Inflation : où va s'arrêter la hausse des prix dans les supermarchés corses ?

« J’achète exactement les mêmes choses d’une semaine sur l’autre, mais ces derniers temps, j’ai l’impression que la note a augmenté de 10 euros ! » Comme Gabriel, jeune travailleur bastiais de 25 ans, nombre de Corses déplorent l’augmentation des prix à chaque passage au supermarché. Une situation d’inflation qui n’est plus à prouver, mais qui impacte durablement les ménages au quotidien. « En ce moment, franchement, c’est compliqué », constate timidement Anne-Marie, qui vit seule en centre-ville. « Quand j’ai payé le loyer, internet, le gaz qui ne fait qu’augmenter… Il ne me reste pas grand-chose pour me nourrir. Et le problème, c’est que les prix ont explosé au supermarché. Donc c’est très simple, il faut que je me prive. »

Pâtes, viande, produits laitiers… En Corse, difficile de trouver des produits simples à des tarifs raisonnables. « Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que les prix augmentent tout le temps », explique le gérant d’une grande surface de Bastia, qui a souhaité rester anonyme. « Pour certains produits, ça peut bouger tous les mois, pour d’autres tous les six mois… Mais ces derniers temps, on a eu des grosses vagues d’augmentation des tarifs, notamment en septembre dernier. » En bout de chaîne, ce responsable n’a que peu d’impact sur les montants des denrées. « Quand on fait partie d’un groupe, on ne maîtrise pas la tarification à 100 %. On reçoit des lettres standardisées, dans lesquelles on nous explique que la hausse des matières premières, du carburant ou des fournitures obligent à augmenter le prix de vente. »

Le problème, c’est que cette situation dure depuis des mois et ne semble pas s’inverser. « Je n’avais jamais fait très attention aux prix dans les supermarchés, mais depuis la fin d’année dernière, je suis bien obligée de m’y mettre », raconte Josepha, cueillie à la sortie de la caisse. « J’ai trois enfants, et mon caddie de la semaine a pris 50 euros ! » Des augmentations récentes sont encore à déplorer, et d’après le gérant d’une grande surface bastiaise, ce n’est pas terminé. « Quand il y a eu les grosses hausses en fin d’année dernière, certaines enseignes ont choisi de faire de la rétention. Donc ils ont réduit leurs marges pour contenir l’inflation, et préserver les consommateurs. Mais ce qui se passe depuis le début de l’année, c’est que ces enseignes sont en train de rattraper les écarts. La rétention de 2022 est compensée sur 2023. C’est un des facteurs, mais il y en a d’autres. »

Face à la détresse des familles, et pour maintenir la fidélité de leurs clients, plusieurs supermarchés mettent en place des promotions spéciales. C’est le cas de l’enseigne Utile Leonardi, à Montesoro, qui a instauré des paniers à 30 euros, contenant 23 articles à « prix mini ». « Depuis un an, on essaie aussi de retravailler notre offre. Avant, la stratégie, c’était d’avoir un maximum de choix pour attirer les clients. Maintenant, on sacrifie un peu ce choix, pour avoir au contraire des produits à des prix plus intéressants », complète le gérant de grande surface, qui a souhaité rester anonyme. Le mot de la fin pour Anna-Livia, jeune cliente usée par la situation. « Il serait temps que ça change. Depuis quelques mois, j'ai un peu peur d'aller faire les courses ! »