Corse Net Infos - Pure player corse

Procès de Rédoine Faïd à Paris : "Moi je pense que t'as rien à faire là" a affirmé un policier à Jacques Mariani


CNI avec AFP le Jeudi 14 Septembre 2023 à 17:35

"Moi je pense que t'as rien à faire là". Au procès de Rédoine Faïd à Paris, ces mots prononcés pendant une suspension d'audience par un haut responsable de la police à Jacques Mariani, ont ulcéré la cour d'assises.



L'enquêteur à la barre jeudi était, en juillet 2018, le patron de la police judiciaire de Versailles, qui a mené les investigations après l'évasion de Rédoine Faïd de la prison de Réau.
Avant qu'il ne quitte la salle à la fin de son audition, l'avocate de Jacques Mariani, figure du grand banditisme corse jugé avec Rédoine Faïd pour un précédent projet d'évasion, lui demande s'il peut répéter devant la cour l'échange qu'il a eu avec son client la veille.


Debout dans le box, Jacques Mariani trépigne.
"Jacques, je le connais bien... il m'a fait un grand sourire, il m'a coincé au virage du box", commence le haut responsable en costume. "Il me dit : tu peux leur dire que j'ai pas d'implication ?"
"Je lui dis: pour moi, t'as rien à voir là-dedans", raconte l'enquêteur.
"Bah dis-leur, toi, à la cour, ils vont te croire", avait relancé Jacques Mariani.


Surexcité dans le box, le Corse de 57 ans confirme à renforts de grands gestes.
La présidente Frédérique Aline, elle, n'en revient pas. "Pourquoi vous lui dites ça, sur quoi vous fondez-vous ?"
"Sur un sentiment personnel", répond l'enquêteur, un peu gêné.
La magistrate s'insurge. "À juste titre, M. Mariani vous a demandé de répéter, c'est suffisamment grave et important".
"Vous vous rendez compte de la portée que peuvent avoir ce genre de propos sur un accusé?", poursuit-elle, rappelant que ce renvoi devant la cour d'assises n'arrive pas de nulle part, mais au terme d'une longue procédure d'instruction.
Jacques Mariani est soupçonné d'avoir accepté d'aider Rédoine Faïd pour un précédent projet d'évasion, en 2017, en échange d'assassinats ciblés de membres d'un clan corse rival qu'il tenait pour responsable de la mort de son père.


La présidente demande au haut responsable s'il a travaillé sur ce volet de l'affaire. Il confirme que non.
"Alors pourquoi émettez-vous cet avis devant la cour d'assises ?".
"C'est le jeu, avec les malfaiteurs...", tente le policier face à la présidente incrédule: "mais là on n'est pas en train de jouer", s'emporte-t-elle.
"Je n'aurais pas dû prononcer ces mots-là", finit-il par reconnaître. "Je n'ai aucun élément".