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Marc-Antoine Leroy (PCF) : "Le vote pour la liste de Léon Deffontaines permettra aux Corses d'exprimer leur colère contre le mépris social"


MV le Jeudi 6 Juin 2024 à 11:05

Marc-Antoine Leroy est un de deux candidats corses sur la liste "Gauche Unie pour le monde du travail "conduite par Léon Deffontaines et soutenue par Fabien Roussel Secrétaire National PCF. Avec Véronique Paolantoni, autre candidate de la liste, il aspire à représenter une Corse en lutte pour une politique plus sociale en Europe et en France. Face aux politiques d'austérité et à la montée de l'extrême droite, Marc-Antoine Leroy appelle les insulaires à un vote clair et résolu pour une politique sociale et solidaire, tant au niveau européen que national.






Marc-Antoine Leroy, candidat corse PCF aux européennes
Marc-Antoine Leroy, candidat corse PCF aux européennes
- Pourquoi avez-vous décidé de vous engager sur la liste du Parti Communiste Français pour ces élections européennes ?
​- J'ai grandi dans une famille où, dès mon plus jeune âge, on m'a enseigné des valeurs de fraternité et de partage, et où l'on m'a fait comprendre l'importance du service public. J'ai adhéré au PCF en juin 2017, car il s’agissait du Parti qui correspondait le plus à mes valeurs. Entre-temps, j'ai eu la chance d'intégrer la coordination nationale du Mouvement Jeunes Communistes de France en tant que responsable des relations internationales. Cette position m'a notamment permis de rencontrer des jeunes engagés dans des organisations progressistes du monde entier et de participer à une délégation officielle en Israël et en Palestine à l'automne 2022.  Ma présence sur la liste « Gauche Unie pour le monde du travail » est pour moi une suite logique. Mon engagement sur cette liste reflète mon désir de lutter pour une Europe plus solidaire, respectueuse des droits des travailleurs et engagée en faveur de la paix, que ce soit à Gaza ou au Proche-Orient. 

- La liste communiste souhaite redonner un nouveau souffle à la gauche. Concrètement, quelles sont les mesures phares que vous proposez pour atteindre cet objectif ?
- Bien que Léon Deffontaines soit issu du PCF et que la liste « Gauche Unie pour le monde du travail » soit composée à un tiers de communistes, elle compte également un tiers de syndicalistes et un tiers de candidats issus d'autres forces de gauche, comme l'Engagement fondé par Arnaud Montebourg, la Gauche Républicaine et Socialiste de l'eurodéputé sortant Emmanuel Maurel, les Radicaux de Gauche, ou encore le MRC. Notre liste n'est pas une addition d'individualités, mais le fruit d'un travail collectif, riche et respectueux des différences de chacune et chacun. In fine, elle plante les graines d'une union de la gauche plus large. Nous souhaitons être une alternative, entre la gauche qui a déçu les français et celle qui les clivent. 

- Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels l'Europe est confrontée aujourd'hui, et comment le PCF propose-t-il de les relever ?
- On constate que de plus en plus de gens se désintéressent, voire se détournent de l'Union Européenne. Pendant des décennies, on nous a promis « l'Europe de la prospérité », mais désormais, pour beaucoup, l'Europe n'est synonyme que d'austérité budgétaire et de pauvreté. Aujourd’hui, un européen sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, en France, on compte 2 millions de travailleuses et travailleurs pauvres, soit 8% de l'ensemble des travailleuses et travailleurs du pays. Les gens ne peuvent plus vivre dignement de leur travail et voient les services publics se réduire comme une peau de chagrin. Cette situation ne fait qu'encourager l'abstention et renforcer les forces populistes, souvent situées à l'extrême-droite de l'échiquier politique. Certaines forces politiques souhaitent continuer sur cette voie libérale, ce qui favorise les nationalismes et le repli identitaire.  Avec le PCF et la liste « Gauche Unie pour le monde du travail », nous défendons l'idée d'une France souveraine dans une Europe solidaire. Nous prônons la coopération plutôt que la mise en concurrence. C'est pour cela que nous proposons aux électrices et aux électeurs de reprendre la main en France et en Europe. Nous voulons une UE qui défend les droits des travailleurs, qui assure une répartition équitable des richesses et qui renforce les services publics. Pour cela il nous faut notamment mettre un terme à un certain nombre de règles absurdes à commencer par celle des 3% de déficit public et celle de l’unanimité. 
 
- Comment pensez-vous que le PCF puisse défendre les intérêts des Corses au parlement européen ?
- Depuis plusieurs décennies, la Corse subit de plein fouet les politiques austéritaires et ultra-libérales imposées par l’Union Européenne. Permettre à la liste portée par Léon Deffontaines d’atteindre les 5%, c’est envoyer cinq élus combatifs qui auront à cœur de défendre les intérêts de celles et ceux qui produisent les richesses et qui sont, pour l’instant, bien trop souvent méprisés par l’Union Européenne.
La liste « Gauche unie pour le monde du travail » est l’une des seules, si ce n’est la seule à compter deux candidats corses : Véronique Paolantoni de l’Engagement, le mouvement fondé par Arnaud Montebourg et moi-même. Depuis le début de la campagne, nous nous sommes déplacés dans plusieurs villages, nous avons échangé avec des citoyens, des maires de toute la Corse, des représentants syndicaux, nous avons même pu échanger avec le directeur de l’AFPA de Corse. Notre liste aura à cœur de défendre leurs intérêts au parlement européen. 

