« Cette session s’ouvre dans un contexte où les questions internes et européennes s’imbriquent ». Dans son allocution d’ouverture de la dernière session de l’Assemblée de Corse avant la pause estivale, la présidente Nanette Maupertuis revient sur le processus de dialogue et de négociation engagé depuis 2022 avec l’Etat afin de définir un statut d’autonomie. « Nous sommes arrivés à un point important de notre histoire institutionnelle », mais, ajoute-t-elle, « ce processus, que nous avons toujours voulu construire, s’insère dans une dynamique plus large, celle des territoires européens qui cherchent à obtenir des convergences économiques et la reconnaissance de leurs particularités ». Elle évoque un document européen dans lequel le Commissaire Raffaele Fitto explicite la nécessité d’agir en faveur des îles face aux difficultés qu’elles subissent de par leur simple isolement géographique. « Il s’avère que nous sommes aujourd’hui, au niveau européen, à la croisée des chemins. En Europe, les débats autour du futur budget pluriannuel post-2027 se précisent. Alors que mercredi 16 juillet, le commissaire européen au Budget, Piotr Serafin, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont proposé un cadre financier pluriannuel de 2 000 milliards d’euros, la présentation de la structure de ce plan - pour la programmation à venir, 2028-2034, a déclenché une vague de réactions et confirmé beaucoup d’inquiétudes ».
Des signaux alarmants
La présidente Maupertuis explique que, derrière les discours d’harmonisation et de compétitivité, de défense, de sécurité que tient Bruxelles, émergent « des signaux alarmants quant au sort réservé aux régions, aux réalités locales et notamment quant à la place réelle qui sera accordée aux territoires les plus vulnérables – et notamment, parmi eux, les îles ». Elle affirme clairement que « la perspective d’un resserrement budgétaire, à l’échelle européenne, et d’une recentralisation nationale pour la gestion des crédits aura des conséquences directes sur la politique de cohésion, sur l’ensemble des financements destinés au développement régional, et sur la politique agricole commune. Dans ce scénario, indiscutablement, les îles seront perdantes ». Alors que, ajoute-t-elle, l’insularité appelle « des réponses ciblées, différenciées, la standardisation croissante des instruments européens, telle qu’elle est prévue au moment où on se parle, ne peut être la solution et menace de marginaliser davantage nos territoires ». Pour elle, au-delà des chiffres, il y a des réalités concrètes : « celle de l’insularité vécue par 20 millions d’Européens. Nous savons combien les contraintes propres aux îles – en matière de transport, d’énergie, d’accès aux soins ou encore d’opportunités économiques – requièrent une politique cohérente, ambitieuse, et pleinement adaptée ».
L’enjeu d’une singularité
Cette parole, Nanette Maupertuis l’a portée non seulement au Comité européen des Régions en tant que représentante de la Corse, mais aussi au Parlement européen le 15 juillet dernier en tant que Présidente de la Commission des îles de la CRPM, et, plus récemment, auprès de la fondation Schuman. « J’y ai systématiquement rappelé que la reconnaissance formelle des spécificités insulaires ne saurait suffire si elle n’est pas suivie d’effets dans les arbitrages politiques et financiers. Les fonds structurels sont mobilisés, mais ils sont soumis à des règles standardisés, parfois déconnectées des particularismes géographiques, culturel, économiques des îles, comme la Corse ». Et dans ce contexte tendu, lance-t-elle aux élus corses, « notre responsabilité est grande. Car dans le cadre du projet d’autonomie qui est le nôtre, fondé sur la confiance et la responsabilité, il faut s’assurer que la déclinaison et les outils soient à la hauteur de l’ambition. Nous ne pouvons pas penser l’autonomie sans penser priorités, compétences, ressources, et sans réinsérer ce débat dans le contexte actuel européen ». Ce qui est en jeu, affirme-t-elle, « ce n’est pas seulement une reconnaissance institutionnelle. C’est aussi une reconnaissance humaine et territoriale. Une reconnaissance de ce que nous sommes, ici, sur une terre d’histoire et de volonté. Une île reconnue dans sa singularité, mais aussi une île au cœur d’une Europe qui, parfois, nous regarde sans nous voir. Si pour 2028, nous attendons beaucoup de l’Europe, depuis 2022 nous attendons beaucoup d’un processus institutionnel visant à prendre la pleine mesure de notre réalité politique, économique, sociale et culturelle ».
