Corse Net Infos - Pure player corse

La natalité continue de baisser en Corse


CNI avec AFP le Vendredi 5 Janvier 2024 à 07:46

Selon une étude publiée par l'INSEE ce 4 janvier, la France fait face à une diminution significative de sa natalité en 2023, avec une baisse de 6,8% par rapport à l'année précédente. En Corse, la tendance est encore plus marquée, avec une diminution de 8,4% par rapport à 2022



Photo d'illustration
Photo d'illustration
Entre janvier et novembre 2023, le nombre de naissances a reculé de 6,8% en France par rapport à la même période l'année précédente, selon des statistiques de l'Insee publiées jeudi 4 janvier 2024, et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année. On compte ainsi 45.000 naissances de moins sur cette période par rapport à 2022, portant le nombre de naissances sur les onze premiers mois 2023 à 621.691, précise l'Institut national de la statistique. Sur l'ensemble de 2023, le nombre de naissances devrait atteindre un nouveau plus bas historique. L'année 2022 avait vu la naissance de 726.000 bébés en France, un nombre en recul de 2,2% par rapport à 2021. Il s'agissait déjà du nombre de naissances le plus faible depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Sur le seul mois de novembre 2023, 56.297 bébés ont vu le jour, soit 5,1% de moins qu'un an plus tôt. Il s'agit du 17e mois consécutif de recul, lorsqu'on compare mois par mois à la même période de l'année précédente, précise l'Insee.

Baisse importante en Corse 
Cette baisse des naissances sur onze mois entre 2022 et 2023 s'observe dans toutes les régions, sans exception mais tout particulièrement en Corse où elle est  de 8,4% contre-pas exemple, le 5,6% en Île-de-France.

Concernant la baisse du nombre des bébés en 2022, l'Insee l'expliquait par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans (en âge de procréer) et par la baisse du taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) qui s'est établi à 1,80 enfant par femme l'an dernier, contre 1,84 en 2021.
Depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France, à l'exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.

Comment expliquer cette baisse ?

Depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France, à l'exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19. Entre janvier et novembre 2023, on comptabilise 621 691 naissances. Sur l'ensemble de l'année 2022, 726 000 bébés ont vu le jour, soit le plus faible nombre sur un an depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Cette année-là, on a observé un recul des naissances dans toutes les régions françaises, sauf à Mayotte et en Corse. Bien qu'il soit en repli, le taux de fécondité de la France reste le plus élevé de l'Union européenne, avec 1,84 enfant par femme en 2021, selon Eurostat. La moyenne de l'UE atteint 1,53.
L'Insee met en avant un facteur démographique : le nombre de femmes de 20 à 40 ans, soit en âge de procréer, a diminué. En outre, les générations de femmes moins nombreuses procréent moins, peut-être en raison de facteurs sociaux. «Pour fonder une famille, il faut avoir de l'espoir. Or les jeunes générations sont peut-être plus habitées par l'inquiétude quant à leur avenir», commente auprès de l'AFP Catherine Scornet, maîtresse de conférence à l'Université d'Aix-Marseille. La conjoncture économique incertaine, marquée par une forte inflation, le contexte de guerre en Ukraine et au Moyen-Orient ainsi que le réchauffement climatique créent ainsi un «climat d'incertitude» qui peut freiner l'envie d'avoir un enfant, ajoute-t-elle. La sociologue démographe relève aussi des changements d'aspirations : certains décident d'avoir moins ou pas d'enfant du tout pour des «raisons libertaires», liées à «l'émancipation individuelle». Ils préfèrent rester libres pour prioriser d'autres projets. «Les femmes diplômées sont celles qui se projettent le plus en dehors de la maternité, elles s'investissent et s'épanouissent dans d'autres domaines personnels ou professionnels», précise Catherine Scornet.

Quelles solutions pour inverser la tendance ?
Une modification de la structure de la population demande aux Etats d'adapter leurs politiques publiques. Dans un premier temps, la présence d'un moindre nombre d'enfants a un effet «positif» sur les finances publiques puisque cela signifie «moins de dépenses en matière d'éducation, de soins et d'allocations», dit à l'AFP Hippolyte d'Albis, professeur à l'Ecole d'économie de Paris. Le pays peut alors investir dans d'autres domaines. La situation peut se complexifier lorsque ces générations atteignent l'âge adulte : la part de la population active, dont dépend le «dynamisme d'une économie et l'équilibre des comptes sociaux», risque de diminuer. «On peut toutefois jouer sur d'autres leviers pour accroître la population active : par exemple, favoriser l'emploi des seniors, des femmes ou avoir recours à l'immigration», ajoute l'économiste.

Aujourd'hui, la population active représente quelque 40% de la population totale en France. Peut-on modifier la tendance ?
Les démographes estiment qu'il existe un lien entre mesures natalistes et fécondité mais qu'il reste difficilement mesurable. A l'heure actuelle, la question de l'articulation vie professionnelle et familiale est un élément-clé. «Les politiques publiques efficaces sont celles qui rendent la vie plus facile aux parents. Ainsi, les personnes qui hésitent à franchir le pas et à avoir un enfant voient que cela n'implique pas un sacrifice insurmontable», indique à l'AFP Laurent Toulemon, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined). En revanche, les mesures natalistes qui consistent à donner un bonus financier lors d'une naissance restent peu efficaces. «Les gens savent que faire des enfants impliquent des dépenses sur le long terme», souligne le démographe.

A noter : il y a un enjeu de «confiance» et de «crédibilité» des mesures proposées. En France, où la fécondité reste relativement élevée, il existe une politique familiale «solide» depuis des décennies. En Corée du Sud, malgré une politique volontariste, la fécondité reste basse. «Les femmes savent qu'elles devront quand même effectuer des sacrifices énormes pour élever des enfants, du fait des normes sociales», relève Laurent Toulemon.