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Tribunal judiciaire de Bastia : prison avec sursis pour avoir laissé mourir un chien


Livia Santana le Vendredi 24 Septembre 2021 à 17:54

Ce vendredi 24 septembre, deux dossiers concernant des violences contre des animaux sont venus devant le tribunal judiciaire de Bastia. Le premier, concernait la mort d'un un chien qui avait subi des mauvais traitements. La seconde, un âne attaché à des cordes trainé à mort derrière un 4x4 à Aleria.



Les associations, Equitable Corse, Global earth Keeper et le refuge Nos amis à quatre pattes avaient rendez-vous ce vendredi 24 septembre au tribunal judiciaire de Bastia pour demander justice pour Nina, chienne de Cursinu décédée en avril dernier des suites de mauvais traitements et pour une ânesse qui avait été attachée à des cordes trainée à mort derrière un 4x4. 

Aux alentours de 9h30, un homme lambda de 40 ans polo kaki, jean, baskets se présente à la barre devant la présidente du tribunal Pauline Moulard. Le chef d'entreprise doit être jugé pour "sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique".
Le 6 avril 2021, une chienne cursinu "Nina" avait été retrouvée mourante. Elle était attachée, un sceau d'eau près d'elle, sans nourriture à Corbara, sur un terrain appartenant à l'entrepreneur. Immédiatement, le refuge nos amis à 4 pattes de Calvi, appelait la gendarmerie et prenait en charge l'animal très affaibli, maigre et couvert de plaies. "Elle pesait 9 kilos alors qu'elle aurait dû en faire entre 14 et 16 kg", lit la présidente du tribunal sur le rapport du vétérinaire. 
Malade de la leishmaniose, il est trop tard. Nina décèdera, trois jours plus tard. 

"Je traverse une période de ma vie compliquée, ma femme est malade, elle a fait une dépression. Je m'occupe de mes deux filles, nous avons un autre chien. Celle-ci, je l'avais trouvée sur mon terrain et cela ne m'est pas venu à l'esprit de m'en séparer (...) par manque de temps, je ne me suis pas aperçu de son état de santé... il est vrai que j’ai négligé la chienne", se justifie le prévenu.

"Donc quand vous la promeniez vous n'avez pas vu qu’elle avait du mal à se déplacer", rétorque la présidente du tribunal. "Non", assure-t-il. 

"Vous avez laissé crever un être sensible"

L'avocate du refuge, qui s'est porté partie civile, Joëlle Acquaviva, exprime sa "rage, dégoût et chagrin à la mémoire de Nina". Dans sa plaidoirie elle met en cause ce "Monsieur tout le monde, chef d’entreprise, salarié, un individu dont-il n’est pas permis de croire qu’il a pu négliger l’animal" avant de conclure "vous avez laissé crever un être sensible dont le droit à la vie est depuis peu consacré au Conseil d’Etat."
Après elle, maître Valérie Vincenti représente la SPA, également partie civile dans le dossier, demande les raisons qui ont poussé l'homme à garder ce chien. 

C'est maintenant au tour de la substitut du procureur de faire ses réquisitions. "Une étude scientifique a montré récemment que les chiens sont capables d’empathie. Visiblement ils sont capable de développer quelque chose que monsieur n'a pas su développer". La représentante du parquet semble remontée. Elle tient à rappeler au prévenu que les faits pour lesquels il comparait sont répréhensibles de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Elle demandera trois mois de sursis, 350 euros d'amende ainsi qu'une interdiction de posséder des animaux domestiques. 
 
"Sa misère humaine me touche aussi"

Le prévenu est représenté par Maître Gilles Antomarchi qui se présente à barre comme un "fervent défenseur de la cause animale". "J'ai trois chiens on ne peut pas dire que je n'aime pas les bêtes", lance-t-il à la présidente du tribunal. Pour lui, son client est coupable, mais ce dernier ne devrait pas être jugé "comme celui qui va donner des coups aux animaux". Il tient aussi à rappeler le contexte familial de son client "sa femme est malade, vous avez les certificats, l'histoire du chien me touche mais ce monsieur dans sa misère humaine me touche aussi", reprend-il.

Finalement, Pauline Moulard le déclare coupable et le condamne à trois mois de prison avec sursis, 350€ d'amende ainsi qu'à verser 1 000€ pour le refuge et 1 300€ pour la SPA.

L'affaire de l'âne renvoyée au 12 mars

Pour des raisons techniques, le procès de l'homme de 80 ans qui avait attaché à Aleria, son ânesse avec des cordes et l'avait traînée avec son 4x4 pour la laisser mourir plus loin, a été renvoyé. Claire Buffignani, présidente de l'association Equitable, qui s'est portée partie civile dans le dossier regrette la décision : "Il va falloir encore attendre pour pouvoir entendre le prévenu, mais nous serons là". 
L'affaire sera jugée le 12 mars 2022.