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De la prison avec sursis et une amende pour Joseph Colombani et Philippe Flori


Livia Santana le Mardi 3 Décembre 2019 à 16:46

Ce mardi 3 décembre, le tribunal correctionnel de Bastia a condamné le président de la chambre d'Agriculture de Haute-Corse, Joseph Colombani à six mois de prison avec sursis et 1500 euros d'amende pour avoir dégradé en octobre dernier le bureau du directeur de la DDTM. Le jeune agriculteur qui l'accompagnait, Philippe Flori a quant à lui écopé de deux mois avec sursis, mise à l'épreuve et 500 euros d'amende.



Philippe Flori et Joseph Colombani au tribunal de Bastia
Philippe Flori et Joseph Colombani au tribunal de Bastia
Ce mardi 3 décembre, Joseph Colombani, président de la chambre d’Agriculture de Haute-Corse et Philippe Flori, tous deux vêtus de noir, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bastia pour des faits remontant au 21 octobre 2019.  
Joseph Colombani s'était rendu dans le bureau de Laurent Boulet, directeur de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la Mer) à Bastia, où il détruit avec un extincteur deux bureaux, des chaises ainsi qu'un ordinateur et un téléphone. Philippe Flori était quant à lui sur les lieux et a bloqué l'entrée du bureau, il explique à la barre .
"Les aides de mon père n'arrivaient pas alors je me suis rendu à la DDTM en espérant voir le directeur. Quand je suis arrivée, le président était là, alors je me suis mis devant la porte pour que les gens ne viennent pas pour pas qu'ils soient choqués." 

La défense du monde agricole 
Ces faits sont intervenus dans un contexte de crise agricole très tendu. Les agriculteurs ont été soumis à des contrôles massifs de leurs exploitations et nombreux sont ceux qui ont vu leurs aides de la PAC diminuer.
A la barre, Joseph Colombani a rappelé le contexte de son acte "Nous avons fait face à des contrôles catastrophiques pour l'économie rurale et nos agriculteurs."
Le président de la chambre d'Agriculture de Haute-Corse et président de la FDSEA,  a souligné à de nombreuses reprises son intention de "faire une action coup d'éclat."
Il expliquera d'ailleurs. "C'était mon dernier recours, à un moment il a fallu que je dénonce et je l'ai fait entendre d'une manière forte. C'est un acte syndical, je reconnais que ce n'est pas normal mais j'étais obligé sinon cela aurait sûrement été un agriculteur en détresse qui aurait fait certainement pire."   


"On est au bout du mur, si on tombe on est mort" 
Alors que son aîné se défend à la barre, le jeune agriculteur écoute tête baissée. Lorsque la présidente du tribunal l'interroge sur ses motivations à se joindre à l'acte de Joseph Colombani, il répond : "J'ai un troupeau de 200 bovins et des emprunts pour mes terrains. Les aides de la PAC sont très importantes pour nous les agriculteurs. On est au bout du mur si on tombe on est morts alors je me suis mis devant la porte." 

Des peines avec sursis 
La substitut de la procureure de la République, Stéphanie Pradel, pour qui la "violence ne peut être en aucun cas admissible" avait demandé une peine de 4 mois d’emprisonnement et 800€ d’amende pour Joseph Colombani  et 2 mois d’emprisonnement accompagnés d’une amende de 200€ pour Philippe Flori.
Des peines "disproportionnées" selon maître Vaccarezza, avocat du jeune agriculteur, en réponse au réquisitoire qui estimait "qu'un tel acte était passible de 7 ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende". 


Joseph Colombani, qui a l'audience a dit son "grand respect pour le fonctionnaire  pour ce qu'il a fait dans ce dossier", sera finalement condamné à six mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende. Le jeune agriculteur a écopé de deux mois avec sursis, mise à l'épreuve et 500 euros d'amende.

Joseph Colombani et son avocat maître Genuini, se sont exprimés après le jugement. 


Jean-Guy Talamoni était venu soutenir Joseph Colombani au tribunal de Bastia
Jean-Guy Talamoni était venu soutenir Joseph Colombani au tribunal de Bastia