Corse Net Infos - Pure player corse

À Ajaccio et Bastia, les infirmiers libéraux de nouveau dans la rue pour plus de reconnaissance


le Mardi 19 Mars 2024 à 20:42

Dans le cadre d'un mouvement national, les infirmiers libéraux étaient de nouveau mobilisés ce mardi afin de demander la reconnaissance de la pénibilité de leur métier et la revalorisation des tarifs de leurs actes. Deux rassemblements étaient organisés devant les CPAM à Ajaccio et Bastia.



Ils assurent la continuité des soins à domicile 7 jours sur 7, n’hésitant pas pour ce faire à multiplier les journées à rallonge durant lesquelles ils jonglent entre soins, déplacements aux domiciles des patients et administratif. Les infirmiers libéraux étaient à nouveau dans la rue ce mercredi dans le cadre d’un mouvement national qui a pour objectif de demander la reconnaissance, la pénibilité de leur métier et la revalorisation des tarifs de leurs actes. À l’initiative du collectif Infirmieri Azezzi et Convergence Infirmière, deux rassemblements avaient lieu en Corse en début d’après-midi, devant les locaux des Caisses Primaires d’Assurance Maladie à Ajaccio et Bastia. 
 

" Nos salaires ont été diminués " 

Dans la cité impériale, les professionnels ont organisé une opération de tractage auprès des automobilistes, interrompant parfois la circulation avec des sit-in de quelques minutes sur la rocade afin de sensibiliser la population à la détresse de la profession. « Nous n’avons pas eu de revalorisation des soins depuis 2009 », souffle Martine Santarelli du collectif Infirmieri Azezzi en déplorant que pour chaque acte réalisé les caisses d’assurance maladie et les complémentaires santé ne versent aujourd’hui que quelques euros bruts aux infirmiers libéraux. « La prise de sang est par exemple payée 8 euros bruts. Or on va chez le patient, on passe parfois 20 minutes à chercher une veine, et ensuite on amène le prélèvement au laboratoire », indique cette infirmière libérale depuis 20 ans. « Et depuis 2020, nous sommes forfaitisés. C’est un algorithme qui va décrire l’état du patient à partir d’une série de questions. Nos salaires ont été diminués. Nous avons été défavorisés et vraiment oubliés », ajoute-t-elle en fustigeant que dans le même temps, les professionnels ont vu leurs cotisations Ursaaf et retraite augmenter. « Il faut se dire que nous sommes la profession libérale la plus impactée par l’Ursaaf ! », dénonce-t-elle encore. 
 

La profession d'infirmier libéral en danger

En outre le collectif Infirmieri Azezzi note également l’absence de revalorisation kilométrique depuis 15 ans, alors qu’ « à l’époque le gazole coûtait moins d’un euro le litre ». « On nous a augmenté notre indemnité de déplacement de 0,25 centimes. Nous avions 2€50 d’indemnité de déplacement pour chaque patient et maintenant nous avons donc 2€75 bruts. Qui se déplace pour cette somme ? », se désole Martine Santarelli en regrettant de plus que les spécificités de la Corse ne soient également pas prises en compte. « Nous sommes considérés comme une île montagne, mais nous, à notre échelle, nous n’en tirons aucun bénéfice ».
 

« Tout cela contribue aujourd’hui à mettre en danger la profession d’infirmier libéral », résume Martine Santarelli, « Nous sommes vraiment oubliés. Pourtant, nous sommes essentiels dans le chemin de la santé à domicile ». Sans infirmiers libéraux, le collectif Infirmieri Azezzi rappelle en effet qu’il ne serait plus possible de faire ni prise de sang, ni injection, ni perfusion à domicile, pas plus que des pansements après une opération, « des suivi thérapeutiques pour les plus âges et/ou handicapés » ou encore des « soins d’hygiène et de prévention pour maintenir la dignité des plus fragiles âgés et/ou handicapés ». « Sans infirmier libéraux, c’est la mort du maintien à domicile », avertissent encore les professionnels. Selon le collectif, 58% de fermeture des cabinets d’infirmiers libéraux se profileraient dans les 5 ans à venir. 
 

À Bastia, un rassemblement était également organisé devant les locaux de la CPAM (Photo : Laurent Hérin)
À Bastia, un rassemblement était également organisé devant les locaux de la CPAM (Photo : Laurent Hérin)