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Rencontre avec une Signadora : fusion entre sacré et tradition pour une expérience spirituelle unique


S.L. le Dimanche 24 Décembre 2023 à 15:21

La Corse, terre de mystères et de traditions séculaires, abrite des figures spirituelles singulières, dont les signadore. Ces gardiennes d'une tradition ancestrale, imprégnées du sacré, jouent un rôle crucial dans la guérison du corps et de l'esprit. Rencontre



Photo archives
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Rencontrer une signadora, c'est pénétrer dans un univers où le sacré et la tradition fusionnent pour offrir une expérience spirituelle unique. Jeanne-Claude, incarne cette figure emblématique ancrée dans une pratique millénaire. "On ne devient pas signadora, on est signadora." affirme J.C., soulignant ainsi l'essence même de cette vocation héritée d'une longue lignée de gardiennes du sacré en Corse. Cette pratique, loin d'être réservée à une confession religieuse particulière, puise sa force dans un enracinement profond dans le sacré, évoquant des formes de chamanisme qui transcendent les civilisationsLa signadora, souvent comparée à une chamane nustrale, agit en tant qu'intermédiaire entre le mystique et le sacré. Sa mission ? Intervenir dans la guérison du corps et de l'esprit, chassant le malochju qui peut affliger les âmes en Corse. "Chaque signadora, imprégnée d'une tradition séculaire, pratique selon les rituels propres à sa microrégion. La prière demeure le pivot de cette dynamique, unissant les différentes pratiques dans un même élan de guérison et d'apaisement. Le combat contre le mal s'articule autour d'une seule volonté : soulager ceux qui subissent les affres du malochju." explique Jeanne-Claude

Cependant, le mystère entoure les prières invoquées par la signadora. "Elles sont assorties de gestes, d'objets, de bougies blanches ou d'huile pour signer l'ochju par exemple." confie J.C. . Certaines semblent venir à elle de manière fortuite, mais J.C. ne croit pas au hasard. "Ces prières, non écrites mais transmises oralement, demeurent fidèles à la tradition, préservant le patrimoine culturel corse."  Ces litanies, murmurées dans le silence, constituent un secret bien gardé. Toutefois, la signadora peut choisir de les transmettre à ceux qui expriment le désir de les recevoir, une transmission conditionnée par une volonté qui s'impose à la future signadora.  La nuit de Noël devient alors un moment privilégié pour cette transmission spirituelle. À partir de minuit, J.C. offre ces prières à ceux qui les désirent, discernant avec soin ceux qui pourront réellement accéder à ce don, considéré comme un cadeau précieux.

L'expérience de la signadora n'est pas un jeu, mais plutôt une aventure spirituelle façonnée par des intentions et des émotions profondes. La tradition orale, véhiculant ces prières depuis des générations, est préservée avec respect et conservatisme. Les racines de cette pratique se nourrissent d'une expérience personnelle initiée il y a environ 40 ans, lorsque la grand-mère de J.C. lui transmit sa première prière, celle de l'ochju.
 

Une pratique conservatrice
Etre signadora, c'est une expérience spirituelle qui transcende les souhaits légers. Héritière de sa grand-mère qui lui a enseigné sa première prière il y a environ 40 ans, J.C. ne transige pas avec la tradition. Elle refuse de signer par téléphone ou WhatsApp, optant pour une pratique pure et conservatrice bien qu'elle puisse opérer à distance, demandant simplement un vêtement porté ou une mèche de cheveux de la personne visée. Avec l'expérience, elle discerne intuitivement la présence du malochju chez une personne, bien avant de la signer. 

Ainsi, la signadora demeure une gardienne du sacré, évoluant dans un espace où le mystique guide chaque geste et chaque prière, préservant avec un profond respect le patrimoine culturel de la Corse.