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Sécheresse : En Corse, « 70% des nappes phréatiques ont un niveau modérément bas à très bas »


le Dimanche 24 Mars 2024 à 17:38

Comme l'an dernier à la même époque, les nappes phréatiques de l'île souffrent d'un déficit de précipitations qui contrarie leur phase de recharge. Une situation inquiétante, notamment dans le Cap Corse où le Bureau de Recherches Géologiques et Minières relève que "60% des nappes présentent un niveau très bas".



(Photo : Archives CNI)
(Photo : Archives CNI)
Jeudi dernier, sur France Info, le ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires, Christophe Béchu, affirmait que le niveau des nappes phréatiques de France métropolitaine « est beaucoup mieux que l’année dernière ». Si, soulignait-il, « seulement un tiers du pays est en dessous des normales de saison », il concédait cependant que certains territoires restent dans une situation inquiétante notamment « une partie du pourtour méditerranéen ».
 
Du fait de températures anormalement douces – d’après l’organisme Copernicus, l’hiver 2023-2024 est le plus chaud jamais enregistré jusqu’à présent – et de précipitations qui se font rares, la recharge des nappes reste en effet ralentie sur le bassin méditerranéen, comme le soulignait le point de situation hydrogéologique du Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Corse (BRGM) du 1er mars dernier. Ce bulletin de situation - que l’établissement public réalise tous les débuts de mois au niveau national et régional - met en outre en exergue que « 70% des nappes suivies en Corse ont un niveau modérément bas à très bas », comme le relève Laureen Nacimento, hydrogéologue régionale au BRGM de Corse. « Nous sommes à peu près dans les mêmes situations que l'an dernier », commente-t-elle en pointant l’absence de recharge significative des nappes. 
 
Une situation disparate sur l’île
 
« Il faut savoir que dans un cycle hydrogéologique spécifique à la Corse, il y a une phase de recharge qui va s'opérer à partir de septembre/octobre et qui va s'étendre normalement jusqu'à la fin du printemps. Or, on a eu très peu de précipitations en fin d'année 2023, seulement un petit peu de pluie en décembre, mais pas suffisamment. Les tempêtes Rea, Ciaran et Domingos ayant été surtout des ruissèlements, n’ont apporté que peu d’eau aux nappes. 
On a donc amorcé le début d'année 2024 presque sans précipitation. Les pluies de février ont permis de stabiliser les niveaux et de les rehausser un petit peu, mais ils restent très bas », ajoute-t-elle en déroulant : « Nous sommes dans une situation déficitaire. Il y a eu un manque du fait de l'absence de précipitations pendant le début la fameuse période de recharge et aujourd'hui on court après ce manque. Il faudrait qu'il continue à pleuvoir de manière régulière jusqu’en mai- juin pour revenir à des niveaux plus dans la normale ». 
 
L’hydrogéologue régionale observe par ailleurs une certaine disparité sur le territoire corse. « La majorité des niveaux bas et très bas sont rencontrés dans le Nord de l’île et du côté de la côte orientale », indique-t-elle en reprenant : « Cela se voit essentiellement dans le Cap Corse où 60 % des nappes présentent un niveau très bas et où il n'y a pas eu du tout de recharge. Dans ce secteur beaucoup de de villages de montagne dépendent de sources qui se tarissent au fur et à mesure des semaines et des mois vus qu'il y a peu de recharge »

 
Un été marqué par la sécheresse ?
 
De facto, si le BRGM de Corse invite pour le moment à continuer le suivi de la situation, les perspectives pour l’été pourraient s’avérer inquiétantes. « Très clairement aujourd'hui on a des niveaux plutôt similaires à ce qu'on est censé observer pendant l'été alors que nous sommes au mois de mars », constate Laureen Nacimento en dressant un parallèle avec la normale : « Ce qui a sauvé la Corse l'an dernier, c'est qu'en mai et juin il y a eu des bonnes précipitations qui ont permis de recharger les barrages et les nappes». Reste donc à suivre si le printemps sera assez pluvieux cette année pour anticiper une sécheresse au retour des premiers épisodes de chaleur.