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Marie-Hélène Lecenne : « Nous ne voulons pas fermer la maternité de Porto-Vecchio, nous voulons la faire évoluer »


le Lundi 11 Septembre 2023 à 21:07

À la veille d'une mobilisation importante face à la perspective de voir la maternité de la clinique de l'Ospedale transformée en simple centre de périnatalité, la directrice de l'ARS a assuré lors d'une conférence de presse ce lundi qu'il « sera toujours possible d’accoucher à Porto-Vecchio ». Selon elle, le but n'est en effet pas de fermer la structure, mais de l'intégrer dans un dispositif inédit et hybride qui intégrerait uune logique de santé globale de la femme, afin de mieux répondre aux enjeux du territoire



Marie-Hélène Lecenne
Marie-Hélène Lecenne
C’est une mobilisation sans précédent qui s’annonce ce mardi à Porto-Vecchio. Alors que les personnels des urgences et de la maternité de la clinique de l’Ospedale seront en grève, les médecins libéraux, mais aussi les élus du territoire ne recevront pas le public durant plusieurs heures en soutien à l’établissement sur lequel pèse depuis plusieurs la menace d’une fermeture au  profit de la création d’un centre périnatal de proxImité. En amont de ce mouvement, la directrice générale de l’Agence Régionale de Santé de Corse (ARS), Marie-Hélène Lecenne, tenait une conférence de presse ce lundi soir afin de clarifier la position de l’agence. « Nous ne voulons pas fermer la maternité, nous voulons la faire évoluer », pose-t-elle d’emblée en concédant que le projet de Schéma Régional de Santé, en cours de consultation, qui dessine effectivement un objectif de restructuration de la maternité « éventuellement en Centre Périnatal de Proximité (CPP) » a pu « donner lieu à une incompréhension ». 
 
« Ce que nous devons créer sur l’Extrême-Sud, c’est une réponse à des besoins qui ne peut se réduire à la seule obstétrique. Nous savons qu’il faut que nous maintenions une capacité de pratiquer des accouchements, mais notre logique c’est vraiment d’aller vers une approche globale de la santé de la femme, de la mère et de l’enfant », explique-t-elle en développant : « Nous voudrions développer une offre complètement atypique pour laquelle il n’existe pas aujourd’hui de cadre au niveau national. Nous voudrions faire un CPP qui fait des accouchements, ou une maternité qui fasse aussi des missions de CPP ». Alors que la maternité de Porto-Vecchio comptabilise 277 accouchements annuels, la directrice générale de l’ARS rappelle en effet qu’y adjoindre les missions d’un CPP, plus larges que celles d’une simple maternité, permettrait de proposer des prestations supplémentaires dans un territoire où les besoins sont importants. « Avec un CPP, on s’adresse aux adolescentes en matière de contraception, aux femmes pour leur suivi gynécologique, mais aussi aux femmes enceintes, aux mères, et plus largement aux parents car on intègre tout ce qui touche au programme 1000 premiers jours… », détaille-t-elle.

" Il est très difficile d’envisager qu’on ne puisse plus pratiquer d’accouchement sur Porto-Vecchio "

Dans le même temps, Marie-Hélène Lecenne l’assure, « il sera toujours possible d’accoucher à Porto-Vecchio ». « La pratique de l’obstétrique ne s’arrêtera pas », insiste-t-elle en dévoilant que l’ARS fait partie d’un groupe de travail au niveau national dans lequel elle s’astreint à faire valoir la spécificité de l’Extrême-Sud de la Corse. « Nous avons creusé plusieurs hypothèses, mais on voit qu’à 2h30 de route de Bastia et d’Ajaccio il est très difficile d’envisager qu’on ne puisse plus pratiquer d’accouchement sur Porto-Vecchio », relève-t-elle en reprenant : « Nous serons amenés à avoir une organisation qui continue de pratiquer des accouchements, mais ce ne sera probablement pas une maternité comme on a la connaît aujourd’hui, car elle intégrera des missions complémentaires ». 
 
Face aux nombreuses inquiétudes qui font jour de voir les urgentistes devoir assurer les accouchements en cas de transformation de la maternité de la clinique de l’Ospedale en CPP, la directrice de l’ARS se veut également rassurante. « Nous ne sommes pas forcément dans cette voie-là, d’une part parce que l’on sait que selon les conditions météos, on ne peut pas toujours assurer la prise en charge d’une réorientation sur Ajaccio, mais aussi en raison de la saisonnalité qui crée une situation où les urgentistes on a une activité très soutenue entre avril et novembre », pose-t-elle, « Cette piste est évoquée au niveau national, mais dans les remarques que l’ARS a pu formuler, nous avons dit que sommes plutôt en faveur d’une autre organisation où ce ne sont pas les urgentistes qui prennent le relais ». 
 
De facto, selon la directrice de l’ARS, ce projet chercherait uniquement « à apporter du plus ». « Là où les élus et la direction de la clinique expriment des inquiétudes, c’est que ce cadre particulier n’existe pas encore », estime-t-elle en précisant que des travaux sont en cours au niveau national pour définir celui-ci. « Ce que nous cherchons, dans le cadre d’une réflexion nationale qui n’a pas encore atterri, c’est comment trouver des organisations hybrides entre maternité classique et CPP qui ne pratiquent pas d’accouchement. Le rôle de l’ARS est de travailler à faire reconnaître ce cadre, et derrière d’apporter de la sérénité à la clinique. Au titre de l’année 2023, l’ARS est au rendez-vous du besoin de financement de la maternité, mais nous voudrions que notre projet atypique puisse être reconnu et du coup financé de manière sécure et pluriannuelle », livre-t-elleencore en concluant : « Notre objectif est de trouver le cadre qui convienne dans le cadre d’une négociation avec les acteurs du territoire, et ensuite de renouveler l’autorisation de soins dans ce nouveau cadre au cours de l’année 2024 ».