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"On a pu craindre le pire, même des morts" : le SGP Unité Police demande des renforts "sérieux" en Corse


Julia Sereni le Mercredi 13 Avril 2022 à 17:42

Une délégation du syndicat SGP Unité Police, majoritaire au sein de la profession, est en déplacement en Corse. Après les violents affrontements en marge des manifestations de soutien à Yvan Colonna, les cadres du syndicat sont venus soutenir leurs collègues et demander un renfort des effectifs.



Les cadres du syndicat SGP Unité Police, au commissariat d'Ajaccio. Photo : Michel Luccioni
Les cadres du syndicat SGP Unité Police, au commissariat d'Ajaccio. Photo : Michel Luccioni
« On a pu craindre le pire, même des morts. » Le souvenir des manifestations de soutien à Yvan Colonna, et, surtout, des affrontements dont elles ont été le théâtre, est encore vivace pour Dominique Mesquida, responsable CRS pour la zone sud du syndicat SGP Unité Police. Avec un point culminant, la « bataille de Bastia », suite à la manifestation du 13 mars dernier, un épisode « d’une intensité assez rare » pour le responsable syndical. C’est donc d’abord pour apporter leur soutien aux forces de l’ordre insulaires que plusieurs cadres du syndicat ont fait le déplacement, le 12 avril à Bastia, le 13 à Ajaccio.

Des demandes depuis plusieurs mois

Mais aussi et surtout, pour demander des renforts « sérieux » d’effectifs dans les deux villes. « On a eu un premier engagement d’une dizaine de fonctionnaires, mais il faut au moins une vingtaine de policiers supplémentaires à Ajaccio, c’est un minimum pour travailler, et deux compagnies de CRS, parce qu’on était arrivés à une seule pour toute la Corse », explique Bruno Bartoccetti, délégué de la zone Sud. Le syndicat avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a quelques mois.

« À Ajaccio, on nous avait promis l’arrivée de 9 collègues pour la brigade de nuit, plus 3 'sorties d’école', et on se retrouve avec 3 effectifs en moins, donc on est très inquiets. La nuit, nous avons une police secours à 3 fonctionnaires pour 71 000 habitants , c’est trop peu », détaille Pierre Azema, délégué départemental pour la Corse-du-Sud. Les récents évènements ont « confirmé » l’urgence de la situation. « On ne peut pas se contenter de travailler avec les renforts du continent qui souvent tardent à venir dans les moments difficiles. Il en va du service public toute l’année », souligne Bruno Bartoccetti.

« On ne peut pas faire l’économie d’une assurance tous risques »

Si de tels événements de violence restent épisodiques, les représentants considèrent tout de même que des renforts sont nécessaires en permanence. Reprenant le propos du secrétaire général Grégory Joron, Alain Vastel, Secrétaire national en charge des CRS, explique : « C’est le principe des assurances automobiles. On peut circuler avec une assurance au tiers, et on peut circuler avec une assurance tous risques. Sur les dispositifs de sécurité, on ne peut pas faire l’économie d’une assurance tous risques ». D’autant que la situation de la Corse est particulière. « L’insularité fait qu’on ne peut opérer de la même manière que sur le continent, en raison de l’acheminement des forces et des véhicules », indique Alain Vastel.
 
« Monsieur Darmanin a fait le tour de France et a renforcé pas mal de commissariats. On a du mal à comprendre pourquoi il n’y a pas eu un regard appuyé à l’endroit de la Corse. Même s’il y a eu un renfort à Bastia, c’est insuffisant et Ajaccio, c’est catastrophique », conclut Bruno Bartoccetti. Les représentants syndicaux attendent donc désormais des actes.