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Procès du double assassinat de Bastia-Poretta: "Du jamais vu en Corse"


CNI avec AFP le Mardi 11 Juin 2024 à 08:07

Toute cette semaine, à Aix-en-Provence, les enquêteurs vont détailler les investigations qui ont conduit à l'arrestation des frères Richard et Christophe Guazzelli et de leur entourage, mais sans la présence des principaux accusés.



Photo archives
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"Un règlement de comptes à 11h00 du matin, dans un aéroport, au moment où les gens sortent de l’avion, c’est du jamais vu en Corse", a confirmé lundi la capitaine de police qui a dirigé l’enquête sur le double assassinat de Bastia-Poretta, le 5 décembre 2017. Toute cette semaine, à Aix-en-Provence, les enquêteurs vont détailler les investigations qui ont conduit à l'arrestation des frères Richard et Christophe Guazzelli et de leur entourage, mais sans la présence des principaux accusés.

Conséquence des mouvements dans les prisons, les témoignages des enquêteurs, initialement fixés aux premiers jours du procès, début mai, avaient été reprogrammés cette semaine. Mais ce nouveau calendrier avait provoqué la colère des principaux accusés qui avaient déserté leur box puis récusé leurs avocats.

A l'exception de Jacques Mariani, les huit autres accusés détenus refusent donc chaque matin de rejoindre le box de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Et seuls les cinq accusés qui comparaissent libres l’accompagnent sur les bancs.

Dès le début de l'audition de la directrice d'enquête, cette polémique a ressurgi quand, interrogée par les rares avocats de la défense encore présents, celle-ci a indiqué qu'elle et ses collègues étaient en fait disponibles pour témoigner quand la cour d’assises l'aurait souhaité, et qu'elle n'avait pas été contrainte de prendre ses congés en raison des Jeux Olympiques.

Les demandes de donner acte et de suspension de l’audience aussitôt formulées ont mis "en colère" le président de la cour: "J'ai été obligé de déplacer (les auditions) des policiers, il était impossible de déplacer l’ensemble des autres témoins", a répété Jean-Yves Martorano.

A la barre des témoins, l'enquêtrice, arrivée sur place une heure après les tirs, a ensuite détaillé la scène de crime: "Je soulève le drap qui recouvre la personne décédée et je reconnais immédiatement Antoine Quilichini, très connu de nos services".

Sur les écrans de la cour, les images retracent le guet-apens et montrent le corps d’Antoine Quilichini, mitraillé par une Kalachnikov : 23 orifices d’entrée, 17 de sortie, sa tête baigne dans une flaque de sang, une de ses mains est presque arrachée, sa Rolex a volé à plusieurs mètres.

Une haine viscérale
Sur la vidéo du parking de l’aéroport, la capitaine de police pointe la couverture rouge abandonnée par les secours venus prendre en charge Jean-Luc Codaccioni, puis le sac de macarons Ladurée que celui-ci rapportait de sa permission à Paris, pour positionner l'endroit où le tireur l'a rattrapé avant de l'abattre, de cinq projectiles.

La policière commente ensuite le double meurtre, filmé en direct. "Et là, hop, au moment où ils vont sortir, le tireur qui est assis sur un banc se lève, fait un signe de la main à son complice qui positionne la Golf dans le rond-point et part en courant vers Codaccioni et Quilichini".

Evoquant les antagonismes entre clans criminels corses, elle assure que les enquêteurs n'ont pas immédiatement suspecté les frères Guazzelli: "Ils traficotent la drogue, on ne leur voit pas la carrure pour aller tuer quelqu'un en plein jour, mais quand on décrypte les téléphones cryptés, on découvre une haine viscérale", explique-t-elle, annonçant les prochains jours de débat qui vont se concentrer sur les textos interceptés par les policiers.