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Saveriu Luciani : " Le dessalement de l'eau dans le Cap Corse est une possibilité qui ne devrait intervenir qu'en cas d'urgence absolue."


Livia Santana le Mercredi 11 Décembre 2019 à 18:07

Dans un entretien qu'il nous a accordé, Saveriu Luciani, le président de l'Office hydraulique de la Corse, revient sur les défis que devra relever l'île en terme de gestion des ressources en eau pour les trente ans à venir. Pour cela, il a présenté en octobre dernier le Projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE).



Saveriu Luciani, président de l'Office hydraulique de la Corse
Saveriu Luciani, président de l'Office hydraulique de la Corse
Quels seront les défis hydrauliques auxquels la Corse devra faire face dans les prochaines années ? 
A l'Office nous nous sommes engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique avec une vision sur 30 ans. Il s'illustre à la fois par des prévisions alarmistes sur les augmentations de températures, par le tarrissement de la ressource hydraulique avec des endroits qui auraient 10 à 40% d'eau en moins. Mais aussi par des inondations, des séquences de mauvais temps plus intenses, des risques de sècheresses prolongées, par conséquent un étiage des fleuves beaucoup plus long ...

D'ailleurs quelles seront les régions les plus touchées ? 
On sait qu'en Corse on a des zones plus vulnérables que d'autres, notamment le Cap Corse, le grand Bastia, la Balagne et l'extrême Sud. 

Y a-t-il aussi un défi démographique à appréhender ? 
Oui, nous devons prendre en compte d'autres paramètres comme une croissance démographique importante. La Corse dans 30 ans c'est 450 000 habitants. On retrouvera donc des agglomérations comme Bastia et Ajaccio qui auront plus de 120 000 habitants. A cela, il faut ajouter une pression touristique assez forte et des enjeux économiques comme l'agriculture ou le tourisme... 

Le projet de territoire pour la gestion de l'eau, qu'est-ce que c'est ? 
Un plan qui a pour objectif un équilibre entre les ressources disponibles et les besoins aussi bien des usages que des milieux aquatiques, en vue d'une gestion durable de l'eau pour faire face au changement climatique. Aux assises de l'eau en juillet dernier, nous avions présenté un plan de bassins, d'adaptation au changement climatique avec 57 mesures phares. Plus tard, nous avons proposé à l'Assemblée de Corse les premières mesures de ce plan, notamment des études sur le dessalement. 

Concrètement en quoi cela consiste ? 
Nous voulons cerner dans chaque région les problématiques de ressources, de stockage, de connexion. Nous allons faire un diagnostic pour savoir quels sont les besoins et les déficit sur 30 ans. Sur 13  territoires nous mettrons en place une gouvernance avec un comité technique mis en oeuvre sous l'autorité de la Collectivité de Corse dont la Mission Eau animera les travaux. Il y aura aussi un comité de pilotage pour chaque PTGE. Nous commencerons la première réunion dans le Cap Corse avec des propositions au printemps. 

Pourquoi dans le Cap Corse ? 
C'est pour nous un territoire qui a besoin d'être une des premiers à avoir besoin de réponses. La région manque chaque année d'eau.Le cap désormais est le cœur d’un nouveau parc marin où il convient d’évaluer les impacts possibles sur le milieu marin. Dans notre étude proposée à l'Assemblée de Corse , nous avons balayé toutes les possibilités... Notamment le stockage et l’exploitation de nappes alluviales qui compte parmi nos priorités.
 Pour envisager l'avenir, le dessalement de l'eau  dans le Cap Corse est une possibilité qui ne devrait intervenir qu'en cas d'urgence absolue. En 2002, avec la sécheresse cela avait déjà été utilisé à Macinaggiu.