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Mois de janvier très sec en Corse : l'agriculture attend le retour d’une pluie nourricière


Pierre-Manuel Pescetti le Dimanche 20 Février 2022 à 19:09

Avec seulement 27 millimètres de précipitations tombées, le mois de janvier a été très sec en Corse. Des données à relativiser selon Météo France, vu l’importance des pluies à la fin de l’automne 2021 et les prévisions futures. Côté agriculture, pas d’inquiétude majeure à avoir mais les professionnels du secteur restent vigilants et espèrent le retour d’une pluie nourricière dans les prochains jours pour éviter de puiser dans les stocks avant l’été.



Image d'illustration. Crédits Photo : Pixabay
Image d'illustration. Crédits Photo : Pixabay
Le record date de janvier 1993. Il était alors tombé 4 millimètres de pluie sur l’ensemble de la Corse pendant le mois de janvier. Celui de l’année 2022 n’a pas à rougir. Il enregistre 27 millimètres de précipitations en moyenne sur l’île contre 165 millimètres en 2021. « Avec des disparités entre le littoral où il est tombé 20 millimètres de pluie contre 40 sur les reliefs », constate le directeur du centre Météo France d’Ajaccio, Patrick Rébillout.

Certaines régions ont été mieux loties que d’autres. « Le massif de Tenda et le golfe de Saint-Florent sont un peu au-dessus de cette moyenne », précise Patrick Rébillout, avant d’ajouter que, « le mois a été très sec sur le littoral, notamment en plaine orientale ». Région majeure pour l’agriculture insulaire.

Constat partagé par les équipes de la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse pour qui toutefois, « il n’y a pas d’inquiétude particulière à avoir pour l’instant ». Si le mois de janvier a été très sec, l’automne a apporté son lot de pluies. Indispensable pour recharger les stocks d’eau. « Il est tombé 439 millimètres d’eau depuis septembre qui marque le début de la saison de recharge se finissant en mars. Nous sommes à environ 80 % du cumul attendu grâce aux nombreuses précipitations de novembre », rassure Patrick Rébillout.


L'agriculture en état de veille

Si la sécheresse météorologique est présente, en raison de l’absence de pluie, la sécheresse agricole, qui résulte de l’absence d’eau dans les sols, reste « modérée » selon le météorologue. Côté agriculture, Djavan Daoût, conseiller en irrigation à la chambre d’agriculture de Haute-Corse se veut rassurant : « en surface les sols commencent à être secs mais pas en dessous. On s’approche des niveaux d’humidité que l’on retrouve en mars-avril ». Grâce à un réseau de sondes, il peut suivre l’évolution de la sécheresse agricole.

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Pour le moment, « les agriculteurs n’ont pas trop été impactés, certains ont mis quelques coups d’irrigation par sécurité pour leurs agrumes », poursuit Djavan Daoût.

La peur d’une vague de froid comme en 2021

D’habitude, les premières irrigations se font fin avril, voir début juin pour les agrumes. Le problème est que cela puise dans les réserves d’eau, « et le faire maintenant va être dangereux pour la suite si tout le monde s'y met », indique le conseiller en irrigation. D’autant que cet apport en eau, combiné à un taux d’ensoleillement supérieur à la moyenne peut engendrer une floraison précoce. Avec pour risque principal d’être mise à mal, voire ruinée si une vague de froid venait à arriver au printemps comme cela avait été le cas en avril 2021.

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À quelques mois de l’été, l’enjeu est aujourd’hui de permettre aux stocks d’eau naturels et artificiels d’atteindre un niveau optimal. Et pour cela, mieux vaut éviter de puiser dans les stocks tout en comptant sur de prochaines précipitations. « Nous sommes totalement tributaires de la météo », constate Djavan Daoût. Une météo de plus en plus capricieuse, caractérisée par de rares pluies mais d’une intensité relevée. « Quand il pleut trop d’un coup, l’eau n’a pas le temps de pénétrer dans les sols. Avec les agriculteurs, nous mettons en place des ouvrages comme des circuits qui serpentent entre les plantations pour réduire la vitesse de fuite de l’eau et lui laisser le temps de pénétrer dans le sol », précise Djavan Daoût.

Seul espoir pour ne pas se retrouver en alerte cet été, comme en 2021, que la pluie tombe raisonnablement dans les mois à venir. « Ça n’a pas l’air très bien engagé », prévient Patrick Rébillout.