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Visite de Gérald Darmanin en Corse : les réactions des maires


La rédaction le Mercredi 13 Septembre 2023 à 21:36

Le ministre de l'Intérieur est arrivé ce mercredi pour deux jours à Ajaccio. Sept mois après sa dernière visite, Gérald Darmanin s'est entretenu avec le président de l'exécutif corse, Gilles Simeoni avant de participer à l'assemblée générale des maires de l'île au cours de laquelle il a annoncé la venue d'Emmanuel Macron. S'il reviendra au Président de la République de s'exprimer sur les "conclusions peut-être provisoires d'une année de discussions institutionnelles", Gérald Darmanin a précisé que l'évolution pourrait aller "jusqu'à la fabrication de la norme, ce que certains appellent autonomie". Mais il a également rappelé les deux lignes rouges : "la Corse dans la République et pas deux catégories de citoyens sur le territoire national mais entre ces deux lignes, il y a une immense possibilité".
Invitant les élus insulaires au pragmatisme politique, il a rappelé qu'un éventuel "compromis politique institutionnel" doit être adopté "par les 3/5e du Congrès".

A l'issue de la rencontre les maires ont jugé que le ministre de l’Intérieur avait été à l’écoute et ils sont globalement satisfaits des échanges. Leurs réactions



Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio

J'ai trouvé pour ma part ce débat très intéressant. Les maires ont posé beaucoup de questions diverses dans leur format, leur contenu et leur niveau d'exigences. Il a été question tout à la fois d'autonomie au plan des principes et de sujets pratico-pratiques: déchets, urbanisme, assainissement. On est là dans un miroir de ce que la Corse exprime au quotidien et donc, il y a incontestablement une bonne diversité et une qualité, me semble-t-il, qui sont au rendez-vous. Pour le reste, on attend maintenant la venue du Président de la République. Le ministre de l'Intérieur a clairement annoncé sa venue pour la fin du mois. On devrait à ce moment-là y voir beaucoup plus clair. Pour ma part, je demeure optimiste, même si beaucoup de travail reste à accomplir d'ici à la fin du mois, et surtout à partir du mois d'octobre, si les choses devaient continuer, notamment dans le sens de la révision constitutionnelle et, on l'espère tous, de la consultation des Corses. 

Certes, on a tous compris que délibération de l'Assemblée de Corse du 5 juillet dernier, même s'elle avait été d'une toute autre nature, ne pouvait pas être prise en compte à cent pour cent, mais je rappelle qu'elle est très majoritaire dans l'opinion et dans l'hémicycle,  qu'elle me paraît conforme, sans excès, à ce que la Corse exprime au plus profond d'elle-même depuis un demi-siècle et aussi que cette délibération est en thèse, non pas avec l'idéologie du moment, mais avec la volonté pragmatique de régler les problèmes. Donc, je crois que, pour toutes ces raisons, elle mérite d'être prise en compte au plus haut niveau possible. Mais, je l'ai également dit, la politique, c'est l'art du compromis.
Il faudra que l'on trouve le meilleur curseur possible pour en sortir, parce que je crois que la pire des réponses, ce sera le statu quo. 
 

 

Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio

J'ai été satisfait d'entendre le ministre de l'Intérieur nous dire qu’il préparait la venue du Président de la République pour qu'il y ait des annonces fortes qui soient faites. On a cru comprendre, en lisant entre les lignes, qui auraient des idées, des paroles fortes, notamment pour nous aider avec des moyens financiers supplémentaires - et on sait que la Corse a besoin de moyens financiers supplémentaires. On a bien compris qu’il y avait toujours la même volonté d'avancer sur les questions institutionnelles, en nous renvoyant un petit peu là la responsabilité aussi, on demande aux Corses de s'entendre sur un projet qui sera soumis au gouvernement. 
J'ai été heureux d'entendre, y compris pas mal de membres de la majorité territoriale ou même dans l'opposition, tels que Jean-Christophe Angelini, appelé à un compromis. Je pense que pour sortir par le haut de la situation qu'on connaît la Corse depuis cinquante ans, il faut un compromis, et un compromis historique, et je crois que c'est le moment de le faire. Et j'ai été particulièrement séduit par le discours du ministre de l'Intérieur qui, je crois, a placé la barre au bon niveau. 
On espère qu'enfin on arrivera à trouver ce point d'équilibre. Après, chacun s'exprimera démocratiquement puisque le peuple sera consulté. Mais j'espère que le Président de la République, dans le cadre du pacte girondin, dans le pacte de deux, deux de la parole qu'a donné Gérald Darmanin en disant qu'on pouvait aller jusqu'à l'autonomie. J'espère que le président Gilles Simeoni et le ministre de l'Intérieur trouveront ce point d'équilibre pour que le Président de la République ouvre de nouvelles perspectives pour la Corse.

