
Le Pape François en visite historique en Corse, le 15 décembre 2024, devant la cathédrale Notre Dame de l’Assomption d’Aiacciu, entouré du cardinal Bustillo, évêque de Corse, du vicaire général, Frédéric Constant, des représentants politiques de la ville et de la région, dont le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni. Photo Paule Santoni.
« Extraordinaire ». « Historique ». « Magnifique ». « Grandiose ». Les mots manquent aux Corses pour qualifier l’émotion, la ferveur, la joie et la fierté qu’ils ont vécues et ressenties lors de la visite du Pape François sur leur île, ce 15 décembre 2024. Une journée d’une intensité exceptionnelle qui restera à jamais gravée dans la mémoire et les cœurs insulaires. Qu’ils aient fait le déplacement par milliers en train, en voiture ou en bateau jusqu’à Aiacciu, ou qu’ils aient suivi l’évènement sur les places des villes ou villages par écrans interposés ou encore chez eux devant leur télévision, les Corses ont communié ensemble, unis dans un même élan qui a transcendé toutes les générations. Et une ville en liesse qui, comme le reste de la Corse, n’a jamais connu quelque chose de semblable dans son histoire. Il est vrai que c’est la première fois depuis le VIIIème siècle, date à laquelle l’île est devenue un Etat pontifical, qu’un souverain pontife foule la terre corse. Pas une fois pendant les dix siècles qu’a duré cette appartenance au Vatican, ni pendant les siècles qui lui ont succédé où, malgré le transfert sous souveraineté française, les liens avec Rome sont restés forts, il n’a jamais été question d’une telle visite, alors même que l’île appartient toujours au Patrimonium Sancti Petri, le patrimoine de Saint Pierre. C’est dire si le choix du Pape François de se rendre en Corse, le 15 décembre, plutôt qu’à Paris, le 8 décembre, pour la réouverture de Notre Dame, est en soi un évènement extraordinaire, c’est-à-dire stricto sensu, un évènement imprévisible qui se situe en dehors du cours ordinaire des choses, en dehors des règles prévues. Personne n’aurait même osé y songer ! Et tout dans cette visite papale a été hors normes !
Un défi organisationnel
Hors normes, d’abord, le temps imparti pour préparer un tel évènement : trois petites semaines. Même si les rumeurs d’une possible venue du Souverain Pontife ont commencé à courir depuis deux mois, le suspense a duré un certain temps, l’évêché de Corse et le Vatican étant suspendus à une invitation élyséenne qui n’arrivait pas. Il a fallu faire preuve de beaucoup de diplomatie pour convaincre un Chef d’Etat boudeur, que l’on dit « humilié » par le choix du Pape de préférer la Corse à Paris, de délivrer le fameux sésame. Beaucoup dans l’île comme ailleurs n’y croyaient pas ! Si entre temps, l’Evêché et les institutions publiques concernées – Ville d’Aiacciu, Collectivité de Corse, Préfecture, Chambre de commerce …- avaient déjà commencé à travailler discrètement sur cette visite, ce n’est que le 23 novembre que les cloches de la cathédrale ont retenti pour la confirmer. Et là, tout s’est d’un coup accéléré. Mais trois petites semaines pour organiser en toute sécurité et dans les meilleurs conditions possibles cette journée, quand on pense que Marseille a eu un an pour préparer la visite papale, c’était un véritable défi organisationnel qui a mobilisé toutes les bonnes volontés. Un pari hasardeux, et, au final, un pari réussi. Aucun couac, pas une seule fausse note pour gâcher la fête. Et même si le programme initialement prévu et parfaitement minuté du pape a débordé sous la ferveur populaire, ces retards, loin de dérégler la partition, ont donné lieu à des moments de profonde émotion. La Corse s’est donné les moyens d’accueillir dignement le Saint Père.