Deux lignes distinctes
La présidente rentre, ensuite, dans le vif du sujet du dernier Comité Stratégique, qui s’est tenu, mardi soir à Paris en présence du ministre François Rebsamen en rappelant que le processus de Beauvau, « initié dans un contexte de crise sans précédent », après l’assassinat d’Yvan Colonna, « aura permis de faire prévaloir l’accord politique obtenu après plusieurs mois de travaux, entre 2022 et 2024, ici et à Paris. Le 30 juillet prochain, le gouvernement devrait donner officiellement le top départ pour la révision constitutionnelle. Il le fera sur la base des écritures constitutionnelles votées dans cet hémicycle. Cela était, de notre point de vue, non négociable ». Elle prévient que « le déni démocratique ne peut être la constante réponse de l’Etat vis-à-vis de la Corse. Et là où les forces rétrogrades cherchent, à chaque étape de ce long chemin, à nous rapporter en arrière, nous opposons, et nous opposerons, de manière systématique, notre ligne claire et déterminée ». Elle identifie deux lignes antagonistes : « La ligne de ceux qui affirment qu’une évolution institutionnelle est nécessaire pour permettre à cette terre et à ce peuple d’envisager une trajectoire de développement plus harmonieuse et respectueuse de notre identité et de notre environnement. La ligne de ceux qui ont fait le choix de la démocratie et continuent de croire qu’on ne peut constamment bafouer le projet validé par les Corses ». En clair, la ligne des nationalistes qu’elle oppose à « la ligne de ceux qui font le pari un peu fou de l’audace pendant que certains s’enlisent dans le conservatisme et les visions archaïques ». Sans citer personne, mais, dans le débat qui a suivi sur le sujet, la droite s’est sentie visée par ces propos et a riposté.
Rien n’est acquis !
Nanette Maupertuis reconnait qu’à cette heure, « rien n’est acquis, rien n’est joué. A partir du 30 juillet, la partie se jouera ailleurs, ce qui explique l’esprit d’extrême vigilance qui nous anime ». Comme le président de l’Exécutif et les nationalistes le feront à sa suite, elle martèle : « Nous ne nous laisserons pas déposséder d’une histoire et d’un projet qui sont les nôtres. Nous attendons, donc, des semaines et des mois de négociations, mais aussi de pédagogie, certainement complexes et difficiles, à l’échelle européenne mais aussi française. Mais, comme je le disais, en élus responsables, nous irons convaincre et nous nous opposerons à toute tentative de retour en arrière ». Et la présidente de l’Assemblée de Corse de conclure : « Alors que nous nous apprêtons à célébrer les 50 ans d’Aleria, il me semble que nous le devons à ceux qui se sont réveillés il y a plus d’un demi-siècle quand tant d’autres nous voulaient endormis et serviles. Nous le leur devons, comme nous le devons à ceux qui viendront ».
N.M.
Des signaux alarmants
La présidente Maupertuis explique que, derrière les discours d’harmonisation et de compétitivité, de défense, de sécurité que tient Bruxelles, émergent « des signaux alarmants quant au sort réservé aux régions, aux réalités locales et notamment quant à la place réelle qui sera accordée aux territoires les plus vulnérables – et notamment, parmi eux, les îles ». Elle affirme clairement que « la perspective d’un resserrement budgétaire, à l’échelle européenne, et d’une recentralisation nationale pour la gestion des crédits aura des conséquences directes sur la politique de cohésion, sur l’ensemble des financements destinés au développement régional, et sur la politique agricole commune. Dans ce scénario, indiscutablement, les îles seront perdantes ». Alors que, ajoute-t-elle, l’insularité appelle « des réponses ciblées, différenciées, la standardisation croissante des instruments européens, telle qu’elle est prévue au moment où on se parle, ne peut être la solution et menace de marginaliser davantage nos territoires ». Pour elle, au-delà des chiffres, il y a des réalités concrètes : « celle de l’insularité vécue par 20 millions d’Européens. Nous savons combien les contraintes propres aux îles – en matière de transport, d’énergie, d’accès aux soins ou encore d’opportunités économiques – requièrent une politique cohérente, ambitieuse, et pleinement adaptée ».
