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L’association pour l’étude écologique du maquis corse célèbre ses 50 ans à Erbalonga


La rédaction le Vendredi 8 Octobre 2021 à 11:09

Ce dimanche 10 octobre l’Association pour l’étude écologique du Maquis (APEEM) célèbrera son demi-siècle d'existence à Erbalonga. Qu'est-ce que l'APEEM ? Comment et pourquoi a t-elle été créée ? Comment se porte l'association 50 ans après avoir été portée sur les fonts baptismaux ? Quel est encore son rôle aujourd'hui ? Les explications de son président Jean-Pierre Fontana



Depuis 1971, l'association loue l'ancienne maison cantonnière de Piriu, dans la vallée du Fangu, transformé en laboratoire d'écologie. (Photo APEEM)
Depuis 1971, l'association loue l'ancienne maison cantonnière de Piriu, dans la vallée du Fangu, transformé en laboratoire d'écologie. (Photo APEEM)
L'idée de la création de l'association remonte à quand ?
- C’est en 1970, première année européenne de protection de la Nature, que l’Association pour l’étude écologique du Maquis (APEEM) a été créée, année où la Corse a été déclarée département sinistré en raison de l’importance des incendies de forêt et de maquis. L’APEEM déposera ses statuts en juin 1971, il y a un peu plus de 50 ans !


Dans quel but l'APEEM a t-elle été créée ?
- Son but est la connaissance du maquis corse pour en montrer le rôle dans l’équilibre écologique de l’île et apprendre à le gérer en ayant pour objectif la valorisation de cette formation forestière pour une meilleure utilisation par l’homme, sans en menacer la pérennité. Ceci constituerait une revalorisation possible du maquis dans notre esprit insulaire, susceptible de contribuer à une diminution des mises à feu. En effet, dans le cadre des mesures recherchées à l’échelon régional pour lutter contre les incendies
(35000 hectares de forêts et maquis brûlent cette année-là!), Le professeur Denise Viale propose au préfet de Corse et au ministre de l’Agriculture en charge de l’Environnement à cette époque et présent en Corse pour cet événement, un programme d’étude et de revalorisation du maquis. L’idée fondatrice repose sur l’espoir que le maquis sera moins brûlé quand sa valeur sera reconnue. Le maquis (et plus généralement ce qui est faussement appelé dans les media «broussailles») sera respecté, quand son rôle fondamental dans l’équilibre biologique de l’île sera mieux connu; rôle dans la rétention et la régulation de l’eau, dans la couverture végétale protectrice des sols, rôle régulateur des températures, des crues brutales et des étiages assassins.
Faire connaître l’intérêt du maquis pour le faire aimer et respecter, comme on respecte déjà les forêts alors qu’on entend souvent dire "ce n’est que du maquis qui brûle !" .

- L'association agit de quelle facçon ?
- L’APEEM étudie les écosystèmes de la Vallée du Fangu, et agit dans quatre directions: recherche scientifique et publications, animation dans l’enseignement (primaire, secondaire et supérieur), sensibilisation du grand public à la découverte des écosystèmes, accueil des chercheurs. En 1989, l’Association a reçu l’agrément du Ministère de l’Environnement au titre de l’article 40, relatif à la protection de la nature.
Dès 1971, l’association loue l’ancienne maison cantonnière de Piriu, idée suggérée par M. C. Weiss, qu’elle transformera en laboratoire d’écologie de terrain: les premiers travaux d’aménagement sont auto- financés puis la rénovation se fait grâce à un contrat avec le Parc Naturel Régional de la Corse.
L’entretien
de ce laboratoire est assuré exclusivement en autogestion par l’APEEM jusqu’à maintenant.
Les cinq premiers programmes de recherche sont subventionnés par la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST), après une inspection dans la vallée par un groupe d’experts nommés par le Ministère et comprenant les plus hautes sommités de l’écologie. Y figuraient, entre autres, Le professeur Sauvage (CEPE Montpellier), le professeur P. Grisons (INRA et Comité français du MAB, UNESCo), le docteur C. Jourdheuil (INRA, Antibes), le docteur  J. Blondel (CNRS, CEPE Montpellier); parmi les parrains, on peut mentionner le professer Lamotte (ENS Paris), le professeur Long (CEFE Montpellier), le professeur Morel (Paris VI), le professeur P. Coineau (Muséum de Paris) ainsi que professeur P. Simi, géographe spécialiste de la Corse.


