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​Le collectif "Maffia nò, a vita iè" créé à Ajaccio


Philippe Peraut le Mercredi 25 Septembre 2019 à 17:38

Un collectif anti-mafia a été créé ce mercredi à Ajaccio. Autour de Léo Battesti et Vincent Carlotti, ses deux chefs de file, il réunit, pour l’heure, une trentaine de personnalités de la société civile corse. À travers trois grands axes, mobiliser l’opinion publique, solliciter les politiques afin qu’ils s’engagent et l’Etat, détenteur des pouvoirs régaliens, il compte faire cesser l’emprise mafieuse sur la Corse…



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
Il y avait du monde, ce mercredi après-midi à l’Hôtel Best Western à Ajaccio à l’occasion du lancement d’un collectif anti-mafia initié par Léo Battesti, président de la Ligue Corse d’Echecs et Vincent Carlotti, ancien maire d’Aleria. Baptisé « Maffia Nò ! A vita iè », il a, en quelques heures, rassemblé une trentaine de personnalités de la société civile.
À la tribune, ce mercredi, Vannina Bernard-Leoni, universitaire, Jean-Paul Poletti, chanteur, Jérôme Ferrari, philosophe et enseignant, Léo Battesti, Pierre Gambini, compositeur, Lavina Bofy, réalisatrice et Marcu Biancarelli, écrivain.
Derrière, d’autres membres du collectif et dans la salle, une trentaine de personnes dont certaines sont bien connues dans le milieu associatif, politique, sportif ou culturel. La presse nationale a, également fait le déplacement. C’est dire l’intérêt que suscite cette création et, pour la première fois mentionné, le terme de mafia pour évoquer les dérives actuelles que subit la Corse.
« La Corse subit une emprise mafieuse d’une intensité jamais atteinte dans son histoire, lancera Jean-Paul Poletti dans un discours introductif au nom du collectif, face à cette situation, nous agirons dans trois directions : mobiliser le plus grand nombre de nos concitoyens et isoler culturellement ceux qui par leurs méthodes barbares, détruisent impitoyablement les potentiels de notre territoire. Nous demandons, en second lieu, à tous les responsables politiques insulaires de s’engager sans ambiguïté, dans ce combat vital pour le devenir de la Corse. Enfin, nous interpellons l’Etat, détenteur de tous les pouvoirs régaliens et nous n’hésiterons pas à le mettre en face de ses responsabilités et ses carences. »

Libérer la parole
Le ton est donné. Le discours ferme, les mots fusent avec précision et la stratégie se dévoile. « Nous n’avons pas la prétention de changer la société corse, affirme Léo Battesti, mais de proposer des solutions et d’apporter notre contribution pour faire cesser ce fléau. C’est toute une méthodologie à construire, nous en sommes au tout début. Rapidement, nous serons certainement, des milliers. Il s’agit de libérer la parole, ce qui ne signifie pas faire de la délation mais briser cette dérive… »
Pour l’heure, le collectif rassemble une trentaine de personnalités, parmi lesquelles Jean-Claude Acquaviva, Jean-François Bernardini, Josette Risterucci, Paul-Marie Romani, Jacques Thiers… « Les associations, l’Education Nationale, les familles, tous doivent apporter leur pierre à cet édifice pour sensibiliser notre jeunesse. Si on ne fait rien, dans dix ans, il sera trop tard, poursuivra Léo Battesti.
Quelques chefs d’entreprise ont intégré le collectif mais ceux plus ou moins impliqués au niveau économique, restent encore en dehors.
Dans la salle, le débat va s’animer. Pierre Alessandri, agriculteur dont l’exploitation a été victime d’un  incendie criminel cet été évoque « l’agriculture comme cible privilégiée des mafieux. On est parti du monde de la nuit, on est passé par le tourisme, le BTP et l’immobilier, l’agriculture est aujourd’hui très touchée. »
Autre témoignage, celui précisant que « tout le monde se connaît il y une porosité entre la vie, la politique et les voyous. La Corse est devenue pire que la Sicile. Il y a les pauvres et ceux qui se gavent ! »

Une session extraordinaire à l’Assemblée de Corse
C’est pourtant de l’exemple sicilien que le collectif veut s’inspirer pour isoler la mafia. « Tout est parti d’un slogan « No al pizzo » et les Siciliens ont fait bouger les choses, pourquoi pas nous ? »
En cause, l’Etat, « au courant de la situation », clame-t-on dans la salle, « Il a une responsabilité historique. Il a failli depuis longtemps dans la gestion de la Corse, précise Marcu Biancarelli, entre les crimes impunis et les corruptions, il a une grande part de cette situation à sa charge. Nous le mettrons face à ses responsabilités. »
Le collectif a, d’ores et déjà sollicité l’Assemblée de Corse pour une session extraordinaire consacrée à la dérive mafieuse que Gilles Simeoni évoque par ailleurs.
« Tamanta strada », ironise l’un des acteurs présents en parodiant le slogan de la majorité territoriale, tamanta strada chì ci ferma à fà per prupone un’altra sucetà à i nostri ghjovani, conclut-elle.
Le premier pas est franchi. Sera-t-il suivi d’effets ?

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