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Nouveau bâtonnier de Bastia, Benoît Bronzini de Caraffa, avocat et vigneron


David Ravier le Dimanche 11 Juin 2023 à 18:57

Après avoir été membre du conseil de l'ordre des avocats de Bastia, syndicaliste mais également vigneron, Benoît Bronzini de Caraffa s'apprête à devenir à 49 ans le nouveau bâtonnier du Barreau de la ville.



Benoît Bronzini de Caraffa, le nouveau bâtonnier de l'ordre des avocats de Bastia.
Benoît Bronzini de Caraffa, le nouveau bâtonnier de l'ordre des avocats de Bastia.
Benoît Bronzini de Caraffa n'est pas du genre à se livrer facilement. Assis dans son fauteuil, le futur bâtonnier de l'Ordre des avocats relate timidement son parcours de vie. Cet acharné de travail, qui se lasse rapidement et qui a toujours besoin d'être occupé, a été élu le 25 mai 2023 nouveau bâtonnier de l'Ordre des avocats de Bastia pour la période 2024/2025. Il se formera auprès de l'actuel bâtonnier, Jean-François Filippini, avant de lui succéder le 1er janvier 2024.
 
Pour l’avocat de 49 ans, ce mandat de bâtonnier « va dans la logique de quelqu’un qui s’intéresse aux affaires politiques ». Avant de se présenter à cette élection en 2022, Benoît Bronzini de Caraffa avait déjà été élu en tant que membre du conseil de l’ordre des avocats en 2008, avant de se consacrer quelques années plus tard à la défense de ses confrères en devenant syndicaliste. Pour ce boulimique de travail devenu amoureux du droit sur le tard, cette nouvelle charge lui permettra de faire rentrer sa profession dans la modernité.
Depuis les lois Macron de 2015 sur l’exercice des professions libérales, le métier d’avocat a évolué vers de nouvelles activités, une vraie révolution qui a toujours du mal à être digérée. « Traditionnellement, l'avocat c'est celui qui porte la voix des gens en justice, mais c'est une vision classique des choses. Aujourd'hui, un avocat fait du conseil mais aussi de la rédaction d'actes. C'est très nouveau pour nous et il faut s'ouvrir à ça ». 
 
La première partie de la profession de foi du nouveau bâtonnier concerne cette ouverture aux yeux du grand public. Me Bronzini de Caraffa, qui voit d’un bon œil cette évolution du métier, souhaite inciter ses collègues à mettre en avant ces nouvelles activités qui ne sont pas forcément connues du grand public. « Tout cela est tellement nouveau pour nous que cela signifie que nous devons mettre à jour notre déontologie et la manière dont nous nous organisons ».
Les deux autres aspects mis en avant par le nouveau bâtonnier pour son élection correspondent à une meilleure gestion financière de l’ordre des avocats et un renforcement de la cohésion au sein de cette profession pour qui « la solidarité n’est pas un vain mot » selon son nouveau référent.
 
Un métier qui lui coule dans les veines

Ce désir de rendre la justice, il l’a développé en vivant en Corse, île sur laquelle il n’est pas né mais où il vit depuis l’âge de deux ans. « Quand on est très jeune, on pense qu'on va pouvoir changer les choses dans le pays dans lequel on vit, se remémore le bâtonnier. Je me suis éveillé à la politique lors de la guerre entre les nationalistes, où il y avait un mort par jour. Forcément, ça marque un peu et on se dit qu'on pourrait peut-être y changer quelque chose ». Sa manière de faire bouger les choses en Corse, Benoît Bronzini de Caraffa la pratique en défendant ses habitants dans les tribunaux.
 
En endossant le rôle de bâtonnier, Benoît Bronzini de Caraffa prolonge un héritage familial qu’il n’avait initialement pas prévu de suivre. Car si le droit n'est pas sa vocation première, elle n'est pas pourtant pas chose inédite dans sa famille, puisque bon nombre de ses ancêtres, dont le premier fut Antoine-Sebastien Caraffa, était lui-même avocat à Bastia en 1797. D’ailleurs, le cabinet qu’il occupe sur le boulevard Paoli était déjà celui dans lequel travaillait son grand-père. 

Tableau des anciens avocats et bâtonniers inscrits au barreau de Bastia du 18e et 19e siècle, où figurent les ancêtres de Benoît Bronzoni de Caraffa.
Tableau des anciens avocats et bâtonniers inscrits au barreau de Bastia du 18e et 19e siècle, où figurent les ancêtres de Benoît Bronzoni de Caraffa.
Pourtant Benoît voulait embrasser une carrière différente de sa lignée et se voyait plutôt exercer le métier d’officier de sapeur-pompier. Une fois son bac en poche, il s’envole pour Paris pour faire ses études. Durant une année entière, il se prépare à un concours qu’il n’arrivera pas à décrocher. Ne sachant plus trop quoi faire, le jeune homme s’inscrit ensuite en école de droit à La Sorbonne puis à Assas, caresse le rêve de devenir professeur d’université avant que ses envies ne le portent vers le métier d’avocat. 
 
L’amour du vin, son autre passion
 

Durant sa parenthèse estudiantine à Paris qui a duré quasiment dix ans, il n’y a que deux évènements marquants qui ont forgé l’homme qu’il est devenu. Le premier, c'est sa rencontre avec sa future épouse Marina, d’un an sa cadette, qui étudiait comme lui au lycée Jeanne d'Arc de Bastia mais à qui il n'avait jamais adressé la parole avant d'arriver dans la capitale. La seconde, c’est sa découverte du vin avec un ami alors qu'il était étudiant, un produit dont il se passionnera au point d’y consacrer une grande partie de son temps libre.
 
"J'ai dit à mon épouse que j'aurai un jour un domaine, rappelle l'avocat. Il y a eu une opportunité qui s'est présentée en 2007, un petit domaine à vendre que nous avons décidé de racheter." Le couple achète le domaine de Marengo, situé à Barbaggio, au cœur du vignoble de Patrimonio. Aidé uniquement par son épouse, il gère cette petite exploitation d'un hectare capable de produire 4 000 bouteilles par an. Alliant sa passion pour le vin et son amour pour la lecture, Benoît Bronzini de Caraffa étudie l'œnologie sous toutes ses formes et finit par décrocher son brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) viticulture-oenologue en 2013.
 
Près de 20 ans après son retour à Bastia pour sa prestation de serment le 24 mars 2003, le nouveau bâtonnier fait le bilan de tout ce qu’il a accompli, de son premier stage en tant qu’avocat jusqu’à devenir le porte-parole de ses confrères: « c'est une profession que j'ai choisie par défaut mais je ne me verrais pas en faire une autre ».