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Santé : Le gouvernement botte en touche sur la création d’un CHU en Corse


Nicole Mari le Samedi 18 Février 2023 à 19:44

Pas de centre hospitalier universitaire (CHU) en Corse pour le moment. C’est la réponse du ministre de la santé, François Braun, à la demande écrite du député nationaliste de la 2nde circonscription de Corse du Sud, membre du groupe parlementaire LIOT, le Dr Paul-André Colombani, sur la nécessité de doter la Corse d’un tel établissement de santé. L’île reste la seule région française à ne pas en posséder.



Santé : Le gouvernement botte en touche sur la création d’un CHU en Corse
La question avait été posée par écrit le 8 novembre 2022 par le député nationaliste de la 2nde circonscription de Corse du Sud, membre du groupe parlementaire LIOT, le Dr Paul-André Colombani, après que le ministre de la Santé, François Braun, avait accepté d’en discuter. Elle alertait sur « la nécessité absolue de mettre fin à la situation d'injustice que connaît depuis bien trop longtemps la Corse, en la dotant enfin d'un centre hospitalier universitaire (CHU) ». Le député corse, dont c’est le cheval de bataille, rappelle que, « dans la France entière, DOM compris, à l'exception de la Corse, il n'existe pas de région sans CHU. Dans la France entière, DOM compris, à l'exception d'Ajaccio, il n'existe pas de capitale régionale sans CHU. Il est logique que chaque chef-lieu de région soit le siège d'un CHU. Dans certaines régions sont au demeurant implantés plusieurs CHU ». Un manque, expliquait-il, fort pénalisant pour la Corse et qu’il qualifiait de « véritable rupture du principe d'égalité, qui la handicape fortement. En partageant ses compétences, le CHU contribue à une répartition plus équitable de l'offre de soins sur tout le territoire. Les malades insulaires pâtissent de cette absence et doivent bien souvent bénéficier de soins sur le continent dans un CHU, faute d'offre de soins suffisante sur leur territoire, ce qui engendre de véritables souffrances, notamment pour les familles d'enfants malades. De plus, cette exception corse constitue un grave frein à l'attractivité médicale et aggrave la dégradation de la démographie médicale dans l'île. Enfin, l'absence de CHU en Corse nuit fortement à l'équilibre budgétaire des hôpitaux insulaires contraint d'embaucher des intérimaires, ce qui pèse lourdement sur leur budget ». Aussi, demandait-il au ministre de « réparer cette injustice et de doter la Corse d'un centre hospitalier universitaire, à l'instar de toutes les autres régions ».
 
Pas de CHU à court terme !
Il aura fallu plus de trois mois à François Braun pour se borner à répéter ce que ses collègues n’ont cessé d’opposer sur le sujet aux députés nationalistes qui les interpellent sans relâche. Et si la demande est récurrente et têtue, la réponse, qui est tombée le 14 février dernier, est toujours aussi fuyante. « L'enjeu soulevé s'inscrit dans le cadre de difficultés spécifiques liées à l'insularité et d'attractivité médicale des établissements de santé corses dans un contexte général d'un déficit de praticiens dans de nombreuses spécialités. S'agissant de la prise en compte de l'insularité et de critères de plus grande accessibilité aux soins et de réduction de la perte de chances, le développement de filières régionales et/ou d'hyper-spécialités articulées avec des partenaires continentaux paraît la voie la plus opérationnelle à court terme, avec effectivement en perspective l'universitarisation de ces filières ». Autrement dit : pas de CHU à court terme ! Quant au sacro-saint principe de rupture d’égalité dont fait état Paul-André Colombani et que le gouvernement brandit inlassablement pour rejeter chaque demande insulaire un peu spécifique, le ministre n’hésite pas dans ce cas particulier à le balayer d’un revers de main : « La crise sanitaire a démontré la capacité du système de santé corse à porter et à organiser des réponses sécures et de qualité : les services de soins critiques et de réanimation de l'ile ont su faire face, puis s'adapter à la prise en charge des patients Covid à l'occasion des 8 vagues dans un contexte où la Corse, par la composition de sa population, s'avère particulièrement exposée. Des nouvelles filières ont été ou sont en voie d'être créées : le centre ressources sclérose en plaques (SEP), l'autorisation d'activité de procréation médicalement assistée ou encore celle de neuroradiologie interventionnelle. Ces avancées et d'autres perspectives encore qui figureront dans le futur schéma régional de santé reposent sur la capacité des deux centres hospitaliers d'Ajaccio et de Bastia à porter ensemble des activités et des organisations ».
 
Pas de préalable !
Concernant l'attractivité médicale qui fait défaut aux territoires ruraux, s’il reconnait que « la création d'écosystèmes favorables au recrutement d'internes et de spécialistes repose, au-delà de la qualité des stages portés par les centres hospitaliers, sur une dimension hospitalo-universitaire » et que « Cette dimension est un critère d'attractivité pour les internes et les jeunes professionnels de santé », il affirme que les deux agences régionales de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et de la Corse travaillent à un plan d'actions. Mais sans poser le principe préalable d’un CHU ! « Compte tenu des enjeux et d'une volonté commune de rechercher rapidement des réponses, la priorité est plutôt d'investir ces nouveaux outils intégrant une dimension hospitalo-universitaire - y compris donc une dimension de formation et de recherche dans certaines filières, sans faire de la création d'un centre hospitalo-universitaire un préalable ». François Braun se livre, ensuite, à l’habituel liste des investissements engagés par le gouvernement dans les hôpitaux insulaires. D’abord, 158 millions dans le cadre du Ségur de la santé pour tenir compte « des priorités d'investissement sur la région, de la maturité des projets portés, et de la situation financière des établissements. 68 millions serviront à la restauration des capacités financières des établissements les plus endettés de la région et 82 millions permettront de relancer les investissements en santé, de moderniser les établissements, de développer l'offre de soins, de suite et de réadaptation et d'améliorer la prise en charge des personnes âgées. La Corse bénéficie également depuis 2021 d'un soutien exceptionnel aux dépenses du quotidien des établissements de santé, avec 7 millions consacrés à l'achat ou au remplacement de matériel, à la réalisation de petits travaux afin d'améliorer les conditions de travail dans les établissements de santé, complété de crédits hors Ségur au titre des inégalités en santé dédiés également aux investissements du quotidien des hôpitaux - 9 millions d'euros en 2021 et 5 millions en 2022 ». Ensuite, 150 millions d'euros pour le nouvel hôpital d’Ajaccio. Et le ministre de conclure : « À Bastia, un projet est en cours d'accompagnement par le Conseil stratégique des industries de santé. Cet investissement en Corse est historique ».
Le CHU attendra…