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Michel Castellani : « Nous ne lâcherons rien ! La Corse ne demande pas l’aumône, mais ce qui lui est du ! »


Nicole Mari le Dimanche 22 Octobre 2017 à 20:31

Ne rien lâcher ! C’est l’état d’esprit des députés nationalistes dont les amendements concernant notamment les ressources financières de la Collectivité unique ont été rejetés samedi soir, lors de la séance nocturne de l’Assemblée nationale consacrée à l’examen de la première partie du projet de loi de finances 2018. Le ministre en charge de l'action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a déclaré qu'un "accord était proche", mais, a renvoyé, dans le même temps, les décisions au projet de loi de finances rectificative, prévu fin novembre, tout en avouant attendre le résultat des élections territoriales de décembre. Explications, pour Corse Net Infos, du député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, Michel Castellani. Extraits de son intervention en vidéo et réponse du ministre Darmanin.



Michel Castellani, député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, lors de son intervention à l'Assemblée nationale.
Michel Castellani, député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, lors de son intervention à l'Assemblée nationale.
Le projet de loi de finances 2018, examiné cette semaine à l’Assemblée nationale, n’aura pas permis de lever le doute qui pèse sur le futur budget de la collectivité unique. On le sait, depuis la rencontre place Beauvau en octobre dernier, entre les élus de la Corse et le ministre des comptes publics Gerald Darmanin, plusieurs questions sont demeurées en suspens. Parmi elles, le concours financier de l’Etat ou le fonds de péréquation avait, alors, renvoyé au projet de loi de finances 2018. Au Palais Bourbon, les trois députés nationalistes ont, donc, tenté d’inverser le cours des choses en déposant une série d’amendements liés à la dotation de continuité territoriale, au transfert de la fiscalité du tabac, ou encore à un taux dérogatoire appliqué à la Corse, comme à l’Outre-mer, en matière de crédit d’impôt-recherche et crédit d’impôt-dérogation. Ces amendements ont été purement et simplement rejetés. Ils seront, toutefois, à nouveau examinés à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances rectificative, prévu fin novembre.

Extrait de l'intervention de Michel Castellani à l'Assemblée nationale

- Quels amendements avez-vous déposé ?
- Nous avions déposé toute une série d’amendements larges concernant France Télévision, les chambres de commerce, les agences de l’eau, le fonds national du sport, la contractualisation Etat-communes dans le plan climat… Et surtout, évidemment, tous les amendements concernant la Corse. A la suite des négociations avec Matignon qui n’ont rien donné lors de deux réunions, il s’agissait de rouvrir le livre à travers une série d’amendements dans un certain nombre d’affaires. D’abord, concernant les finances de la collectivité unique où le compte n’y est pas entre le fait de prendre la Corse en son unité ou en deux départements différents. Budgétairement, il manque déjà un paquet de millions ! Ensuite, le problème de l’intégration ou pas de la continuité territoriale dans le calcul de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) transférée à la Corse. Enfin, le problème des tabacs.
 
- Comment s’est passé le débat ?
- Je n’ai rien lâché ! Je me suis fait un devoir d’être le plus efficace possible ! J’ai bataillé pied à pied sur tous les amendements ! Nous avons obtenu une demi-ouverture. Pour la première fois, au lieu de tout refuser en bloc, le gouvernement, par la voie du ministre Darmanin, nous a donné rendez-vous au mois de novembre lors de l’examen du budget rectificatif. Nous verrons, à ce moment-là, si cette proposition est une façon de dégager en touche ou si elle est sérieuse !
 
- Pour l’instant, le gouvernement n’a rien lâché, ce n’est pas bon signe ?
- Non ! Mais, nous, non plus, nous ne lâchons rien ! J’ai répondu à Darmanin : « Je prends acte ! Je constate, aussi, qu’aucune des propositions, que nous avons faites, n’a trouvé grâce à vos yeux ! Dans une démocratie, on parle démocratique ! Nous sommes légitimes pour parler au nom de la Corse. Je sais que vous attendez le résultat des élections de décembre. Sans préjuger de ce résultat, je le dis devant le gouvernement et la représentation nationale, nous prendrons acte des choses au mois de janvier. A vous aussi de prendre acte ! Vous me donnez rendez-vous au mois de novembre, moi, je vous donne rendez-vous au mois de janvier ! ». Une façon de leur dire que c’est le peuple qui tranchera entre notre main tendue et leur politique obstructive.
 
- Le gouvernement ne lâche rien pour les autres régions non plus. Ce refus n’est-il pas général ?
- C’est vrai ! Les députés ont déposé 1400 amendements ! La politique macroniste consiste à ne rien lâcher à personne. Et puis, il y a le cas particulier de la Corse. A travers les contacts que je peux avoir avec les ministres ou le gouvernement, j’ai le sentiment qu’il y a dans la majorité présidentielle, deux tendances : une qui joue le front républicain, « Tout en Corse, sauf les Nationalistes ! », une autre qui n’est pas d’accord avec cette stratégie de fermeture.
 
- Le combat continue ?
- Bien sûr ! Nous continuerons à plaider. Nous ne sommes pas en train de demander l’aumône à Paris, mais ce qui nous est du ! Nous ne faisons que demander des contreparties financières à des handicaps patents et aux compétences que la Corse a obtenues et qui lui coûtent cher. C’est une question de justice ! Le temps où les députés de la Corse étaient inaudibles, le temps où ils acceptaient sans contrepartie les fins de non-recevoir, c’est-à-dire qu’ils trahissaient la confiance et les intérêts des gens qui avaient voté pour eux, ce temps-là est terminé ! Jamais, je n’aurais voté la fin des Arrêtés Miot sans contrepartie ! J’ai commencé mon intervention en prévenant que je parlais au nom de la Corse. J’ai fait des promesses à mes électeurs et je n’ai pas le droit de trahir leur confiance.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

La réponse du ministre Darmanin