- Les grandes dates de APEEM ?
- En 1976, l’association a été chargée par le ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, de l’étude préalable au projet de création d’une réserve de biosphère dans la vallée du Fangu, dans le cadre du pro-gramme international «Man and Biosphere» de l’UNESCo.
Et en 1977, est créée la réserve de biosphère «Forêt domaniale du Fangu», protégeant les écosystèmes terrestres méditerranéens typiques de la forêt sclérophylle dont le maquis, attestée par un diplôme de l’UNESCo.
En 1989, l’association participe avec le PNRC et l’oNF à la création d’un comité MAB-Fangu dont le but est d’élaborer un plan de gestion de la réserve du Fangu; un conseil scientifique est mis en place auquel l’association participe pleinement.
En 1990, la réserve de biosphère est renouvelée et ses limites sont étendues à l’ensemble du bassin hy- drographique de la rivière du Fangu sur 3 communes (Galeria, Manso et Calenzana) avec une surface de 26 894 hectares nommée «Réserve de biosphère de la Vallée du Fangu».
En 2020 la «Réserve de biosphère de la Vallée du Fangu» devient «Réserve de biosphère de Falasorma- Dui Sevi». Elle subit une extension. La réserve de biosphère élargie s’étend sur 12 communes et couvre 86 429 hectares terrestres et marins, utilisant le nom local de la Vallée du Fangu, tandis que Dui Sevi (Deux-Sevi) désigne la région qui s’étend jusqu’à Gargèse. Elle concerne 3 500 habitants qui devraient de- venir des acteurs de la réserve. Aujourd’hui, l’APEEM participe à son Comité de Gestion.
Depuis 1972, depuis les programmes de recherche financés par le CNRS une continuité est assuré, comme l’étude démographique et génétique des mésanges de la forêt de chênes verts de la Vallée (équipe de J. Blondel) qui constitue une base de données exceptionnelle, sur 50 ans pour évaluer l’impact du changement climatique. Il en est de même pour une étude sur les retombées atmosphériques (M. D. Loÿe-Pilot).

- Pour quels résultats ?
- Les résultats obtenus sont d’un intérêt scientifique international de tout premier ordre.
C’est ce qui vaut à ce laboratoire d’être connu et d’attirer des scientifiques de Hollande, Grande-Bretagne, Belgique, Italie, Allemagne, Espagne, Suisse et même de Russie, USA et Canada. Les recherches archéologiques commencées par M. C. Weiss, sont aussi une source d’intérêts majeurs pour la connaissance de l’habitat et de l’occupation ancienne de ce territoire.
Un hommage doit être rendu au bureau et aux membres de l’APEEM pour le soutien tenace et le travail personnel fournis à ce laboratoire depuis de longues années.

Le programme de la journée

9h30 : Accueil par le président Jean-Pierre Fontana, allocution
10h00-10h20 : Création de l’association APEEM, présentation par Denise Viale
10h20-10h40 : Création de Flora Corsicana Iconographiad’après les aquarelles de Marcelle Conrad, présentation par Denise Viale
10h40-11h : Création du laboratoire d’écologie de Piriu et recherches scientifiques pour l’obtention de la première réserve MAB-UNESCo le 1er mars 1977 «Forêt du Fango», présen- tation par Denise Viale
11h-11h20 : Les renouvellements de la réserve MAB, en 1990 «Vallée du Fango» et en 2020 avec l’agrandissement «Falasorma-Dui Sevi», présentation par Jean-Pierre Fontana, Julien Innocenzi.
11h20-11h40 : L’utilisation de la forêt, présentation par Jean-Pierre Fontana
11h40-12h : Questions et échanges, exposition/vente de l’iconographie
12h-14h : Buffet offert, pour les invités, dans le respect des conditions sanitaires
14h-14h20 : Les onze fascicules de Flora Corsicana Iconographiaavec Bernadette Conrad, Marius Mary et Marie-Germaine Mary-Conrad, présentation par Bernadette Conrad
14h20-14h40 : Signalétique du paysage avec Laurence Lorenzi, présentation par Denise Viale
14h40-15h : Questions et échanges, exposition/vente de l’iconographie
15h : Allocutions finales
16h : Clôture de la salle.