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Marché du chrysanthème : la "loi de la jungle" à Bastia


Livia Santana le Vendredi 1 Novembre 2019 à 17:49

Pour la Toussaint, le chrysanthème s'invite sur toutes les tombes mais aussi sur le bord des routes. Les fleuristes font face depuis quelques années à une concurrence accrue des grandes surfaces et des vendeurs "sauvages". CNI vous emmène dans les coulisses de la vente de ces fleurs ...



Le jour de la Toussaint, le chrysanthème est la fleur la plus vendue.
Le jour de la Toussaint, le chrysanthème est la fleur la plus vendue.
La semaine de la Toussaint, il est de tradition en Corse d'aller déposer chrysanthèmes et autres fleurs sur les tombes des défunts. 
Une fête autrefois importante pour les fleuristes qui réalisaient il y a moins d'une dizaine d'années, 30% de leur chiffre d'affaire annuel à cette période contre 10% à peine, aujourd'hui. Une époque révolue puisque la profession fait face à une forte concurrence des grandes surfaces et des "vendeurs sauvages".

"C'est la loi de la jungle"
Tout comme le muguet en mai, les chrysanthèmes n'échappent pas aux "vendeurs sauvages". Pour vendre des fleurs au bord des routes, il faut une autorisation de la mairie et être producteur. Bien souvent, ces vendeurs illégaux emploient des travailleurs non déclarés. Les fraudeurs encourent une peine de 6 mois d'emprisonnement et 3 750 € d'amende.

André Villa est fleuriste à Montesoro depuis 30 ans. Selon lui, les "vendeurs sauvages" enlèveraient 50% de ventes aux professionnels. Ce dernier dénonce les services de l'Etat qui n'effectuent pas assez de contrôles.
"Il faudrait que les services aillent plus souvent sur le terrain constater toutes les irrégularités, mais ils sont fermés le week-end. Il n'y a pas assez de sanctions. Et les chrysanthèmes ce n'est pas le pire, en mai pour le muguet c'est la catastrophe. C'est la loi de la jungle." 

Louise Nicolaï, présidente du syndicat régional des fleuristes de Haute-Corse, s'indigne quant à elle de la vente des chrysanthèmes dans les grandes surfaces qui prendrait 80% des parts du marché.
"On tire l'économie vers le bas, on veut des produits pas chers mais ce n'est plus de la qualité. Les centrales d'achat occasionnent des difficultés à notre profession. En Haute-Corse il y a 3 ou 4 producteurs de chrysanthèmes mais les supermarchés n'achètent pas chez eux"  affirme Louise Nicolai.


A Bastia, le plus gros vendeur de chrysanthèmes de France 
A partir de 6 heures ce vendredi matin, André et ses employés avaient déjà commencé à vendre des pots. En cette période, le fleuriste embauche trois personnes en plus. Il faut dire que sa boutique "Aux colonnes fleuries", écoule chaque année 4 000 pots. De ce fait, il est devenu, selon lui, le plus gros vendeur de chrysanthèmes de France. Un succès qui n'est pas aussi important pour la vingtaine de fleuristes présents à Bastia.
Il raconte :"Avec le débit que j'ai, j'arrive à vendre au même prix que les grandes surfaces, je ne gagne que deux euros par pots. Ce n'est pas avec cette fête que l'on fait vraiment des sous." 
Les revenus engendrés pendant ces quelques jours permettent, surtout, aux fleuristes de combler une période creuse allant d'août à octobre. 

Le panier moyen d'un client à la Toussaint est de 50€, il faut compter 7€ pour un pot de chrysanthèmes.
Le culte du souvenir a bien un prix.

Chaque année, André vend 4000 pots de chrysanthèmes, un record national.
Chaque année, André vend 4000 pots de chrysanthèmes, un record national.