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​Lutte contre les violences conjugales en Corse : l’union sacrée pour combattre le fléau


Philippe Peraut le Samedi 21 Septembre 2019 à 07:39

La campagne de communication du Grenelle consacrée à la lutte contre les violences conjugales en Corse a débuté il y a deux semaines en Haute-Corse. C’est dans ce cadre qu’institutionnels et associations s’étaient donnés rendez-vous dans les locaux de Novita Prod, route du Vazziu à Ajaccio, pour évoquer les moyens de lutte contre ces violences. Autour de trois spots filmés par la société et présentés à tous, les différents intervenants ont été unanimes quant à la nécessité d’œuvrer collectivement pour faire reculer ce fléau.



Une fois n’est pas coutume, les locaux qui abritent, d’ordinaire, l’émission « I Sapientoni », route du Vazziu à Ajaccio n’étaient pas dédiés à la détente et au loisir mais à un fléau qui ne sévit que trop en Corse comme partout ailleurs à l’échelle nationale : les violences conjugales. Dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, la société Novita Prod, dirigée par Antoine Gannac et Jean-Jacques Torre a, à cet effet, réalisé trois spots vidéos sur différentes thématiques : les violences conjugales proprement dites, les victimes collatérales et le harcèlement sexuel au travail avec, à chaque fois, une phrase forte en guise d'illustration : « En Corse, 8 femmes ont été tuées par leur compagnon en 10 ans », « Les violences au sein du couple font des victimes collatérales. Les enfants en souffrent », «  Le harcèlement sexuel au travail est une violence punie par la loi. »
Sur le plateau, une vingtaine de personnes parmi lesquelles Josiane Chevalier, Préfète de Corse, Julie Benetti, Rectrice de l’Académie de Corse, Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge des affaires sociales et de la santé, Eric Bouillard, Procureur de la République d’Ajaccio, Véronique Imbert, Présidente du TGI d’Ajaccio, Tony Mouchet, général en chef de la Gendarmerie de Corse, Marie-Ange Susini, déléguée régionale aux droits de la femme et à l’égalité, Charly Voglimacci, adjoint aux relations avec les professionnels de santé ,à la municipalité d’Ajaccio, Jean-Luc Pesce, directeur de l’hôpital d’Ajaccio, ainsi que des représentants de la DDSP, des deux centres d’information sur les Droits des Femmes de Corse et d’associations…

Un numéro d’appel spécifique à la Corse
C’est Josiane Chevalier, Préfète de Corse, qui ouvre le débat animé par Marie-Ange Susini : « Le travail de fond initié depuis déjà quelques temps se poursuit, précise-t-elle, lors de la récente visite de Jacqueline Gourault, nous avions, à l’occasion d’une table ronde, évoqué ce sujet important. La Corse doit s’inspirer des expériences effectuées sur d’autres territoires. Mais c'est une terre de solidarité et l'on doit, grâce  aux spécificités de l'île permettre de faire avancer les choses. »
Une spécificité qui a débouché sur du concret avec, outre le numéro d’appel national 39-19, un autre uniquement dédié à la Corse, celui-là, le 0800 400 235"Pour que les femmes résidant en milieu rural puissent être rapidement en relation avec les services de gendarmerie..."
 Le débat  s’est poursuivi durant plus d’une heure avec différents intervenants chacun dans son rôle. Pour Julie Benetti, Rectrice de l’Académie de Corse, le rôle préventif en milieu scolaire revêt une importance capitale dans la lutte contre ces violences. « Les enfants sont aussi victimes, souligne-t-elle, l’Education Nationale s’adresse à eux comme des acteurs. Il est important de travailler en amont, de les sensibiliser et de transmettre la culture de l’égalité des sexes. »
Autre point de vue, celui d’Eric Bouillard, Procureur de la République d’Ajaccio. « Il est important de mettre le coup de grâce à ce fléau, on insiste beaucoup mais, en dépit de nos efforts, les chiffres sont toujours là. Il y a 25 ans, on prenait en compte un cas de ce type par mois, nous en sommes aujourd’hui à 4 ou 5 par semaine. »

« La réussite ne sera pas individuelle mais collective »
La Collectivité de Corse est également partie prenante de cette lutte. À cet effet, Bianca Fazi, conseillère exécutive a précisé, outre les mesures d’urgences nécessaires, que « la mise en place de l’observatoire des violences faites aux femmes sera annoncé lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse. On ne va certes pas tout résoudre d’un coup mais améliorer le quotidien. »
Outre l’aspect répressif nécessaire, le Général Tony Mouchet commandant la Gendarmerie de Corse depuis peu, a rappelé « que l’on doit se remettre en question sur le recul de ce fléau. La parole des victimes est importante, elle doit se libérer mais il est vital de reconstruire des partenariats, de travailler tous ensemble et peut-être de trouver d’autres méthodes. Une femme victime de violences conjugales n’est pas victime d’un vol ou d’un cambriolage, on ne peut pas traiter cela de la même manière. »
Enfin, Charly Voglimacci, a souligné, pour part, que « toutes les leçons sont bonnes à prendre. La réussite face à cette lutte n’est pas individuelle, elle est collective. »
"Ce grenelle marquera-t-il, à terme, la fin des violences conjugales, je n'y crois pas trop" 
a commenté Rosy Sarrola, présidente de l'association "Femmes Solidaires", ce n'est pas gagné. Pour autant, nous devons faire en sorte de passer de la théorie à la pratique."
La nécessité de travailler, tous main dans la main mais aussi de permettre de libérer la parole et d’assurer un suivi strict pour les auteurs de ces actes, a été l’un des fils conducteurs du débat. Peu à peu, cette lutte s’intensifie. Elle devrait être suivie d’effets d’ici la journée nationale des droits de la femme, qui aura lieu le 25 novembre prochain…
 

Les spots