Un défi organisationnel
Hors normes, d’abord, le temps imparti pour préparer un tel évènement : trois petites semaines. Même si les rumeurs d’une possible venue du Souverain Pontife ont commencé à courir depuis deux mois, le suspense a duré un certain temps, l’évêché de Corse et le Vatican étant suspendus à une invitation élyséenne qui n’arrivait pas. Il a fallu faire preuve de beaucoup de diplomatie pour convaincre un Chef d’Etat boudeur, que l’on dit « humilié » par le choix du Pape de préférer la Corse à Paris, de délivrer le fameux sésame. Beaucoup dans l’île comme ailleurs n’y croyaient pas ! Si entre temps, l’Evêché et les institutions publiques concernées – Ville d’Aiacciu, Collectivité de Corse, Préfecture, Chambre de commerce …- avaient déjà commencé à travailler discrètement sur cette visite, ce n’est que le 23 novembre que les cloches de la cathédrale ont retenti pour la confirmer. Et là, tout s’est d’un coup accéléré. Mais trois petites semaines pour organiser en toute sécurité et dans les meilleurs conditions possibles cette journée, quand on pense que Marseille a eu un an pour préparer la visite papale, c’était un véritable défi organisationnel qui a mobilisé toutes les bonnes volontés. Un pari hasardeux, et, au final, un pari réussi. Aucun couac, pas une seule fausse note pour gâcher la fête. Et même si le programme initialement prévu et parfaitement minuté du pape a débordé sous la ferveur populaire, ces retards, loin de dérégler la partition, ont donné lieu à des moments de profonde émotion. La Corse s’est donné les moyens d’accueillir dignement le Saint Père.
La puissance du chant
Hors normes, la ferveur qui a rythmé l’intégralité de cette visite, non seulement par son intensité, mais par la manière dont elle s’est exprimée. D’abord et avant tout par les chants corses qui ont cueilli le Pape dès sa descente d’avion. Il a écouté religieusement la berceuse corse « A Nanna di u Bambinu », interprétée par le groupe Caramusa avec des instruments traditionnels, sur le tarmac de l’aéroport. A chaque étape, les clameurs le célébrant et les chants sacrés en corse, en français ou en latin, entonnés par les enfants, les chorales de femmes et les voix des confrères pendant la messe l’ont surpris et charmé. Ce n’est pas habituel qu’une visite papale soit à ce point ponctuée par de la musique et des chants. Mais, en Corse, chanter, c’est bien plus qu’une tradition, c’est l’expression d’un peuple. Le pape semble l’avoir compris. Malgré sa fatigue et un timing qui dérapait, il a, chaque fois, pris le temps d’écouter. Même à la fin de la messe, quand les retards s’accumulaient et que le président Macron s’impatientait dans une salle de l’aéroport Napoleon Bonaparte, il n’a pas quitté l’estrade et a suivi jusqu’au bout l’hymne corse de dévotion à la Vierge Marie, u Diu vi salvi Regina, entonné par les confrères et les fidèles. Il a mesuré la puissance et la beauté des voix corses et la richesse de ce patrimoine immatériel si vivant.
La joie d’un peuple et d’un pape
Hors normes, ensuite, l’expression de la joie, de la liesse qui s’est exprimée dès le début de la déambulation du pape dans les rues d’Aiacciu et qui n’a fait que croître et a trouvé son point culminant lors de la Sainte Messe. Le pape l’a avoué lui-même : jamais il n’avait ressenti autant de sympathie à l’égard de sa personne, ni vu autant d’enfants venir à lui, sauf peut-être au Timor oriental. « J’ai vu tant d’enfants ici, je n’en n’ai jamais vu autant ailleurs ! ». Il a redit pendant la messe : « Prenez soin des aînés, mais aussi des jeunes. Je n'ai jamais vu autant d'enfants qu'en Corse. Faites des enfants ! Les enfants sont la joie et la gloire de votre peuple ». Il l’a répété dans l’avion du retour aux journalistes présents : « Je voudrais souligner une chose : avez-vous vu le nombre d'enfants ? Pensez à d'autres voyages où vous ne les avez pas vus. J’ai été heureux de voir autant d’enfants. C’est le futur ». Heureux, le pape l’a été pendant cette visite éclair, son 47ème voyage hors d’Italie, le plus court, mais le plus rempli de ferveur. Un voyage unique, comme l’a confirmé le Cardinal Mamberti : « Il suffisait de voir le pape et de l’entendre pour comprendre qu’il était très content ». Et l’Evêque de Corse, le Cardinal Bustillo de confirmer : « Le Saint Père était heureux. Comme il l’a dit, il s’est senti à la maison. Il y avait une atmosphère de famille ». Des paroles papales prononcées à la fin de la messe : « Je me suis senti chez moi ». Quel plus beau compliment les Corses pouvaient-ils attendre !
