit de faire connaître nos recherches dans le fond patrimonial de la bibliothèque Fesch. Nous souhaitons faire connaître ces ouvrages que nous avons trouvés et commencés à étudier. » explique la coordinatrice de cette journée, Hélène Casanova-Robin, professeure de littérature latine à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et directrice du Laboratoire Rome et ses renaissances. 20 000 ouvrages ont été mis à la disposition des chercheurs.

« Cela fait très longtemps que j'y pense. La Bibliothèque Fesch m'a toujours fascinée », confie-t-elle. « J'avais déjà eu l'occasion de la visiter lorsque j’étais enfant. J'ai donc contacté la bibliothécaire, qui m'a accueillie à bras ouverts, ainsi que la mairie d'Ajaccio, qui a immédiatement manifesté son intérêt et son soutien. C’est une expérience nouvelle pour nous, car nous explorons habituellement les bibliothèques en Italie ou dans les régions reculées de France. »

Dix chercheurs, principalement issus de formations en lettres classiques, participent à ce projet. « Nous avons étudié le latin, le grec, la littérature française et européenne. Nous avons également des spécialités variées : médecine grecque, littérature latine chrétienne, histoire de l'art antique, littérature italienne de la Renaissance, et bien sûr, la poésie latine », continue-t-elle.

 

« Une chance incroyable »

La Bibliothèque Fesch, peu connue des chercheurs européens, recèle un trésor patrimonial considérable. « Elle comporte un fonds de livres anciens qui est extrêmement riche, qui a été rassemblé et conçu par Lucien Napoléon Bonaparte », relate Hélène Casanova-Robin. « Le but était de diffuser ce qu'il y a sur l'île qui est un lieu de savoir comportant toutes les disciplines sur le modèle d'une bibliothèque humaniste de la Renaissance et qui soit comme ça accessible facilement à toute la population de l'île. Ce fonds a été enrichi également avec la collection du Cardinal Fesch qui était extrêmement riche. »

Un aspect intrigant de la Bibliothèque Fesch réside dans la provenance mystérieuse de certains livres. « C'est une source de mystère pour certains et ce sont les bibliothécaires qui essayent de travailler ardemment à cela », explique Hélène Casanova-Robin. « Certains ouvrages appartenaient au Cardinal Fesch, qui les avait achetés en tant que collectionneur d'art et de livres, souvent en Italie où le commerce de livres était très intense entre érudits. Lucien Napoléon Bonaparte a également acquis des livres un peu partout, y compris en France. À notre surprise, certains livres proviennent de l'ancienne Sorbonne, d'autres de couvents en Corse, ainsi que de monastères ou de couvents français et européens. Certains ouvrages proviennent aussi des saisies révolutionnaires après la Révolution française. Lucien Napoléon Bonaparte achetait souvent des lots de livres sur le marché, contribuant ainsi à la diversité de la collection. »

« C'est passionnant. C'est aussi un appel pour ceux qui s'intéressent à l'histoire du livre, pour explorer l'histoire de cette bibliothèque. Beaucoup de travaux ont été réalisés, mais quel public venait consulter ces livres ? Quel intérêt suscitent-ils ? Il serait vraiment enrichissant de comprendre comment, en Corse, ces ouvrages ont été perçus au XIXe et au XXe siècle », explique la professeure de littérature latine.

La rénovation de la bibliothèque, initialement perçue comme un obstacle, s'est révélée être une opportunité inespérée. « Quand j'ai appelé, j'ignorais complètement qu'il y aurait des travaux et finalement ça a été une chance incroyable. Les étagères étaient très hautes donc certains livres étaient inaccessibles et ils ont tous été descendus » explique Casanova-Robin. « Maintenant, on peut les consulter directement car tous les livres ont été placés dans des salles de réserves, dans l'ancienne médiathèque. »