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La Corse lutte contre les dangers du camping sauvage


David Ravier le Mardi 18 Juillet 2023 à 20:28

À la belle étoile, sous tente ou en van le bivouac et le camping sauvage sont interdits en Corse. Sur l'ile les forces de l'ordre et les agents du Conservatoire du littoral luttent contre ce phénomène illégal qui nuit à la biodiversité



Crédit photo: Conservatoire du littoral.
Crédit photo: Conservatoire du littoral.
Profiter de la beauté naturelle des côtes escarpées et des plages de sable fin, et passer une nuit à la belle étoile peut sembler être la liberté ultime et gratuite pendant les vacances. Cependant, en Corse le camping sauvage, qui implique de planter sa tente, garer son camping-car ou sa voiture en dehors des zones désignées, est strictement interdit de 22 heures à 6 heures du matin. Et selon l'article R111-42 du Code de l'urbanisme, cette infraction peut entraîner une amende allant de 135 à 1 500 euros.

Sur l'île, le Conservatoire du littoral veille au respect de ces règles sur les 68 sites qui lui appartiennent (22 en Haute-Corse et 46 en Corse-du-Sud). En dehors de ces zones, les communes ont la responsabilité de faire respecter ces règles, avec le soutien des forces de l'ordre lorsque des arrêtés ont été pris. "On parle de camping sauvage dès lors que le propriétaire n'a pas donné son accord pour que vous restiez sur les lieux", explique Paul-Vincent Ferrandi, adjoint au chef de service régional du Conservatoire du littoral, chargé de la Haute-Corse par la Collectivité de Corse. Avec son équipe, il est notamment chargé de faire de la pédagogie autour de la préservation des sites naturels et de les faire appliquer sous peine de sanctions. Pour autant, "on fait la distinction entre quelques personnes qui dorment en montagne parce qu'ils ont mal géré leur temps et ceux qui font du camping sauvage intentionnellement", nuance Paul-Vincent Ferrandi.

Cette pratique croissante est un phénomène difficile à quantifier précisément. L'année dernière, par exemple, une centaine de personnes ont été verbalisées par les agents du Conservatoire du littoral pendant la période estivale. Selon Paul-Vincent Ferrandi, les habitudes des touristes ont évolué depuis la pandémie de Covid-19 et de plus en plus de personnes qui ne sont pas nécessairement des campeurs aguerris, mais qui cherchent un contact avec la nature pratiquent le camping en pleine nature. "Avec la location de vans aménagés en Corse, on a une nouvelle clientèle de personnes qui font du camping sauvage, c'est quelque chose de nouveau et ça fait un problème supplémentaire à gérer". Sur des forums en ligne, les apprentis campeurs s'échangent même des bons plans sur les endroits où s'arrêter pour dormir illégalement. "Vu la tendance que nous voyons se développer autour du camping sauvage, avec des gens en déambulation sur plusieurs sites, on voit qu'il y a un engouement", avertit l'agent du Conservatoire du littoral. D'autant que ces personnes, qui viennent vivre l'expérience au grand air à leur façon, n'ont pas forcément les codes adaptés aux milieux qu'ils traversent selon Nicolas Durant, le commandant en second de la compagnie de gendarmerie de Sartène "En général, les amoureux de la montagne ou de la nature ne jettent pas leurs papiers par terre ou ne provoquent pas d'incendies, mais il y a toujours le risque d'avoir le mauvais comportement aux graves conséquences."  

Pression sur la biodiversité 

La pratique du camping sauvage présente des dangers pour la faune et la flore locales. Les personnes qui s'installent en dehors des sentiers balisés dans le but de se rapprocher de la nature ne réalisent pas les conséquences néfastes que cela peut avoir sur la biodiversité."Notre priorité, ce sont les atteintes à l'environnement, notamment dans les milieux montagneux, explique Nicolas Durant, qui arpente les sentiers de randonnée avec ces équipes afin de sensibiliser les marcheurs. On fait de la prévention pour que les gens évitent de jeter des papiers, des allumettes ou des choses qui favorisent les incendies par exemple." Car ces espaces naturels, qui sont censés rester le plus sauvages possible, "n'ont plus de moments de quiétudes dans la journée", souligne Paul-Vincent Ferrandi. Alors que ces espaces sont arpentés en journée par les touristes et les randonneurs, "si la nuit des gens restent, c'est toute la biodiversité peut être dérangée, parce que c'est à ce moment-là que les petits mammifères sortent pour s'alimenter".

Constamment sollicités, ces milieux naturels et les créatures qui y vivent ne trouvent plus le temps nécessaire pour se régénérer complètement, affaiblissant de fait l'équilibre du site. De plus, de nombreuses commodités sont effectuées directement sur le site, ce qui dégrade davantage les lieux. "Tout ce qui touche à l'hygiène est problématique, pointe du doigt Paul-Vincent Ferrandi. Les gens n'ont pas de toilettes, donc ils font leur besoin en pleine nature, et c'est sans parler des déchets. Quand il y a dix personnes en même temps sur un site, cela entraîne des dommages collatéraux, avec les piétinements des plantes par exemple et un site qui se retrouve sali. Ajoutez à cela que les gens dorment tard dans la soirée et se réveillent tôt le matin, cela crée quand même des désagréments pour la faune locale". 

Afin de sensibiliser les randonneurs aux bonnes pratiques, la présence des gendarmes est essentielle. "Nous sommes sur le terrain tous les jours, notamment durant la période estivale, où nous sillonnons les sites de randonnées à la recherche de mauvais comportements. Bien évidemment, en amont, nous faisons de la prévention sur les atteintes à l'environnement, le respect des règles à observer et les risques encourus", souligne Nicolas Durant.

Tout au long de l'été, des opérations de sensibilisation seront menées par les gendarmes pour informer les randonneurs des actions à éviter dans les milieux naturels. "Ce qu'on repère, ce ne sont pas forcément les mauvais comportements, mais plutôt leurs conséquences directes sur l'environnement: des incendies et des déchets que l'on retrouve continuellement. Pour éviter cela, on verbalise les personnes qui sont en infraction, mais on veut aussi avoir une action sur le comportement des gens qui n'agissent pas prudemment, afin que cela ne se reproduise plus", conclut Nicolas Durant.