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Femu a Corsica : Une rentrée politique sous le signe de l’autonomie


Nicole Mari le Mercredi 30 Août 2023 à 21:14

Pour sa rentrée politique, Femu a Corsica martèle un mot d’ordre : « Terra, lingua, populu, autonomia ! ». Le parti nationaliste majoritaire poursuit son prosélytisme sur le terrain avec un meeting sous chapiteau, dimanche prochain à Aleria, où il convie toutes les forces politiques insulaires à participer. L’occasion aussi de revenir sur les évènements de l’été et de rappeler les enjeux d’une rentrée annoncée comme décisive, tout en s’interrogeant sur le silence du gouvernement.



Le bureau de Femu a Corsica annonce sa rentrée politique.
Le bureau de Femu a Corsica annonce sa rentrée politique.
« La rentrée politique à venir s’inscrit dans une séquence décisive à plus d’un titre pour la Corse et son peuple ». Après la trêve estivale, Femu a Corsica reprend son bâton de pèlerin pour convaincre les Corses de la nécessité de l’autonomie. Une mobilisation sur le terrain, initiée en septembre 2022 à la Testa Ventilegna et poursuivie à travers des Giri citadini è paisani tout le long du premier semestre 2023. Dès ce dimanche 3 septembre à Aléria, le parti majoritaire organise sa rentrée politique à Aleria à partir de 17 heures avec un meeting sous chapiteau qui se veut rassembleur et un mot d’ordre « Terra, Lingua, Populu, Autunomia ! ». Ce rassemblement, qui débutera par une série de conférences, débats et analyses, en présence d’élus étrangers qui partageront leur expérience de l’autonomie, et sera clôturé par une soirée culturelle, est ouvert à toutes les forces politiques insulaires. « L’ensemble des forces et personnalités politiques de notre île ont été conviées à participer à nos échanges », explique son secrétaire national, François Martinetti. L’occasion aussi de rappeler les lourds enjeux économiques, sociaux et politiques de cette rentrée qui rendent, pour le parti nationaliste, encore plus urgente la mise en place du projet d’autonomie adopté le 5 juillet à une très large majorité à l’Assemblée de Corse et transmis dans la foulée au Chef de l’Etat.
 
Un tableau noir
Revenant sur les évènements de l’été, Femu a Corsica n’hésite pas à dresser un tableau plutôt sombre de la situation économique et sociale en Corse. Après une saison touristique « en demi-teinte », il s’avoue préoccupé par « une rentrée sociale qui s’annonce particulièrement difficile dans un grand nombre de secteurs ». Et de lister : « Inquiétudes autour de la saison touristique 2023 après la reprise en trompe-l’œil en 2022, interrogations dans le domaine du transport aérien après la candidature de Volotea, compagnie low cost aux intérêts économiques étrangers à la Corse et aux emplois corses, dé-corsisation des emplois dans des pans entiers de l’économie corse, difficultés pour nos TPE et PME, notamment dans le recouvrement du PGE (Prêt garanti par l’Etat). Les chiffres sont édifiants à cet égard puisque l’on ne compte pas moins de 90 assignations RJ URSSAF, dont 35 à l’audience du 5 septembre ». Ces éléments font craindre, ajoute-t-il, « un réel choc cet hiver pour l’économie globale de la Corse, avec des répercussions en cascade pour les entreprises, leurs salariés, les emplois et les ménages corses en général, a fortiori dans un contexte d’inflation galopante ». Le parti majoritaire assure qu’avec ses élus et ses relais, il sera « particulièrement attentif aux réponses aux urgences que les pouvoirs publics apporteront à différentes échelles ». Et annonce engager une réflexion et des travaux avec les forces vives autour « du futur modèle touristique, économique et social, à bâtir pour la Corse de demain, respectueux des grands équilibres et conforme aux intérêts du peuple corse, dans la perspective des évolutions institutionnelles à venir et des opportunités qu’elles créeront, notamment au niveau législatif et fiscal ». Au menu : la formation, l’économie productive et redistributive, la transition écologique et le développement durable, la corsisation des emplois… Autre point abordé : les derniers événements du quartier des Cannes à Aiacciu et « l’explosion du trafic et de la consommation de drogue, notamment au sein de notre jeunesse, qui dépasse les seuls dealers de quartiers ». Pour lutter contre « ce fléau mortifère pour notre peuple et sa jeunesse », Femu a Corsica entend initier dans les prochaines semaines une série de réunions dans les quartiers avec l’ensemble des associations, partenaires et acteurs.
 
