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VIDEO - La tempête du 18 août en Corse racontée par les services des douanes qui ont sauvé plusieurs vies


Philippe Jammes le Samedi 20 Août 2022 à 15:31

A l’instar des différents secours mobilisés ce jeudi 18 août, et alors que la tempête frappait de plein fouet notre île, les services des douanes ont eux aussi contribué à sauver des dizaines de vie.
Retour sur cet épisode dramatique avec l’équipage du patrouilleur Jean-François Deniau, présent au moment des faits à Calvi.



L'équipage du patrouilleur "Jean-François Deniau"
L'équipage du patrouilleur "Jean-François Deniau"
« Avant tout, l’équipage a une pensée particulière pour les victimes et leurs familles » déclare Joël Pigeon, le commandant du patrouilleur DFP3 Jean-François Deniau dont le port d’attache se situe à La Seyne sur mer dans le Var.

Alors que les vedettes des douanes d’Ajaccio et Bastia opéraient sur leurs zones ce jeudi, par chance, à Calvi était à quai depuis le mercredi soir le Jean François Deniau, 53 mètres, troisième grand patrouilleur garde-côtes des douanes françaises pour la zone maritime Méditerranée depuis 2015. « Nous étions en mission Action d’Etat à la mer qui consiste entre autres à la surveillance et protection des ports. A 8h30 ce jeudi nous étions à quai à Calvi quand nous avons vu arriver une énorme masse noire. On a été surpris par cette violence des éléments. La pluie s’est mise à tomber puis le vent a déferlé sur le port. 200 km/h nous a-t ’on dit par la suite. Pour nous c’était quelque chose d’inédit ».

De nombreux secours
Tout en assurant la sécurité de leur propre embarcation chahutée dans le port, l’équipage décide alors de porter secours aux plaisanciers du port en grande difficulté. « A ce moment-là nous n’avions plus de communication radio, tout était coupé, impossible de joindre qui que ce soit. On a donc agi spontanément, sur notre propre initiative et malgré la tempête avons mis notre annexe à l’eau. On se devait d’aller porter secours aux plaisanciers dans le port mais aussi en rade. Alors que l’annexe patrouillait, on a reçu un mayday d’un catamaran qui dérivait. Mais la personne ne parvenait pas à nous donner sa position. On l’a finalement repéré derrière des rochers et on a guidé notre annexe dessus »

L’équipe de l’annexe portera secours ensuite à une deuxième embarcation.
« Après avoir ramené au port le catamaran en perdition et ses deux passagers, on a répondu à un autre appel de détresse » explique Lyonnel Charton, chef d’embarcation, sur l’annexe à ce moment-là. « On a pu là aussi mettre en sécurité les plaisanciers au port et on s’est assuré que les bateaux dans le port n’étaient pas en danger. Là-dessus on est parti au NE de la Rade où se trouvaient une dizaine de bateaux en difficulté et un grand nombre de personnes réfugiées sur les rochers. Beaucoup étaient en état de choc mais notre présence les a rassurées. Via notre bateau amiral et le sémaphore de l’Ile Rousse on a pu donner les coordonnées GPS aux pompiers qui eux ne pouvaient pas les voir de la terre. Ensuite on a mis notre plongeur à l’eau »

"Je n’avais jamais connu de telles conditions météorologiques"
François Amiot, plongeur sauveteur et hyperbare à bord du Jean-François Deniau n’avait jamais connu de telles conditions : « Je n’avais jamais connu de telles conditions météorologiques, c’était exceptionnel. Dès que j’ai reçu l’autorisation de me mettre à l’eau j’ai nagé jusqu’aux rochers. Des bateaux étaient sur le fond et avec l’aide des pompiers qui nous avaient rejoints sur les lieux on a évacué les gens qui étaient encore à bord des embarcations. Tout cela était très dangereux car les bateaux se touchaient et on pouvait se retrouver coincer entre deux en raison de la forte houle. Il faut souligner aussi l’aide reçue des moyens aériens »
Aussi bien Joël Pigeon, pourtant un Breton, que François Amiot où les 15 autres membres de l’équipage se disent surpris par la violence de la tempête : « J’ai déjà connu des situations orageuses en Corse, mais d’une telle ampleur, jamais » souligne encore Lyonnel Charton


Le patrouiller reste en mission pour quelques jours en Corse
« Ce que je retiens aussi c’est cette réactivité qu’il y a eu à Calvi » revient Joël Pigeon « Tout le monde a fait preuve d’une énorme solidarité : Personnel de la capitainerie du port, pompiers, plaisanciers entre eux, SNSM qui pourtant ne disposait pas de tous ses bénévoles car des routes étaient coupées ».
Aujourd’hui, alors que le calme est revenu, le « Jean-François Deniau » qui a rallié Bastia, reste en mission pour quelques jours en Corse. « En soutien à la vedette de Bastia on va continuer à patrouiller à la recherche d’éventuelles épaves dans le nord de l’île ».

Ensuite, les 17 membres d’équipage du patrouilleur regagneront leur base du Var pour un repos bien mérité et avant qu’un autre des 3 équipages ne reprenne la mer pour d’autres missions. En septembre et octobre 2019, le Jean-François Deniau avait été engagé dans une opération de surveillance en mer au sud de l’Espagne, pour le compte de l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes « Frontex ». En 1000 heures de patrouille en mer, de jour comme de nuit, les douaniers ont secouru 835 personnes, : 552 hommes, 126 femmes et 157 enfants.
En mai de cette même année lors d’une mission de surveillance maritime au sud de la Méditerranée, en coordination avec la marine nationale, un navire de trafiquants de produits stupéfiants avait été intercepté en haute mer, au large des côtes algériennes. 232 ballots de 32 kg de résine de cannabis, soit 7,4 tonnes de produits stupéfiants, d’une valeur de 52 millions d’euros avaient été saisies. Enfin, parmi autres missions, le «Jean-François Deniau» avait effectué une mission de deux mois à Chios en Grèce, fin 2018 pour le compte de l’Agence européenne de garde-frontières et garde-côtes «Frontex». Au cours de cette mission, les marins des douanes avaient porté assistance à 283 personnes : 158 hommes, 45 femmes, 77 enfants et 3 bébés.