Valérie Bozzi, maire de Grosseto-Prugna

Ravie de pouvoir participer à cet échange avec les maires, puisque nous sollicitions depuis longtemps que l'ensemble des maires soient entendus. Moi, j'ai la chance de participer, en tant qu'élu régional, aux déplacements et aux processus Beauvau, mais l'ensemble des maires ne peuvent pas porter leur voix. Donc, aujourd'hui, le ministre a entendu ces voix-là et je pense qu'il a été très attentif. Il a répondu d'ailleurs très spontanément, souvent à leurs questions. 

Nous attendons maintenant, bien sûr- même si on a pu entrevoir quelques grandes lignes dans son discours introductif- les propositions qui seront faites par le Président de la République à la fin du mois et, enfin, une nouvelle concertation, qui viendra clôturer cette concertation des maires, avec avec le ministre. 
Je pense que de discuter et d'échanger c'est toujours productif, même si c'est vrai qu’on entend parfois les mêmes discours, le ministre, lui, il a un regard neuf sur nos problématiques et c'est important de de lui répéter sans cesse ce que nous vivons au quotidien. 

Concernant les discussions sur l'autonomie, la venue du Président de la République est évidemment encourageante pour l'évolution du processus. Même si, comme ça a été rappelé  par le ministre, il faudra rassembler plus largement, ce qui veut dire qu’on ne peut plus rester comme ça a été le cas à la dernière session sur deux motions ...l'une contre l'autre. Aujourd'hui il faut trouver des voies de rapprochement sur ces deux motions, celle de la majorité et celle de l'opposition, car si chacun reste dans ses certitudes, les trois cinquièmes du parlement, on est sûr de ne pas les avoir. 
 

Jean Biancucci, maire de Cuttoli-Corticchiato

Je crois que c'était très intéressant. Le président Ciccolini a bien cadré cette réunion. Y a eu un échange finalement, chacun reste un peu sur ses positions, mais on ne pouvait pas attendre autre chose d'une réunion comme celle-ci. 
Les points de vue qui ont été développés, en général, ce sont des points de vue qui à la fois veulent un changement, mais dès que des limites. Chacun a mis des limites. Je pense qu’il y a aussi en filigrane la décision de l'assemblée de corse, cette fameuse délibération du 5 juillet qui pèse et qui sera la matrice des futurs échanges. 
Bien entendu, nous, les maires, on est assailli par le quotidien, mais il faut rappeler qu'il n'y a pas que le quotidien à régler. Il y a. aussi les relations avec l'État, il y a aussi les relations avec l'Europe, y a aussi à l'interne, en Corse des problèmes, liés notamment à aux interco. Donc, il faut, je pense, et le ministre en est d'accord, prendre le problème à bras le corps et puis ensuite trouver les moyens d'un accord dans lequel le plus grand nombre puisse se retrouver. 
Moi, je ne peux pas espérer mieux, dans la mesure où, aujourd'hui, au bout de cinquante ou soixante ans de lutte, on a peut-être la possibilité d'avoir une véritable autonomie. Alors nous serons là, nous serons vigilants, mais nous continuerons à apporter notre pierre à ce futur que la Corse attend.

Paul-Marie Bartoli,maire de Propriano

J'ai été agréablement surpris par la teneur du discours très pragmatique du ministre Darmanin. Je suis convaincu qu’il faut évidemment toiletter notre statut, mais on peut faire des choses à droit constitutionnel constant, rien n'est figé. 
Je pense que le principe de réalité va s'imposer à tout un chacun : au gouvernement à Paris, mais aussi aux élus de la Corse, que nous sommes dans notre diversité, aussi bien des élus territoriaux que les élus municipaux. 

À la question est-ce qu’on peut prendre comme base la délibération votée par l'assemblée de Corse le 5 juillet dernier? Je réponds catégoriquement non, ce n'est pas possible. Ils ont été trop, trop loin. Je ne veux pas voter la loi, je veux l'adapter. Ça tient une formule avec accessible et facile à comprendre. Je fais confiance aux uns et aux autres pour qu'on trouve un compromis. Que nous fassions pas un compromis aux rabais, mais un compromis qui permette de faire en sorte que la Corse ait les moyens pour réaliser des choses qui ne n'ont pas pu encore l'être. On a rattrapé une partie de notre retard au niveau structurel, il reste du chemin à parcourir et ce nouveau statut toiletté peut permettre d'y arriver. En tout cas, je forme le vœu que ça réussisse.