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La fédération du Bâtiment et la CCI2B plaident pour un plan d'urgence en faveur du BTP de Corse


le Lundi 13 Avril 2015 à 19:03

Baisse des permis de construire de 30%, 600 emplois perdus en un an, des procédures multipliées par trois au tribunal de commerce, baisse de 21% du chiffre d'affaires : le Bâtiment ne va plus en Corse. Mais si l'on ajoute à ces difficultés les paiements des collectivités dont les délais sont, en moyenne de 100 jours, l'on comprend mieux les problèmes qui se posent aujourd'hui au BTP. La situation est sérieuse. Lundi elle a mobilisé autour de Paul Trojani, président de la CCI de Haute-Corse, Dominique Antoniotti, président de la fédération du bâtiment et des travaux publics, de nombreux chefs d'entreprise et d'élus consulaires pour lancer un SOS à l'Etat et à la CTC à travers un projet de plan d'urgence pour le BTP de Corse. Développements à venir



La fédération du Bâtiment et la CCI2B plaident pour un plan d'urgence en faveur du BTP de Corse
"La fédération des Entrepreneurs et Artisans du Bâtiment et des travaux Publics de la Haute Corse, et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bastia et de la Haute Corse ont depuis plusieurs mois, attiré l’attention des pouvoir publics sur la crise sans précédent qui frappe l’économie de la Corse, et plus gravement encore, les entreprises du secteur du BTP"  a rappelé d'emblée Paul Trojani.
"Cette crise aux conséquences dramatiques en termes de suppression d’emplois et de défaillances d’entreprises, ne peut pas nous laisser dans le seul constat ou la seule observation de la conjoncture. L’urgence de la situation nous commande d’agir vite, avec des mesures simples et concrètes. Aussi  la Fédération et la CCI ont travaillé en étroite concertation, pour élaborer et proposer un plan d’urgence aux pouvoirs publics".
Comment ?
"L’objectif ne vise pas à résorber structurellement la crise économique, mais à en combattre vigoureusement les effets, et nous appelons l’ensemble des acteurs, opérateurs, et décideurs, à cette première responsabilité" a souligné le président de la chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Corse.
Ainsi des propositions et des mesures ont elles été présentées à l'Etat et à la CTC. "Mais nous sommes prêts à les accompagner, financièrement s’il le faut, sur les budgets propres de nos organismes et institutions" a ajouté le président de la CCI.
"Ces mesures sont désormais dans le jardin de ceux qui peuvent décider" a précisé, in fine, Jean-Marc Cermolacce, chef d'entreprise, vice-président du Medef régional et juge au tribunal de commerce de Bastia. "Il s'agit d'un mouvement défensif : nous demandons l'application de la loi qui ne fait que précipiter un mouvement déjà engagé"


L'exemple de l'Aquitaine

"Proposer une réaction organisée et puissante sur les trois les leviers les plus efficients" :  c'est ce qu'ont voulu faire lé fédération du BTP et la CCI2B à travers ce plan d'urgence.
Dominique Antoniotti a détaillé, à commencer par l'accroissement du volume des investissements, les mesures qu'il conviendrait de mettre rapidement en œuvre.
La bonne pratique dans la passation des marchés publics (recours à l'allotissement, multiplier les critères de sélection des offre, privilégier les mieux-disantes aux moins-disantes et veiller à un examen très strict des offres paraissant anormalement basses, réunions d'informations régulières sur les programmes d'investissement) constitue une autre préoccupation de la fédération du BTP  "mais l"élément nouveau et inédit de ce plan sera de concentrer prioritairement les énergies et les moyens disponibles vers l'accélération du flux de trésorerie" a insisté Dominique Antoniotti.
Comment ?


Dominique Antoniotti a mis en avant "trois mesures principales en matière de commande publique".
A commencer par l'utilisation de la faculté ouverte par le code des marchés publics d'octroyer des avances supérieures à 5% et mettre en place au plan régional les dispositions utilisées dans d'autres régions comme en Aquitaine par exemple, où la Région, qui a passé convention avec la fédération du Bâtiment, alloue des avances au démarrage  pouvant s'élever de 20 à 30% en fonction du montant total du marché.


Mais plus ce qui précède ce qui met en danger les entrepreneurs du BTP ce sont les délais de paiement des collectivités. " En moyenne il faut compter 100 jours alors que le délai légal est de 30. Il faut aujourd'hui que nous soyons payés en temps et en heure comme nous payons nos taxes et nos charges en temps et en heure" a martelé Dominique Antoniotti. Pour ce faire la fédération et la CCI propose de mettre en place avec la CTC et la Caisse d'Epargne "un outil simplifié et bonifié à destination des communes et des EPCI (établissement public de coopération intercommunale) afin de leur permettre de disposer d’avances de trésorerie dédiées à compenser, sans frais ni difficultés, les décalages de cycles (encaissement de subventions notamment) et ainsi régler les factures ou situations de travaux dans un délai maximum de 25 jours."


Troisième et dernière mesure : Mettre en place un partenariat BPI - CTC - ADEC, afin de proposer un nouveau quota de  «dailly à taux zéro » en complément des produits déjà proposés (mobilisation de créances commerciales) et utilisés pour l’exécution de marchés publics. Il s’agira d’atteindre sur le plan régional, l’injection de 50M€ de liquidités supplémentaires pour une maturité moyenne estimée de 6 à 12 mois. Les garanties seront assurées par la BPI et la CTC, et les bonifications seront assurées par un pool constitué de l’ADEC, des collectivités, de la/des fédération(s), de la/des CCI. Il pourra être envisagé un seul dispositif régional de garantie, mais deux dispositifs départementaux de bonification différents en fonction des engagements de chacun.


Les propositions ont été transmises à la CTC et aux services de l'Etat. 
La fédération du BTP et la CCI2B n'ont toujours pas eu de retours.
En attendant l'inquiétude grandit parmi les entrepreneurs venus le dire lundi à la chambre de commerce de Bastia.
"La situation est catastrophique pour tous. Il faut que la population prenne conscience de la gravité de la situation. Une crise pareille, cela ne s'est jamais vu" : ces phrases, comme un leit-motiv, sont revenues régulièrement dans les conversations.
"Ces mesures sont désormais dans le jardin de ceux qui peuvent décider" a souligné pour sa part Jean-Marc Cermolacce, chef d'entreprise,Vice-président du Medef régional et président du tribunal de commerce de Bastia. "Il s'agit d'un plan défensif : nous demandons l'application de la loi. Un plan qui ne fait que précipiter un mouvement, déjà, engagé".