Une piété en modèle
Hors normes, donc, cette piété populaire si vivace dans l’île et si chère au Saint Père et qu’il a érigée en modèle à suivre pour la France et pour l’Europe lors de son discours conclusif du colloque sur « La religiosité populaire en Méditerranée », organisé par l’Evêché de Corse. « La piété populaire, très profondément enracinée ici en Corse, fait émerger les valeurs de la foi et exprime, en même temps, le visage, l’histoire et la culture des peuples. C’est dans cet entrelacement, sans confusion, que se noue le constant dialogue entre le monde religieux et le monde laïc, entre l’Église et les institutions civiles et politiques. Sur ce sujet, vous êtes en route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie ! », a-t-il lancé aux Corses. Le pontife argentin, adepte de la « théologie du peuple » qui valorise la piété populaire, ne pouvait pas rester insensible à cette piété qui s’incarne à travers des pratiques, les processions, les pèlerinages, le Saint Rosaire, la dévotion aux Saints, les confréries, dans un mix de spiritualité, de culture et de tradition. Il salue la force évangélisatrice « des gestes simples et des langages symboliques enracinés dans la culture du peuple », des « petits pas », tout en mettant en garde contre les « croyances fatalistes ou superstitieuses » et le risque de folklorisation et d’instrumentalisation de cette piété. Et rend, dans la foulée, un bel hommage aux confréries corses en reconnaissant leur rôle pour « nous éduquer au service gratuit du prochain, qu’il soit spirituel ou corporel. Ces associations de fidèles, si riches de leur histoire, participent activement à la liturgie et à la prière de l’Église qu’elles agrémentent de chants et de dévotions populaires ». Il recommande à tous les membres des confréries « de se rendre toujours proches par leur disponibilité, notamment envers les plus fragiles, en rendant la foi opérante dans la charité. La confrérie a une dévotion spéciale qui est proche de tous ». Avant de conclure, à la fin de la messe : « Vos traditions sont une richesse qu'il faut conserver et cultiver, pas pour vous isoler, mais toujours en vue de la rencontre et du partage ».
Hors normes, la ferveur qui a rythmé l’intégralité de cette visite, non seulement par son intensité, mais par la manière dont elle s’est exprimée. D’abord et avant tout par les chants corses qui ont cueilli le Pape dès sa descente d’avion. Il a écouté religieusement la berceuse corse « A Nanna di u Bambinu », interprétée par le groupe Caramusa avec des instruments traditionnels, sur le tarmac de l’aéroport. A chaque étape, les clameurs le célébrant et les chants sacrés en corse, en français ou en latin, entonnés par les enfants, les chorales de femmes et les voix des confrères pendant la messe l’ont surpris et charmé. Ce n’est pas habituel qu’une visite papale soit à ce point ponctuée par de la musique et des chants. Mais, en Corse, chanter, c’est bien plus qu’une tradition, c’est l’expression d’un peuple. Le pape semble l’avoir compris. Malgré sa fatigue et un timing qui dérapait, il a, chaque fois, pris le temps d’écouter. Même à la fin de la messe, quand les retards s’accumulaient et que le président Macron s’impatientait dans une salle de l’aéroport Napoleon Bonaparte, il n’a pas quitté l’estrade et a suivi jusqu’au bout l’hymne corse de dévotion à la Vierge Marie, u Diu vi salvi Regina, entonné par les confrères et les fidèles. Il a mesuré la puissance et la beauté des voix corses et la richesse de ce patrimoine immatériel si vivant.
