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Glyphosate : Monsanto condamné à payer 289 millions $ à un jardinier américain


Nicole Mari le Samedi 11 Août 2018 à 22:33

Le géant américain de l’agrochimie, Monsanto, vient d’être condamné par un tribunal de Californie à verser une amende de 289,2 millions de dollars (248 millions d’euros) à un jardinier américain, Dewayne Johnson, atteint d’un cancer. Le jardinier accuse la firme d’avoir caché la dangerosité de son herbicide Roundup. Ce verdict est une victoire pour les anti-glyphosate d’autant que cette plainte n’est que la première des 4000 procédures engagées contre Monsanto aux Etats-Unis. Ce dernier a fait appel du jugement.



Glyphosate : Monsanto condamné à payer 289 millions $ à un jardinier américain
C’est indéniablement une victoire historique pour les adversaires du glyphosate, le désherbant le plus utilisé au monde. Le 10 août, le tribunal de San Francisco a condamné la firme Monsanto à payer 289,2 millions de dollars de dommages et intérêts à Dewayne Johnson, un jardinier de 46 ans, père de deux enfants, atteint d’un lymphome non hodgkinien en phase terminale, c’est-à-dire d’un cancer incurable du système lymphatique. Les médecins lui donnent moins de deux ans à vivre. Une maladie que Dewayne Johnson attribue à une utilisation régulière d’herbicides de la marque Monsanto : Roundup et sa version professionnelle Ranger Pro. Il accuse le géant agrochimique d’avoir caché la dangerosité de ses deux produits. Les jurés californiens lui ont donné raison. Ils ont jugé que les deux produits constitués de glyphosate n’étaient pas « aussi sûrs que les utilisateurs étaient en droit de l’attendre » et qu’ils étaient « un facteur substantiel » qui avait « considérablement » contribué à la maladie du plaignant. Ils ont estimé que les risques posés par ces produits « étaient connus par la communauté scientifique au moment de leur fabrication, de leur distribution et de leur vente » et qu’en n’informant pas ses clients, Monsanto avait agi avec « malveillance ».
 
Plus de 4000 procédures
Le géant agrochimique a immédiatement réagi et annoncé, dans un communiqué, son intention de faire appel du jugement. « Nous exprimons notre sympathie à Dewayne Johnson et à sa famille. La décision d'aujourd'hui ne change pas le fait que 800 études scientifiques et les conclusions de l'Agence américaine de la protection de l'environnement (EPA), des instituts nationaux pour la santé et des autres autorités de régulation à travers le monde soutiennent que le glyphosate ne cause pas de cancer et n'a pas causé le cancer de Dewayne Johnson. Nous ferons appel de la décision et continuerons à défendre vigoureusement ce produit qui bénéficie de 40 ans d’utilisation sans danger et qui continue d’être un outil essentiel, efficace et sans danger pour les agriculteurs et autres usagers ». La firme, comme le groupe allemand pharmaceutique Bayer qui l’a rachetée en juin, martèle que « le glyphosate est sûr et non cancérigène ». Pourtant cet herbicide n’est pas seulement le plus utilisé au monde, mais aussi le plus contesté. Rien qu’aux Etats-Unis, plus de 4 000 procédures semblables sont déjà engagées.
 
Probablement cancérigène 
Depuis le 20 mars 2015, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme « probablement cancérigène ». Des études évoquent également des risques de lymphomes (cancer du sang) et des impacts négatifs sur les organes de détoxification de l'organisme, le foie et les reins, et sur le système hormonal. Or, plus de 800 000 tonnes continuent d’être épandues chaque année par les agriculteurs du monde entier pour nettoyer les champs ou faire sécher les plantes, dont 8 000 tonnes en France où des procédures judiciaires sont en cours. Longtemps exclusivement produit par la firme Monsanto, le brevet du glyphosate est passé dans le domaine public en 2000, d'autres entreprises le produisent désormais. Après deux ans de polémiques, l’Union européenne a décidé, en novembre 2017, de renouveler pour 5 ans la licence du glyphosate en s’appuyant sur le feu vert donné par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) qui n’ont pas classé l’herbicide comme cancérigène. Des agences suspectées de fraude et attaquées en justice par des ONG. En France, en mai dernier, le gouvernement, qui a reculé sur le sujet en dépit des promesses présidentielles, a assuré que le glyphosate serait « interdit sans ses principaux usages d’ici à 2021 » et « pour tous les usages d’ici à cinq ans ». En juin, une enquête préliminaire a été ouverte, suite à la découverte de glyphosate dans du miel et la plainte d’un syndicat apicole. D’autres procédures et interdictions sont en cours dans de nombreux pays du monde, notamment en Amérique du Sud.
 
N.M.