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Sécheresse : À Rogliano, de l’eau de mer pour remplir les réserves d’eau douce


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 1 Août 2022 à 18:09

Dans cette commune de l’Est du Cap Corse, l’eau douce est une denrée qui s’économise avec grande attention. Pour éviter la pénurie, le maire, Patrice Quilici a fait le choix d'y installer une usine de dessalement pour remplir les réserves avec de l’eau de mer dès le 20 août. En attendant la pluie.



À Rogliano, l'eau courante pourrait bientôt venir de la mer. Image d'illustration : Pixabay
À Rogliano, l'eau courante pourrait bientôt venir de la mer. Image d'illustration : Pixabay
En sillonnant les routes tortueuses de l’Est du Cap Corse, chacun peut l’apercevoir en contrebas. La mer et ses larges étendues d’eau salée pourraient bien être la solution aux problèmes de sécheresse et de raréfaction de l’eau douce dans certaines communes de la région.

C’est le cas de Rogliano, dont le maire Pascal Quilici vient de faire l’acquisition d’une unité de dessalement d’eau de mer : « Les travaux de génie sont en cours et elle devrait être opérationnelle à partir du 20 août ». Objectif, traiter 500 m³ d’eau salée par jour pour remplir le réservoir du Stullone, situé sur la commune.





Pour le maire inquiet, l’opération relève de l’urgence, « car la situation empire et le niveau des réserves ne cesse de baisser, même malgré les nouvelles restrictions » imposées par la préfecture de Haute-Corse depuis le 13 juillet 2022. D’autres pourraient venir s’y ajouter dès ce 2 août, à la sortie de la réunion en préfecture de Haute-Corse entre les acteurs de la gestion de l’eau.

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Le réservoir de Stullone, d’une capacité de 48 000 m³, contenait ce lundi 1er août 16 500 m³ d’eau selon l’Office de l’Equipement Hydraulique de la Corse (OEHC) qui gère le site. Pour son président, Gilles Giovannangeli, « si les restrictions sont respectées, il y aura de quoi alimenter la commune en eau jusqu’à la mi-septembre ».

Éviter la désertification

« Ça risque d’être tendu même avant », pour Patrice Quilici. Pendant la saison estivale, la petite commune du Cap Corse où se situe le port de Macinaghju passe « de 650 à 6 000 habitants ». Une forte activité gourmande en eau qui pourrait bien s’étaler jusqu’au milieu de l’automne. « Une pénurie d’eau serait un coup terrible pour la vie économique de la commune, pour ses 57 commerces, ses agriculteurs pour qui les sources sont déjà asséchées et ses habitants qui ont fait le choix d’y vivre à l’année », s’inquiète Patrice Quilici.

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Si des solutions pérennes ne devraient pas arriver avant plusieurs années avec les nouvelles infrastructures prévues dans le plan Acqua Nostra 2050 de la Collectivité de Corse, pour Gilles Giovannangeli, « le dessalement est une solution exceptionnelle pour une situation qui l’est tout autant. La technique est très énergivore et reste une alternative de bout de course ».

Une facture très salée pour quatre mois d’eau

Mais pour Patrice Quilici, le dessalement est la seule alternative viable pour l’instant, « sans avoir à demander aux habitants de ne plus se doucher ». Pour le maire, il faut aussi voir plus loin et parer aux éventualités de sécheresses hivernales, de plus en plus fréquentes dans le Cap Corse. « Cela nous coûterait près d’un million d’euros, mais nous pourrions la faire marcher jusqu’en décembre pour bien remplir le réservoir », détaille-t-il.

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Sans quoi, il faudra s’en remettre au bon vouloir de la pluie qui, dans le Cap Corse, ne devrait pas faire son apparition de sitôt, « sauf orages ponctuels », selon les prévisionnistes de Météo France.