La joie d’un peuple et d’un pape
Hors normes, ensuite, l’expression de la joie, de la liesse qui s’est exprimée dès le début de la déambulation du pape dans les rues d’Aiacciu et qui n’a fait que croître et a trouvé son point culminant lors de la Sainte Messe. Le pape l’a avoué lui-même : jamais il n’avait ressenti autant de sympathie à l’égard de sa personne, ni vu autant d’enfants venir à lui, sauf peut-être au Timor oriental. « J’ai vu tant d’enfants ici, je n’en n’ai jamais vu autant ailleurs ! ». Il a redit pendant la messe : « Prenez soin des aînés, mais aussi des jeunes. Je n'ai jamais vu autant d'enfants qu'en Corse. Faites des enfants ! Les enfants sont la joie et la gloire de votre peuple ». Il l’a répété dans l’avion du retour aux journalistes présents : « Je voudrais souligner une chose : avez-vous vu le nombre d'enfants ? Pensez à d'autres voyages où vous ne les avez pas vus. J’ai été heureux de voir autant d’enfants. C’est le futur ». Heureux, le pape l’a été pendant cette visite éclair, son 47ème voyage hors d’Italie, le plus court, mais le plus rempli de ferveur. Un voyage unique, comme l’a confirmé le Cardinal Mamberti : « Il suffisait de voir le pape et de l’entendre pour comprendre qu’il était très content ». Et l’Evêque de Corse, le Cardinal Bustillo de confirmer : « Le Saint Père était heureux. Comme il l’a dit, il s’est senti à la maison. Il y avait une atmosphère de famille ». Des paroles papales prononcées à la fin de la messe : « Je me suis senti chez moi ». Quel plus beau compliment les Corses pouvaient-ils attendre !
Une piété en modèle
Hors normes, donc, cette piété populaire si vivace dans l’île et si chère au Saint Père et qu’il a érigée en modèle à suivre pour la France et pour l’Europe lors de son discours conclusif du colloque sur « La religiosité populaire en Méditerranée », organisé par l’Evêché de Corse. « La piété populaire, très profondément enracinée ici en Corse, fait émerger les valeurs de la foi et exprime, en même temps, le visage, l’histoire et la culture des peuples. C’est dans cet entrelacement, sans confusion, que se noue le constant dialogue entre le monde religieux et le monde laïc, entre l’Église et les institutions civiles et politiques. Sur ce sujet, vous êtes en route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie ! », a-t-il lancé aux Corses. Le pontife argentin, adepte de la « théologie du peuple » qui valorise la piété populaire, ne pouvait pas rester insensible à cette piété qui s’incarne à travers des pratiques, les processions, les pèlerinages, le Saint Rosaire, la dévotion aux Saints, les confréries, dans un mix de spiritualité, de culture et de tradition. Il salue la force évangélisatrice « des gestes simples et des langages symboliques enracinés dans la culture du peuple », des « petits pas », tout en mettant en garde contre les « croyances fatalistes ou superstitieuses » et le risque de folklorisation et d’instrumentalisation de cette piété. Et rend, dans la foulée, un bel hommage aux confréries corses en reconnaissant leur rôle pour « nous éduquer au service gratuit du prochain, qu’il soit spirituel ou corporel. Ces associations de fidèles, si riches de leur histoire, participent activement à la liturgie et à la prière de l’Église qu’elles agrémentent de chants et de dévotions populaires ». Il recommande à tous les membres des confréries « de se rendre toujours proches par leur disponibilité, notamment envers les plus fragiles, en rendant la foi opérante dans la charité. La confrérie a une dévotion spéciale qui est proche de tous ». Avant de conclure, à la fin de la messe : « Vos traditions sont une richesse qu'il faut conserver et cultiver, pas pour vous isoler, mais toujours en vue de la rencontre et du partage ».

