Placé sous l'autorité de la préfecture maritime de Toulon, le Cross Méditerranée de Corse est composé de 11 officiers de la Marine nationale et de deux affiliés des affaires maritimes. Il s'attelle, nuit et jour, à coordonner les opérations de sauvetage en mer des personnes et des biens durant toute la période de campagne estivale qui s'étend du 1er mai au 30 septembre.
Pour être en mesure de mobiliser tous les secours dans les plus brefs délais et recevoir les émissions VHF, la préfecture maritime a disposé des émetteurs à des points stratégiques en mer Méditerranée sur lesquels veille le Cross Méditerranée (CroosMed) véritable chef d'orchestre des interventions de secours. C'est lui qui met en place les dispositifs adéquats dès la réception d'un appel de détresse.
"En fonction du problème rencontré, nous pouvons faire appel à tous les moyens disponibles, quelle que soit leur administration de rattachement. À savoir, la gendarmerie nationale, la marine nationale, les stations de la SNSM (société nationale de sauvetage en mer), mais aussi les moyens de l'État, qu'ils soient maritimes ou aériens, les pompiers. Nous travaillons en interadministration", explique Marc Michel, officier de permanence au sein de la structure basée à Aspretto, près d'Ajaccio.
"La principale cause d'accident est le facteur humain"
Parmi les missions relevant de la compétence du Cross Méditerranée, se trouve la Maritime Assistance Service (MAS). Constituant 40 % des interventions déployées par la structure en 2024 – contre 32 % l'année précédente –, les MAS consistent à porter assistance aux biens et se soumettent à facturation de la part des équipes mobilisées. "Dans le cadre de ces opérations, nous sollicitons les secours pour une avarie de moteur ou électrique, une panne d'essence, ou d'échouement sans danger", précise l'officier, constatant que le manque de préparation se révèle être un facteur aggravant dans ce cas de figure.
Mais le gros du travail – quant à lui gratuit – reste tout de même l'assistance aux personnes, appelée Search And Rescue (SAR). Et pour cause, cette branche constitue 44 % des interventions sollicitées par le Cross Méditerranée depuis le début de la campagne 2024, rapporte la Préfecture maritime de Toulon. Une part pourtant en baisse, puisqu'elle en constituait 49 % l'année passée. "La principale cause d'accident est le facteur humain. Le SAR comprend les accidents de décompression de plongée, les blessures physiques, les arrêts cardiaques en navigation ou en baignade, un homme à la mer. En clair, tout ce qui touche à la sécurité des personnes", poursuit Marc Michel.
Le tout, pour un total de 240 opérations au cours de la campagne 2024. Un chiffre moins important au regard de l'année précédente, qui s'élevait à 286. Mais surtout, des dispositifs "peu fréquents au regard du nombre de plaisanciers et de locaux en période estivale".
"Une année noire"
Ce à quoi s'ajoutent les conditions météorologiques, parfois violentes selon les microrégions : "En Balagne ou dans le golfe de Valinco (Propriano), la météo peut être engagée, avec de violents vents d'ouest. Dans ces situations, les baigneurs présument de leurs forces face à une nature déchainée…"
Trois lettres, une sortie sécurisée
"Le P signifie préparation. Il faut impérativement vérifier la météo, prendre connaissance de la zone de navigation, avoir conscience de notre état de santé et de celui de ses passagers et prévenir un proche à terre de sa sortie en mer", martèle l'officier, qui remarque encore trop souvent des négligences, à l'instar du manque de maîtrise de la radio VHF. "Quand on se prépare à la mer, c'est comme si on se préparait pour une randonnée, il faut être équipé. On ne va pas s'attaquer au GR20 en tongs… compare-t-il. Il faut comprendre que ce n'est pas dans l'urgence que l'on va savoir comment s'en servir, comment changer de canaux, comment envoyer des signaux de détresse."
La lettre E, correspond quant à elle à l'équipement. Vérifier son matériel avant chaque sortie, se munir d'une brassière de flottabilité, "permettant une grande aisance de mouvements", sont encore une fois des gestes à opérer systématiquement. Et ce, même si la météo semble clémente de prime abord.
"Le A, c'est pour alerter. Et pour cause, le premier navire à porter secours à un bateau en difficulté, c'est le bateau d'à côté. À condition qu'il soit équipé et formé, bien entendu. C'est important d'avoir les bons réflexes, puisque les délais d'intervention des secours sont plus longs en mer. Pour être le premier maillon d'une chaîne d'opérations de secours, il faut être attentif", conclut-il.
Pour alerter les équipes du Cross Méditerranée, le canal 16 ou le numéro d'urgence 196, "encore trop méconnu des plaisanciers", reste disponible 24h/ 24 et 7 j/ 7.