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La CPME Corsica au préfet de Corse : "qu'un autre reconfinement de la Corse ne se reproduise pas…"


La rédaction le Lundi 1 Février 2021 à 11:02

Dans un courrier signé par Jean-André Miniconi, président régional et Philippe Pasqualini, vice-président et adressé au préfet de Corse, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) de l'île demande "qu'un autre reconfinement de la Corse ne se reproduise pas tant que notre région n'a pas atteint les seuils sanitaires qui motivent le reconfinement de la région PACA voisine". Le courrier de la CPME



La CPME Corsica au préfet de Corse : "qu'un autre reconfinement de la Corse ne se reproduise pas…"
Monsieur le Préfet,
Nous revenons vers vous à la suite de la réunion du 22/01/2021 consacrée à la situation économique de la Corse, en rapport avec les conséquences sanitaires de la COVID.
Il est apparu que la Corse présente en effet la particularité d'être affectée plus que les autres régions sur le plan économique, alors que la situation sanitaire semble meilleure que sur le reste du territoire.Les derniers chiffres de l'lnsee confirment ce constat. Rappelons simplement les plus significatifs.
Les dettes nées du PGE avoisinent le milliard d'euros, les reports des charges sociales aussi bien pour les entreprises que pour les travailleurs individuels s'élèvent à 140 millions d'euros. La Corse comparativement à la moyenne nationale a été plus aidée, parce que justement par ses spécificités, elle était plus impactée par la crise.
Le secteur touristique qui représente généralement plus de 30% du PIB a été durement touché et n'a pas pu jouer son rôle moteur habituel dans la création de richesses. Un seul chiffre illustre la médiocre saison touristique : la baisse de près de 50% des passagers transportés dans le domaine aérien.


Les premiers effets sur l'emploi sont visibles.Le taux de chômage s'élève au 3ème trimestre 2020 à 9,2% contre 9% pour l'ensemble du territoire (source lnsee : Tableau de bord conjoncture du 31/12/2020). L'augmentation sur 12 mois glissants est beaucoup plus rapide (+1,2% contre 0,6%). La population de demandeurs d'emplois augmente de 3 120 personnes sur un an pour s'établir à 24 290 personnes à fin septembre. Là aussi, la progression annuelle est beaucoup plus rapide, +14,7% pour la Corse contre +4,4% pour le territoire national.


Les demandes d'inscription au RSA suivent également la même tendance. Une étude de la DREES (numéro 1175 de décembre 2020) nous apprend qu’à fin octobre 2020 le nombre d'allocataires du RSA avait augmenté de 8,5% sur un an pour l'ensemble des régions alors pendant le même temps la progression était de 18,6% en Corse du Sud et de 11,6% en Haute Corse.


En conclusion, malgré les aides massives du gouvernement, on constate en Corse, dans le même temps, un recours plus important aux prestations sociales et une dégradation plus rapide du marché de l'emploi.Par ailleurs, la représentante de l'ARS, présente lors de cette réunion, nous a dressé un tableau sombre des prochaines semaines, tout en reconnaissant que les indicateurs épidémiologiques de la Corse étaient actuellement nettement meilleurs que la moyenne nationale.Durant le premier trimestre, le secteur touristique est en basse saison, et l'activité économique est traditionnellement faible. Les vacances de Février sont usuellement la période où l'lle se vide de ses jeunes actifs qui partent en vacances. Ces départs sont compromis cette année, et nous souhaitons que l'économie Corse puisse profiter de son marché intérieur en la matière, sans sabotage sanitaire inapproprié.En effet, à l'heure où un reconfinement total ou partiel de l'Hexagone se précise, nous tenons à vous rappeler que la Corse a les meilleurs indicateurs sanitaires du territoire avec la Bretagne (hors DOM-TOM) pour la semaine du 21 au 26 janvier 2021 (sources Géodes).-


Le taux d'incidence en Corse est de 120,1 pour 100 000 habitants, contre 375,1 pour la région PACA, 214,5 pour l'Occitanie et 99,1 pour la Bretagne. Le taux d'incidence moyen du territoire français est de 211,4 pour 100 000 habitants soit 1,75 fois plus que le taux en Corse.- Le taux de positivité pour la Corse au 26/01 s'élève à 3,00% contre 7,1% pour la région PACA, 6,4% pour l’Occitanie et 3,8% pour la Bretagne. La moyenne nationale s'établit à 6,6% soit plus du double du taux de positivité corse.D'autre part, 6 personnes étaient hospitalisées en réanimation en Corse au 29 janvier.
On peut rapprocher ces chiffres de la Réunion et de la Guadeloupe qui comptaient respectivement 3 et 4 hospitalisations.Nous pensons que la France ne serait pas sous le coup d'un reconfinement si les indicateurs sanitaires étaient ceux de la Corse actuellement, et nous aurions du mal à admettre que notre Région, qui a actuellement en place un contrôle sanitaire des arrivants, soit soumise sans raison valable aux mêmes traitements.


Par conséquent, nous demandons qu'un autre reconfinement de la Corse ne se reproduise pas tant que notre région n'a pas atteint les seuils sanitaires qui motivent le reconfinement de la région PACA voisine, et nous vous demandons, pour cette période, de bien vouloir intensifier les contrôles des arrivants. La spécificité géographique de la Corse pourrait s’avérer ainsi précieuse pour gérer efficacement les flux des entrants et il serait dommage de notre point de vue de s’en priver.  


 Parallèlement à la continuation de l’obligation de présenter un test COVID négatif pour les voyageurs arrivant en Corse et au renforcement des contrôles, nous vous demandons d’alléger les contraintes qui pèsent sur les loisirs de plein air, ou ceux relatifs aux horaires d'ouverture des commerces.En ce sens, une autorisation de mise en service des remonte-pentes de nos 3 stations de ski serait justifiée, ainsi que la possibilité pour les hôtels ouverts à l'année de pouvoir servir un diner à leurs rares clients.Si toutefois la situation sanitaire venait à se dégrader et rapprochait les indicateurs locaux au niveau de PACA, nous comprendrions que des mesures sanitaires de même type soient prises.Nous vous remercions donc de bien vouloir intercéder en notre faveur en ce sens auprès du Gouvernement, afin de sauver une partie du peu d'économie qui nous reste.