- La Corse a des spécificités culturelles et économiques. Comment envisagez-vous de représenter et de défendre ces particularités au sein du Parlement européen ?
- L'Union Européenne n'en est pas à une contradiction près, d'un côté, elle donne l'impression de s'intéresser aux particularismes régionaux et de l'autre, elle plébiscite une forme de libéralisme sauvage qui tend à tout uniformiser, notamment en faisant la part belle à l’anglais, la langue du marché par excellence, au détriment des langues nationales et des langues régionales comme le corse ou le breton.  Même si nous ne sommes pas forcément favorables à la ratification de la Charte des Langues Minoritaires, nous sommes en revanche pour la défense de l’apprentissage des langues régionales au sein de l’enseignement public. 
Au-delà de ça, la Corse est une île de 8722M² et d’environ 35 000 habitants, elle ne pèse finalement pas grand chose dans cette Europe libérale qui a déjà coulé la SNCM et met les peuples en concurrence. Pour nous, défendre les particularités de la Corse, c’est avant tout cesser de voir la politique européenne à travers un prisme austéritaire et libéral et penser plutôt défendre la solidarité nationale et réfléchir à comment assurer l’équité qu’on soit dans une grande ville, une île ou une région montagneuse. C’est ce principe qui fait que chaque année, l’Etat dépense 500 millions d'euros pour que le prix du KW/H soit le même à Dunkerque et à Bonifacio.  

- Quels sont les enjeux spécifiques pour la Corse dans le cadre des politiques européennes, notamment en matière de services publics et de concurrence ?
- Si ces dernières années, les corses ont beaucoup entendu parlé de DSP (délégation de service public), c’est parce que l’Union Européenne la considère comme un frein à la concurrence libre et non faussée et que celle-ci aimerait à terme la voir disparaître. Le droit européen favorise toujours les entreprises dites low cost, c’est pour cette raison que la Collectivité de Corse va devoir verser 87M€ à Corsica Ferries dont les intérêts patrimoniaux sont basés en Suisse, sa structure opérationnelle en Italie et qui n'emploie aucun marin français, c’est toujours pour cela, que Volotea s’est positionné sur la DSP aérienne, menaçant ainsi des centaines d’emplois chez Air Corsica et Air France. La continuité territoriale est une conquête sociale obtenue en 1976 après des décennies de luttes, elle doit être préservée, car elle est un frein à la mise en concurrence de tous contre tous.
 
- Le PCF met en avant la nécessité de réduire la pauvreté et la précarité en Corse. Quelles actions spécifiques proposez-vous pour atteindre ces objectifs ?
- La Corse est une, si ce n’est la région la plus inégalitaire de France. Alors que le nombre de foyers insulaires concernés par l'Impôt sur la Fortune Immobilière a augmenté, qu’un consortium de patrons à la main mise sur la grande distribution, le transport et bien d’autres choses, 18,3% de la population corse vit sous le seuil de pauvreté. Dans sa dernière étude, l’INSEE alerte sur la cherté de la vie, les plus précaires subissent de plein fouet l’augmentation des prix du carburant, des produits de première nécessité, des loyers…  Nous sommes pour une plus juste répartition des richesses. Nous avons la conviction profonde que la Corse a plus que jamais besoin de plus de justice sociale, cela passe par de la transparence, faire en sorte que l’argent de la réfaction de TVA ne soit pas accaparé par les grands acteurs économiques dominants des secteurs clés de l’île, de lancer un programme ambitieux de logements sociaux afin de respecter la loi SRU et de permettre aux corses et notamment aux plus jeunes d’avoir accès au logement. 
 
- Quelle est votre position sur le statut d'autonomie de la Corse et le référendum proposé par le PCF ?
- Vous l’avez mentionné dans votre question : nous souhaitons qu’un référendum soit organisé. Pour que les Corses puissent choisir en toute connaissance de cause l'avenir institutionnel de leur île, ils doivent connaître le contenu de la future loi organique, indissociable du projet de réécriture constitutionnelle. Actuellement, le processus dit de Beauvau est extrêmement opaque, ressemblant à un échange entre le Ministère de l'Intérieur et la Collectivité de Corse. Tout cela se déroule sous la direction du Président Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin. Avec ces derniers, il est légitime de se demander comment cette autonomie pourrait répondre aux problèmes quotidiens des Corses. Et il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à se poser cette question, puisqu’un récent sondage commandé par vos confrères de Parole de Corse révèle que 67% des personnes interrogées estiment que « l’autonomie ne sera pas un facteur d’amélioration du quotidien ».
 

- Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs corses pour les convaincre de voter pour la liste du Parti Communiste Français aux prochaines élections européennes
- J’ai 31 ans, depuis plus de huit ans, je travaille comme médiateur scolaire dans un établissement scolaire REP (réseau d’éducation prioritaire) d’Ajaccio, je sais les difficultés quotidiennes que rencontrent des milliers de personnes partout en Corse et je peux comprendre que face à celles-ci, le 9 juin prochain, ils puissent être tentés de s'abstenir ou de sanctionner le gouvernement d’Emmanuel Macron en votant pour Jordan Bardella. Mais, dans la réalité, le Rassemblement National, c’est la même politique économique qu’Emmanuel Macron, avec le racisme et la préférence nationale en plus. Au parlement, les députés RN ont voté contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre l’augmentation des salaires des fonctionnaires, contre le rétablissement de l’ISF et une loi visant à lutter contre les déserts médicaux… La vérité, c’est que Jordan Bardella est une fraude sociale. La meilleure façon de mettre un carton rouge au gouvernement, c’est de voter pour la liste  « Gauche Unie pour le monde du travail », la meilleure façon de renforcer la Gauche dans son ensemble, c’est de voter pour nous et nous permettre d’atteindre le seuil 5%, vous pourrez alors compter pour 5 eurodéputés compétents, des élus qui n’auront pas honte de leurs votes et qui agiront toujours en faveur des l’intérêt général.