Les confréries corses au coeur de la piété populaire et de la laïcité heureuse. Photo Paule Santoni.
Une laïcité vertueuse
Hors normes également cette laïcité à la mode corse, « une laïcité heureuse et apaisée », selon le mot du Cardinal Bustillo. Lui-même surpris à son arrivée dans l’île par cette « belle découverte de voir comment la piété populaire permet de placer la foi dans la sphère publique sans créer de tension et de crispation sociale. Dans la rue, tous se retrouvent au même niveau : très pratiquants, peu pratiquants, curieux. Le fait de marcher physiquement à travers un parcours de vie dans un quartier ou un village et de porter la statue où l’image d’un Saint ou de la Vierge Marie met en valeur la visibilité de notre croyance ». C’est le modèle corse, incarné, lui aussi, par les confréries, toutes composées de laïcs, et que les commentateurs continentaux nomment : « une laïcité décomplexée ». Et d’ajouter stupéfiés : « En Corse, on bénit les bateaux, les bâtiments, les casernes de pompiers… ». En Corse, tout se mélange sereinement. Les représentants politiques, économiques et syndicaux s’affichent aux côtés des fidèles lors des cérémonies religieuses, ce qu’aucun politique français n’oserait faire par peur de se faire lyncher par les ayatollahs de cette exception française qu’est la laïcité et que personne ne comprend hors de l’hexagone. Cette « laïcité durcie » que dénonce le pape François et qui enferme la foi et la pratique religieuses dans l'espace privé. Une « privatisation de la foi » qu’il juge « hérétique ». Il affirme qu’il faut « libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l'indispensable collaboration entre les deux ». Le Pontife parle, lui, de « saine laïcité », c’est-à-dire une laïcité qui « ne soit pas statique et figée, mais évolutive et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques ».
Le politique à la périphérie
Hors normes, enfin, l’absence d’enjeu politique dans ce voyage qui s’est avéré éminemment religieux. On attendait que le pape s’exprime encore une fois, comme il l’a fait à Marseille et comme il le fait régulièrement, sur la question des migrants, la mafia, la Méditerranée, la situation au Proche-Orient, la guerre en Ukraine, la lutte contre le changement climatique, en bref sur les sujets politiques dont il a fait son credo. Mais peu de mots, juste une allusion pendant son allocution à la cathédrale Notre Dame de l’Assomption pour déplorer la guerre entre l’Ukraine et la Russie. « La guerre est toujours une défaite. Paix pour la Palestine, pour Israël, pour le Liban, pour la Syrie, pour le Moyen-Orient ! », s’est-il contenté d’ajouter. Et demandé de prier pour les victimes du cyclone qui a frappé Mayotte. Pas un mot sur la situation en Corse, mais peu dans l’île en attendait. La politique fut apparemment relayée à la périphérie, et ce n’est pas l’entretien crépusculaire d’une quarantaine de minutes avec Emmanuel Macron dans une salle de l’aéroport qui infirme cette impression, même s’il a, selon l’Elysée, porté sur les thèmes esquivés pendant la journée. « Les deux chefs d’Etat ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la situation délétère dans la bande de Gaza. Ils ont appelé à la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi qu’à l’acheminement massif de l’aide humanitaire dont les populations gazaouies ont tant besoin. Sur la Syrie, ils ont redit leur souhait de voir une transition politique juste et inclusive être conduite par les nouvelles autorités de Damas. Ils ont également appelé à la consolidation du cessez-le-feu entre Israël et le Liban devant mener à l’élection d’un Président et à la nomination d’un gouvernement capable de mener les réformes nécessaires au retour de la sécurité et de la stabilité au Liban », précise l'Elysée dans un communiqué. Le Saint Père, pour sa part, n’a fait aucun commentaire, ni sur le tarmac, ni dans l’avion spécialement affrété par Air Corsica pour regagner Rome. Rien n’a filtré non plus de son tête-à-tête avec le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, qui s’est tenu sur un mode plus intime.
