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J.-C. Martinelli, président de la CMA de Corse : "entre 3 000 et 4 000 entreprises mettront la clef sous la porte en cas de 3eme confinement"


Livia Santana le Mardi 26 Janvier 2021 à 18:25

Après la suppression des chambres de métiers et de l'artisanat départementales, Jean-Charles Martinelli est devenu ce lundi 25 janvier, le président de la chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) de région Corse. Bilan de l'année, finances de la chambre... il dresse un bilan de cette année Covid-19.



Jean-Charles Martinelli devient président de la chambre régionale des métier et de l'Artisanat.
Jean-Charles Martinelli devient président de la chambre régionale des métier et de l'Artisanat.
La réunification des trois chambres était nécéssaire ?
-Avec la crise sanitaire et les mesure du Gouvernement il a fallu se réinventer, l’unification des chambres aidera à se relever. Grâce à cela, on a réuni nos efforts. A présent on tire tous dans le même sens pour être plus efficaces dans l'avenir. Pour se redresser la chambre devra également faire payer, à coûts modérés, des services proposés aux artisans. Par exemple les packs micro-entreprises que nous proposons pourront être payants. Aujourd'hui la CMA de Corse, malgré sa gestion rigoureuse, se trouve dans une situation financière difficile à cause de la conjoncture sanitaire. 

- Des problèmes financiers, cela veut dire que les cotisations n'ont pas été au rendez-vous cette année ? 
- Paradoxalement, cette année nous avons moins de résiliation mais nous avons aussi moins d'inscription. C'est-à-dire que les entrepreneurs ont du mal à se projeter dans l'avenir donc ils attendent que l'horizon s'éclaircisse pour se lancer. On se retrouve avec un manque à gagner important. 

- Vous craignez des répercussions sur 2021 ? 
- Oui, elles arriveront déjà cette année. Les effets d'aides comme les prêts garantis par l'Etat ou les reports de charges ne sont pas des solutions à long terme. C'est comme si je vous disais "tenez 1 000 euros, mais vous me les rendez en mars ". Selon l'Urssaf la région Corse est la plus impactée par la crise économique : nous avons énormément bénéficié des aides, ce qui prouve qu'il y a un grand besoin. Et je le répète ce ne sont pas des donations, nos artisans vont devoir rembourser, donc cela reporte juste le problème à plus tard. Dans les prochains mois, les prochaines années des entreprises fermeront.

- Il y a des adhérents de la CMA qui seront plus touchés ? 
- Nous avons 16 800 adhérents dont des restaurateurs, des professionnels de l'évènementiel, des fleuristes, des coiffeurs, les métiers de l'art, les carrossiers... ce sont des professions qui se sont arrêtés pendant un moment. 

- Qu'à fait la CMA de Corse pour les aider ? 
-Lors du premier confinement nous les avons répertoriés puis nous avons traité 1 200 dossiers urgents de nos adhérents qui n'avaient pas d'expert-comptable, qui ne savaient pas comment bénéficier des aides... Les élus ont travaillé avec les services de l'Etat et la Collectivité de Corse pour proposer des solutions adaptées aux demandes. Notamment le plan "Salvezza et Rilanciu". 

-La réponse du Gouvernement n'allait pas dans son sens... 
- On est toujours dans l'expectative, nous avons eu une réunion vendredi et le préfet a entrouvert une porte. De collaboration et de dialogue je l'espère. Je ne suis pas sûr qu'on obtienne ce qu'on avait demandé. Le bilan dressé dans le courrier du président n'était pas si catastrophique que ça, alors qu'en même temps les chiffres de l'Urssaf tombaient et disaient que la Corse était la région la plus impactée. 

- Si un troisième confinement arrivait comment l'aborderiez-vous ? 
- Avec beaucoup d'anxiété et d'inquiétudes. Ce serait un coup de massue. On se demande si c'est vraiment la solution. Si on s'engouffre dans un troisième confinement cela pourrait porter un coup fatal aux entreprises. Nous avions déjà une économie fragile, circulaire. Selon nos estimations elles seront entre 3 000 et 4 000 à mettre la clé sous la porte.