Un processus chaotique
Sur le plan politique, la rentrée est marquée par la poursuite du processus de négociations entre la Corse et l’État. Un processus que le parti majoritaire qualifie de « irrégulier, souvent chaotique, alternant phases de discussion et phases de silence, ce processus a néanmoins le mérite d’exister et constitue une opportunité à vocation historique pour solder un demi-siècle de conflit et enraciner une paix réelle et durable en Corse à travers la construction d’une solution politique globale ». Cette solution, rappelle-t-il, est contenue dans la délibération du 5 juillet où, « pour la première fois de leur histoire, le Conseil exécutif et l’Assemblée de Corse ont donné un visage corse à l’autonomie législative en adoptant un projet global d’autonomie incluant notamment la reconnaissance du peuple corse et de ses droits fondamentaux, le statut de résident, la co-officialité de la langue, l’octroi du pouvoir législatif et du levier fiscal, ainsi que le transfert progressif et irréversible des compétences non régaliennes ». Un projet que le parti de Gilles Simeoni défend bec et ongles, estimant qu’il est « à la hauteur de tous les sacrifices consentis par des générations de Corses engagés pour la survie et la reconnaissance du peuple corse, conforme aux aspirations de dizaines de milliers de Corses démocratiquement formulées depuis décembre 2015, et adapté aux enjeux, aux réalités et aux nécessités actuelles et futures de la Corse ».
 
Le silence de l’Etat
Face à ce projet qui « est désormais celui de la Corse, estampillé du sceau de ses institutions démocratiques », Femu a Corsica s’émeut du silence de l’Etat. « Depuis le 5 juillet, le Gouvernement et l’État français n’ont apporté aucune ébauche de réponse à cette délibération fondamentale. Ce silence interroge dans une Corse qui a besoin d’une solution politique porteuse d’espoir pour régler les urgences impératives d’un peuple menacé dans son existence même - explosion démographique portée exclusivement par le solde migratoire, dépossession de la terre, spéculation foncière et immobilière, recul de la langue, érosion de l’identité culturelle - et d’une société menacée dans sa cohésion au quotidien - inflation galopante pesant sur le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises dans une île où le coût de la vie explose, paupérisation de la société corse et accroissement des inégalités en son sein, dérives mafieuses, explosion du trafic et de la consommation de drogue, perte de repères… ». Ce qui inquiète encore plus le parti nationaliste, ce sont « les signaux inquiétants » envoyés par le Président Macron lors de son voyage en Kanaky fin juillet. Un discours « teinté de néo-colonialisme, où la question corse n’est même pas évoquée ». S’y ajoute l’éviction du groupe LIOT de l’initiative politique du Chef de l’Etat qui a réuni ce mardi les partis d’opposition pour leur proposer de construire ensemble les prochains textes législatifs. Une éviction d’autant plus remarquée que LIOT est le groupe des députés nationalistes.  Et de conclure : « Loin de vouloir jouer les Cassandre, nous serons extrêmement vigilants aux suites données aux négociations en cours dont la délibération du 5 juillet constitue désormais le socle ».
 
N.M.

Programme de la rentrée politique du 3 septembre

- Un locu di mimoria storicu : Aleria ! Marcu Andria CASTELLANI animera une conférence sur « Les événements d’Aléria dans la mémoire populaire pour la génération des années 1990-2000 » (17h)
 
- Una rivindicazione spartuta in Auropa ! Table ronde « L’Autonomie, la norme en Europe : les cas de la Catalogne et du Val Aoste » avec la participation de Jordi Sole, député au Parlement Européen du groupe Les Verts ALE, et membre du parti Esquerra Republicana de Catalunya, et Alberto Bertin, Président du Conseil Régional de la Vallée d’Aoste qui feront part de leur expérience autonomique dans leurs régions respectives. (17h45)
 
- Autunumia : per a Terra, per a Lingua, per u Populu ! Discours politiques de clôture. (19h30)
 
- Serata culturali : cuncertu di u gruppu « Balagna » (20h30),