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Spectacle : dans les coulisses de « Sintinelli »


Laurent Hérin le Lundi 28 Septembre 2020 à 15:28

En résidence pendant dix jours, l’équipe du spectacle « Sintinelli » nous a reçu au Théâtre Municipal. Ce projet pluri-culturel original est porté par Laurent Simonpoli, Armand Luciani et Frédéric Antonpietri. Sur scène, une troupe d’acteurs, de musiciens, de chanteurs et de techniciens particulièrement impliqués. Prévu en mars dernier, il a été repoussé pour cause de crise sanitaire. La grande première tant attendue se joue ce jeudi 1er octobre à 20h30 au Théâtre de Bastia.



Laurent Simonpoli dirige son équipe sous le regard de Jean-Claude Acquaviva ©LH
Laurent Simonpoli dirige son équipe sous le regard de Jean-Claude Acquaviva ©LH
« Au bout de mes rêves »
C’est Laurent Simponpoli qui nous reçoit au Théâtre de Bastia, véritable maître-d’œuvre de ce spectacle, il insiste sur l’aspect collectif du projet. « Oui, l’idée de départ, c’est un scénario que j’ai écrit il y a plus de 10 ans, précise-t-il. J’avais évidemment envie de le porter à l’écran mais le projet n’a pas abouti. Je voulais raconter quelque chose sur ici, sur mon île, sur ce que je connais. Quand on regarde en arrière, c'est fou ce que la Corse a vécu en 40 ans. J'ai alors eu envie que ça existe, d’une façon ou d’une autre. Après avoir organisé avec Frédérique Balbinot la soirée d’inauguration de l’Alb’oru, des liens se sont créés avec Bastia Cultura. J’ai senti l’envie de la ville de porter un projet insulaire de cette envergure. Je ne pouvais pas imaginer cette “fresque” historique comme une simple pièce, je voulais un spectacle capable de mêler du théâtre, de la musique, des chants et des images. J’ai proposé à Armand [Luciani] et Tonton [Frédéric Antonpietri] de se lancer dans l’aventure avec moi. Ils ont tout de suite adhéré tout comme les acteurs, les actrices, les chanteurs et les musiciens… C’est fou, tout le monde a dit : oui ! Le projet a commencé à voir le jour… »


« C'est ta chance »
La pièce, programmée dans le cadre de Spettaculu Vivu, au 27 mars dernier (lire ici) a été annulée pour cause de COVID-19. « Ça nous est tombé dessus, confirme Laurent, on devait commencer la résidence le 16 mars. Alors bien sûr on a eu peur, on a douté mais dès la fin du confinement, on s’est dit : on va la jouer ! Devant une moitié de salle s’il le faut, mais on va la jouer. Ce projet tenait à cœur à tout le groupe. » D’ailleurs, malgré des emplois du temps chargés, tout le monde a répondu présent et la résidence a enfin pu se faire. Pas facile quand on voit le nombre de comédien.ne.s et musicien.ne.s impliquées dans le projet. Seul manquera à l’appel Nathanaël Maïni, retenu à l’étranger. « J’ai rapidement pensé à Gray Orsatelli pour le remplacer, nous dit Laurent. Ce n'est pas évident pour lui, il sortait de César Vezzani qui est un gros spectacle. Il a joué jeudi et vendredi soir au Théâtre. Lundi matin il était avec nous et il connaissait déjà son texte ! » Si Laurent loue l’implication et l’investissement de tous, il insiste aussi sur le rôle des techniciens du théâtre : « Leur implication est énorme. C’est un spectacle qui demande beaucoup de technique au niveau son, image et éclairage. Ils gèrent ça avec talent, ils sont à l’écoute. Sans eux, pas de spectacle. »