N.M.
Hors normes également cette laïcité à la mode corse, « une laïcité heureuse et apaisée », selon le mot du Cardinal Bustillo. Lui-même surpris à son arrivée dans l’île par cette « belle découverte de voir comment la piété populaire permet de placer la foi dans la sphère publique sans créer de tension et de crispation sociale. Dans la rue, tous se retrouvent au même niveau : très pratiquants, peu pratiquants, curieux. Le fait de marcher physiquement à travers un parcours de vie dans un quartier ou un village et de porter la statue où l’image d’un Saint ou de la Vierge Marie met en valeur la visibilité de notre croyance ». C’est le modèle corse, incarné, lui aussi, par les confréries, toutes composées de laïcs, et que les commentateurs continentaux nomment : « une laïcité décomplexée ». Et d’ajouter stupéfiés : « En Corse, on bénit les bateaux, les bâtiments, les casernes de pompiers… ». En Corse, tout se mélange sereinement. Les représentants politiques, économiques et syndicaux s’affichent aux côtés des fidèles lors des cérémonies religieuses, ce qu’aucun politique français n’oserait faire par peur de se faire lyncher par les ayatollahs de cette exception française qu’est la laïcité et que personne ne comprend hors de l’hexagone. Cette « laïcité durcie » que dénonce le pape François et qui enferme la foi et la pratique religieuses dans l'espace privé. Une « privatisation de la foi » qu’il juge « hérétique ». Il affirme qu’il faut « libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l'indispensable collaboration entre les deux ». Le Pontife parle, lui, de « saine laïcité », c’est-à-dire une laïcité qui « ne soit pas statique et figée, mais évolutive et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques ».
Le politique à la périphérie
Hors normes, enfin, l’absence d’enjeu politique dans ce voyage qui s’est avéré éminemment religieux. On attendait que le pape s’exprime encore une fois, comme il l’a fait à Marseille et comme il le fait régulièrement, sur la question des migrants, la mafia, la Méditerranée, la situation au Proche-Orient, la guerre en Ukraine, la lutte contre le changement climatique, en bref sur les sujets politiques dont il a fait son credo. Mais peu de mots, juste une allusion pendant son allocution à la cathédrale Notre Dame de l’Assomption pour déplorer la guerre entre l’Ukraine et la Russie. « La guerre est toujours une défaite. Paix pour la Palestine, pour Israël, pour le Liban, pour la Syrie, pour le Moyen-Orient ! », s’est-il contenté d’ajouter. Et demandé de prier pour les victimes du cyclone qui a frappé Mayotte. Pas un mot sur la situation en Corse, mais peu dans l’île en attendait. La politique fut apparemment relayée à la périphérie, et ce n’est pas l’entretien crépusculaire d’une quarantaine de minutes avec Emmanuel Macron dans une salle de l’aéroport qui infirme cette impression, même s’il a, selon l’Elysée, porté sur les thèmes esquivés pendant la journée. « Les deux chefs d’Etat ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la situation délétère dans la bande de Gaza. Ils ont appelé à la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi qu’à l’acheminement massif de l’aide humanitaire dont les populations gazaouies ont tant besoin. Sur la Syrie, ils ont redit leur souhait de voir une transition politique juste et inclusive être conduite par les nouvelles autorités de Damas. Ils ont également appelé à la consolidation du cessez-le-feu entre Israël et le Liban devant mener à l’élection d’un Président et à la nomination d’un gouvernement capable de mener les réformes nécessaires au retour de la sécurité et de la stabilité au Liban », précise l'Elysée dans un communiqué. Le Saint Père, pour sa part, n’a fait aucun commentaire, ni sur le tarmac, ni dans l’avion spécialement affrété par Air Corsica pour regagner Rome. Rien n’a filtré non plus de son tête-à-tête avec le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, qui s’est tenu sur un mode plus intime.
N.M.