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Inaugurée à Aspretto La « Main de Corail » veille désormais sur Ajaccio


José Fanchi le Lundi 16 Décembre 2013 à 18:27

Elle a roulé se bosse avant de venir définitivement s’installer à Ajaccio. De Patrimonio, elle a bien failli se poser au col de Teghime, mais elle a rejoint sa maison de cœur, au Lazarettu, le musée Marc Petit de François Ollandini. Une belle histoire d’amour pour cette main de corail qui représente un grand symbole pour Ajaccio, qui fut longtemps la cité des corailleurs…



Au commencement était une petite statuette de bronze, de quelques centimètres dehauteur. Elle fut offerte à François Ollandini par son ami Yves Simonpaoli, le père de l’artiste Laurent Simonpaoli décédé tragiquement au Canada. Il a fait cette sculpture par 
agrandissement et formé le vœu qu’elle soit exposée au Lazaret d’Ajaccio. Pour Yves, l’œuvre forte de son fils. Pour François Ollandini, l’accueil d’un double symbole car la main de corail est le symbole de la ville d’Ajaccio et du Lazaret qui hébergeait les corailleurs pour leur « quarantaine » au retour de longs mois de pêche.

Le retour et la quarantaine…

Au XVIII » siècle, Ajaccio était effectivement une ville où la pêche au corail était extrêmement développée. Une manne économique non négligeable pour la ville. Plus de mille corailleurs pour une ville d’à peine plus de 4000 habitants. Tous les matins, plus de 100 « corallines » embarcations spécifiques pour la pêche au corail, partaient pour de longs séjours sur les côtes de Tunisie pour ramener le fameux « Or rouge » de Méditerranée qui était revendu aux bijoutiers-façonneurs Napolitains. 
Au retour de la pêche, après des mois en mer, avec les conditions de vie qu’il est facile d’imaginer à l’époque, les corailleurs n’entraient pas directement au vieux port de la ville. Ils passaient par le Lazaret, situé au pied du quartier Aspretto et observait la quarantaine pour se débarrasser d’éventuelles maladies infectieuses : cholera, fièvre jaune, peste etc.
Ce qu’ils faisaient au préalable à Marseille. Pour éviter cette obligation quelque peu embarrassante, les autorités locales décidèrent de construire un Lazaret à Aspretto. Il y eut d’abord celui des Sanguinaires, ouvert en 1807 et fermé en 1835 et enfin celui d’Aspretto en 1847.

La maison des corailleurs « e Gallerie » rue Fesch

Les corailleurs vivaient dans la rue Fesch, au sein même de la maison Montepagano, queles Ajacciens connaissent sous le nom de « e Gallerie » immeuble aux grandes arcades aujourd’hui restauré. Sur la plaque apposée au pied de la grande statue, François Ollandini n’a pas oublié les paroles du Comte Forcioli-conti : « Ne soyons pas surpris que les bijoux du corail fussent l’objet de la prédilection populaire. » En effet, on offre encore aujourd’hui une main de corail aux nouveau-nés comme étant la main du bonheur et de la bonne fortune.

Comme une figure de proue
Proche de son lieu de prédilection, la « main de corail » est désormais face au golfe d’Ajaccio, protégée par une petite oliveraie superbement aménagée par les services techniques de la ville, le service des bâtiments communaux et les membres de l’Association « Mieux Vivre à Aspretto, » présents lundi matin pour l’inauguration officielle en présence du maire d’Ajaccio. 
François Ollandini, visiblement ému, a brossé un historique de cette main de corail qui a fait le tour de l’île avant de se poser dans « sa ville » son havre de paix. 
« Le temps a été long. La voici. Là où elle est, là où elle voulait être, là où elle doit être. Le sculpteur doit être en paix. Lui, la fureur et la ferveur, la colère et la tendresse, le poète ressuscité. La voilà la main de cœur, la main du bonheur, grande et belle, protection contre le mauvais œil, la main de corail tient une place importante en Corse, à Ajaccio en particulier… »
Le docteur Simon Renucci a salué lui aussi ce moment de recueillement : « Une œuvre remplie d’histoire, la sienne et celle qu’elle véhicule. Elle prend aujourd’hui une nouvelle dimension et le choix de son emplacement permet de préserver toute sa portée symbolique. 
La voici non loin de son lieu initial, en face du Lazaret, ce bâtiment qui, au XIXe siècle accueillait les voyageurs au long cours. Mais aussi située face à la mer où elle évoque l’attachement des corses à ce bijou en corail porte-bonheur C’est aujourd’hui une plus value offerte à ce quartier de la ville. »
 La Main de Corail repose au bout du plus beau golfe du monde, telle une figure de proue faisant face à Ajaccio. Le passé éclairant l’avenir.
A Man di Diu !
E cusi sia…
J. F.