 
« Quand la musique est bonne »
Frédéric Antonpietri – Tonton pour les intimes – nous reçoit dans sa loge. Un endroit à l'écart de la scène qui lui permet de travailler en petit groupe sur la partie musicale : « Dès le premier contact avec Laurent, j’ai senti l’ambition du projet et j’ai eu envie d’en être. Ça me faisait penser à une comédie musicale… sans en être une [rires]. Je me suis immédiatement posé la question : comment inclure la musique ? Au final, j’ai eu l’impression de composer une bande originale. Il y a plus de 35 interventions dans la pièce avec des créations, des standards de la chanson corse et internationale réarrangé et musclé ! Imaginez Dire Strait traduit en Corse et chanté en polyphonie. »
Tonton a su s'entourer : « Et cette équipe ! Quel plaisir de travailler avec A Filetta, avec Patrizia, Francine ou encore Doria. C’est du bonheur. Après, quand tu fais appel à tes potes dont tu connais tout le talent, ça facilite les choses. Paul Cesari, Jean-Marie Giannelli, Michè Dominici et Nicolas Torracinta ont rejoint l'aventure. Le travail est énorme, il fallait des gens qui me comprennent. Et par exemple, avec A Filetta, même si on se connaît, c’est notre première collaboration Ils ont joué le jeu à 100%, et, en même temps, on sent qu’ils s’amusent, qu’ils prennent du plaisir. »
Comme Laurent quelques minutes plus tôt, Tonton nous confirme : « L’équipe technique du Théâtre ? C’est le 12e homme ! Quand je vois ce qu’on leur fait faire avec le son et la musique : ça rentre, ça sort, ça crie, ça parle, ça chuchote, ça stop, ça reprend… Ils suivent, ils sont partie intégrante du projet. » Il poursuit : « Chacun dans notre domaine, ça fonctionne. Laurent pour la direction et la mise en scène. Armand avec les visuels et nous avec la musique. Mais jeudi, il va falloir réunir les trois et que ça “matche” ! La fusion des trois, c’est indispensable. Ça doit être cohérent pour le public. Les premiers filages vont vite nous renseigner…»

 
« Entre gris clair et gris foncé »
C’est ensuite Armand Luciani que l’on rejoint derrière les consoles, au fond de la salle, d’où il observe les répétitions. C’est avec humilité qu’il parle de son apport au spectacle : « J’ai surtout effectué un gros travail d’archives. Dès que Laurent m’a associé au projet, j’ai vite compris qu’il nous faudrait de la matière, beaucoup. Des images, des vidéos sur ces trente ou quarante dernières années. Le tout dans des formats différents : photos, articles, vidéos, etc. Laurent avait beaucoup de documents et j’ai moi-même utilisé des films de famille » explique-t-il alors que défile sur l’écran un film Super 8 avec son grand-père à la pêche. « J'ai numérisé le tout pour les rassembler au même format et pouvoir les utiliser sur scène. J’ai crée mes séquences, chaque enchainement pour être prêt le jour J. Depuis le temps que l’on travaille dessus, j'ai vraiment hâte de voir le résultat en condition réelle, sur scène. »
Une impatience partagée par des spectateurs qui devraient venir nombreux, ce jeudi au Théâtre, découvrir ce projet ambitieux.

Sintinelli

Jeudi 1er Octobre – 20h30 au Théâtre Municipal de Bastia
 
Le pitch : Janvier 1980. Les événements tragiques de Bastelica-Fesch scellent les convictions politiques de Paul, Mathieu et Pierre et les conduisent à rejoindre René au sein de l’organisation clandestine nationaliste. Cet engagement militaire et militant transformera leur existence et aura de lourdes conséquences sur le destin de leurs proches. Sur scène, se jouent la vie de ce groupe et celle de leur famille pendant 40 ans, ils sont témoins et acteurs de l’histoire contemporaine de la Corse. Une fiction qui parle d’espoir, de rêves, d’amitié, d’amour, de violence, de transmission...et qui chante. Une saga familiale passionnante qui raconte le destin d’hommes et de femmes qui, dans les victoires ou les échecs, ont toujours su que leur histoire ne peut se dérouler ailleurs que sur cette terre.
 
Mise en scène et dramaturgie: Laurent Simonpoli
Direction musicale: Frédéric Antonpietri
Direction artistique / Scénographie / Vidéos: Armand Luciani

Musiciens: Frédéric Antonpietri, Paul Cesari, Jean-Marie Giannelli, Nicolas Torracinta et Michè Dominici

Avec : Cédric Appietto, Antoine Albertini, Jean-Claude Acquaviva, Patrizia Gattaceca, Francine Massiani, Gray Orsatelli, Doria Ousset, Christian Ruspini, Jean-Emmanuel Pagni et le groupe A Filetta : François Aragni, Petru Antò Casta, Jean-Do Bianco, Maxime Vuillamier et Paul Giansily