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Rentrée du tribunal de commerce de Bastia : 7 millions d'euros d'impayés en Haute-Corse


Paule Cournet le Lundi 22 Janvier 2024 à 16:13

A l'occasion de la rentrée solennelle du Tribunal de Commerce de Bastia ce lundi 22 janvier, son président Gilles Filippi, a dressé le bilan de l’année écoulée avec la volonté de mettre l’accent sur la prévention et l’assainissement de la vie économique dans le département de Haute-Corse où se font sentir, comme partout en France, les conséquences à retardement de la crise sanitaire de 2020.



Rentrée du tribunal de commerce de Bastia : 7 millions d'euros d'impayés en Haute-Corse
Rentrée du tribunal de commerce de Bastia : 7 millions d'euros d'impayés en Haute-Corse
Le « quoi qu’il en coûte », ou plutôt son terme, mis en place par le gouvernement pour aider les entreprises à traverser la crise liée au Covid et aux confinements successifs, aura fini par laisser des traces. Comme partout ailleurs en France, la Haute-Corse ne fait pas exception à la règle. Beaucoup d’entreprises, déjà fragilisées et incapables de rembourser les aides consenties à l’époque, ont mis la clef sous la porte, les procédures collectives marquant une nette hausse entre 2022 et 2023, alors qu’une baisse des immatriculations au registre du commerce est constatée dans le même temps.
Tel est le diagnostic présenté ce lundi 22 janvier à l’occasion de la rentrée solennelle du tribunal de Commerce de Bastia qui pointait une année 2023 « pleine d’aléas et « un retour du réel dans la vie économique ». « Les chiffres pour 2023 sont mauvais. Il faut un sursaut et il faudra que nous fassions du préventif, mais le Tribunal ne pourra pas le faire tout seul », consent ainsi Gilles Filippi, le président du Tribunal de Commerce de Bastia alors que le chiffre de procédures collectives – avec une hausse de 34% du taux de variation des ouvertures de redressement et de liquidation judiciaires – est alarmant. « Les entreprises arrivent trop tardivement au tribunal de Commerce, nous n’avons dès lors plus aucune capacité à pouvoir les sauver. Je considère aujourd’hui que tous les acteurs, experts- comptables, commissaires aux comptes, l’ensemble des personnes qui établissent les comptes doivent sonner l’alarme et le dire aux chefs d’entreprises afin qu’ils puissent se mettre sous la protection du tribunal. Nous devons aussi pouvoir échanger avec les administrations, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car elles perçoivent les signaux faibles. Nous ne pourrons faire de la prévention qu’en travaillant avec elles », prévient Gilles Filippi, qui appellent de ses vœux une vraie politique de détection et de sensibilisation afin d’éviter des faillites devenues inéluctables, car la trajectoire de certaines sociétés n’est pas redressée à temps. Ainsi, comme le souligne le Président lui-même, « la cessation de paiement ne doit plus être la cote d’alerte ».

Gilles Filippi
Gilles Filippi
Des secteurs clefs de l’économie insulaire impactés, comme le tourisme et le BTP
Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle impacte des secteurs clefs de l’économie insulaire comme le tourisme ou le BTP. « Nous constatons 7 millions d’euros d’impayés. Je donne un montant et non pas un pourcentage pour que tout le monde puisse prendre conscience du chiffre. Sept millions, cela représente un montant exorbitant. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire qu’un débiteur n’a pas payé un créancier qui sera alors soumis à des difficultés ; sans compter dès lors, la destruction d’emplois que cela génère. Nous entrons alors dans une spirale négative. Ce qui est extrêmement important pour nous, en plus, c’est que les emplois puissent être préservés », note encore Gilles Filippi.

Appelant de ses vœux des critères renouvelés d’appréciation, le Président du tribunal de Commerce se réjouit de la candidature de Bastia à l’expérimentation d’un Tribunal des Affaires économiques, voué à remplacer un jour les tribunaux de commerce. « Cela permettrait de regrouper l’ensemble des activités économiques sous une seule juridiction. Aujourd’hui, certaines affaires économiques sont suivies par le tribunal judiciaire. Là, on aurait une vision globale de l’économie puisque cela permet d’intégrer les baux et les sociétés civiles immobilières », explique le Président qui entend placer 2024 sous le signe de l’évolution, alors qu’une nouvelle salle d’audience sera inaugurée en mars. « On revient au centre de la Cité en nous installant sur le boulevard Gaudin qui est quand même très connu des Bastiais et au-delà. Cela nous permettra d’avoir un contact plus direct avec les entrepreneurs et comme on le dit communément, il n’y aura plus besoin de monter les marches du Palais. »