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Jacques Renucci lauréat du Prix du Livre de la Collectivité de Corse


le Samedi 2 Février 2019 à 18:44

Une distinction qui consacre un riche parcours littéraire au service de la poésie



Jacques Renucci lauréat du Prix du Livre de la Collectivité de Corse
Le prix des lecteurs de la collectivité de Corse, catégorie ouvrages en langue française 2017, a été décerné à notre collaborateur Jacques Renucci, une distinction attribuée à la quasi unanimité du jury.
Tout en exerçant une longue carrière de journaliste de terrain - son premier livre politique « Libertà, entretiens avec Jean-Guy Talamoni » date de 2004 - et d'éditorialiste, au cours de laquelle il a suivi l'actualité souvent tragique de la Corse et rendu compte des grands procès qui ont marqué l'histoire récente de l'île, Jacques Renucci – comme sur un autre versant de la vie - mène de front une recherche poétique austère et exigeante, « cherchant à extraire de l'expression commune ce qu'il possède de spécifique », une recherche qui a d'emblée trouvé sa place au sein de la production insulaire et a connu un écho bien au-delà.
Avec Rencontre et L'avant-pays (Éditions Piazzola), un travail mené avec le plasticien Toussaint Mufraggi, il pose les jalons d'une recherche - « là où se joue un combat entre les mythes architecturaux du texte et l'idéal du moi » - une recherche où l'île apparaît comme élément principal d'inspiration, un lieu dont le relief s'enrichit de l'immensité marine qui l'entoure. Jacques Renucci se revendique résolument méditerranéen, avec un lyrisme où raffinement et violence se complètent, dans l'harmonie d'un ancrage culturel qui sans cesse glorifie ses sources.  

 

Une « poétique du lieu »
«L'inspiration, quoi qu'on en pense parfois, ne vagabonde jamais. Elle revient toujours à sa motivation initiale jusqu'à en épuiser le thème, inlassablement progressif et répétitif » , écrit-il.  
Mémorial, suivi de Carnet d'attente (Éditions Clémentine), puis Jardin mineur (Éditions Colonna), ce dernier ouvrage ayant eu les faveurs du jury, creusent encore cette veine où la mémoire individuelle le dispute à la mémoire collective, où le rappel de l'enfance, la nature et la mort omniprésentes imposent une identité plurielle qui, dans Autre jardin (à paraître en mars 2019) met à nu ses bonheurs et ses contradictions.  
. Invité par la chaire Paul-Valéry de l'université de Corse à prendre la parole au Palais des Gouverneurs de Bastia en octobre 2018 pour évoquer son travail d'écriture, Jacques Renucci a évoqué sa conception de la poétique du lieu : « Napoléon professait que la guerre nourrit la guerre. Pour moi, la poésie nourrit la poésie. Quand on s'installe face à la feuille blanche, on n'est jamais seul. On ne met pas de manchettes de dentelle avant de commencer, comme Buffon, mais on se sait porté, plein de ceux qui nous ont précédés et qui ont préparé le terrain, à jamais fertile. Virgile trouvait le miel corse amer, comme Simone de Beauvoir, bien plus tard, disait que l'huile corse avait un goût de boue, mais nous en faisons substances poétiques car appartenant à un endroit bien circonscrit, le nôtre. Aux prises avec l'exiguïté de cette aire, tout poète insulaire est contraint de transformer le temps en espace pour l'agrandir, d'où de constantes références au passé qui ne sont ni rhétoriques, ni nostalgiques, mais ressortent de la nécessité. »