L’enjeu d’une singularité
Cette parole, Nanette Maupertuis l’a portée non seulement au Comité européen des Régions en tant que représentante de la Corse, mais aussi au Parlement européen le 15 juillet dernier en tant que Présidente de la Commission des îles de la CRPM, et, plus récemment, auprès de la fondation Schuman. « J’y ai systématiquement rappelé que la reconnaissance formelle des spécificités insulaires ne saurait suffire si elle n’est pas suivie d’effets dans les arbitrages politiques et financiers. Les fonds structurels sont mobilisés, mais ils sont soumis à des règles standardisés, parfois déconnectées des particularismes géographiques, culturel, économiques des îles, comme la Corse ». Et dans ce contexte tendu, lance-t-elle aux élus corses, « notre responsabilité est grande. Car dans le cadre du projet d’autonomie qui est le nôtre, fondé sur la confiance et la responsabilité, il faut s’assurer que la déclinaison et les outils soient à la hauteur de l’ambition. Nous ne pouvons pas penser l’autonomie sans penser priorités, compétences, ressources, et sans réinsérer ce débat dans le contexte actuel européen ». Ce qui est en jeu, affirme-t-elle, « ce n’est pas seulement une reconnaissance institutionnelle. C’est aussi une reconnaissance humaine et territoriale. Une reconnaissance de ce que nous sommes, ici, sur une terre d’histoire et de volonté. Une île reconnue dans sa singularité, mais aussi une île au cœur d’une Europe qui, parfois, nous regarde sans nous voir. Si pour 2028, nous attendons beaucoup de l’Europe, depuis 2022 nous attendons beaucoup d’un processus institutionnel visant à prendre la pleine mesure de notre réalité politique, économique, sociale et culturelle ».
Deux lignes distinctes
La présidente rentre, ensuite, dans le vif du sujet du dernier Comité Stratégique, qui s’est tenu, mardi soir à Paris en présence du ministre François Rebsamen en rappelant que le processus de Beauvau, « initié dans un contexte de crise sans précédent », après l’assassinat d’Yvan Colonna, « aura permis de faire prévaloir l’accord politique obtenu après plusieurs mois de travaux, entre 2022 et 2024, ici et à Paris. Le 30 juillet prochain, le gouvernement devrait donner officiellement le top départ pour la révision constitutionnelle. Il le fera sur la base des écritures constitutionnelles votées dans cet hémicycle. Cela était, de notre point de vue, non négociable ». Elle prévient que « le déni démocratique ne peut être la constante réponse de l’Etat vis-à-vis de la Corse. Et là où les forces rétrogrades cherchent, à chaque étape de ce long chemin, à nous rapporter en arrière, nous opposons, et nous opposerons, de manière systématique, notre ligne claire et déterminée ». Elle identifie deux lignes antagonistes : « La ligne de ceux qui affirment qu’une évolution institutionnelle est nécessaire pour permettre à cette terre et à ce peuple d’envisager une trajectoire de développement plus harmonieuse et respectueuse de notre identité et de notre environnement. La ligne de ceux qui ont fait le choix de la démocratie et continuent de croire qu’on ne peut constamment bafouer le projet validé par les Corses ». En clair, la ligne des nationalistes qu’elle oppose à « la ligne de ceux qui font le pari un peu fou de l’audace pendant que certains s’enlisent dans le conservatisme et les visions archaïques ». Sans citer personne, mais, dans le débat qui a suivi sur le sujet, la droite s’est sentie visée par ces propos et a riposté.
Rien n’est acquis !
Nanette Maupertuis reconnait qu’à cette heure, « rien n’est acquis, rien n’est joué. A partir du 30 juillet, la partie se jouera ailleurs, ce qui explique l’esprit d’extrême vigilance qui nous anime ». Comme le président de l’Exécutif et les nationalistes le feront à sa suite, elle martèle : « Nous ne nous laisserons pas déposséder d’une histoire et d’un projet qui sont les nôtres. Nous attendons, donc, des semaines et des mois de négociations, mais aussi de pédagogie, certainement complexes et difficiles, à l’échelle européenne mais aussi française. Mais, comme je le disais, en élus responsables, nous irons convaincre et nous nous opposerons à toute tentative de retour en arrière ». Et la présidente de l’Assemblée de Corse de conclure : « Alors que nous nous apprêtons à célébrer les 50 ans d’Aleria, il me semble que nous le devons à ceux qui se sont réveillés il y a plus d’un demi-siècle quand tant d’autres nous voulaient endormis et serviles. Nous le leur devons, comme nous le devons à ceux qui viendront ».
N.M.
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