En Corse, plus de 14 000 personnes sont en situation d'illettrisme

Phénomène souvent caché et pourtant bien réel, l’illettrisme toucherait, au niveau national, 7% des 18-65 ans. En Corse, 14 000 personnes seraient concernées, dont plus de la moitié en situation d’emploi, selon les estimations de Karine Tirel, chargée de mission régionale pour l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI). « La difficulté majeure de ce sujet, c’est son invisibilité. Ce chiffre parait énorme et pourtant personne ne va venir dire : ‘Je suis allé à l’école mais je ne sais pas lire et écrire’, les gens ont honte. Pourtant, des solutions existent. », assure-t-elle.

Et c’est pour les partager et les faire connaitre que l’ANLCI, la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS) de Corse et le Commissaire à la lutte contre la pauvreté auprès du préfet de Corse ont organisé conjointement, ce jeudi 8 septembre, le séminaire « Connaître, comprendre et agir ensemble contre l’illettrisme », dans le cadre de la neuvième édition des Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme. 

« Nous sommes là pour échanger, partager les définitions, les éléments de données que nous avons, les outils à disposition, avec l’ensemble des partenaires en lien les publics, les entreprises, les syndicats, les partenaires institutionnels comme les missions locales, Cap’Emploi ou Pôle emploi », explique Isabel de Moura, directrice de la DREETS de Corse.

L’objectif affiché est de « redynamiser la lutte contre l’illettrisme et notamment au travail ». Il faut dire que sur l’île, jusqu’à présent, le sujet était un peu passé sous les radars de l’action publique. « En Corse, depuis une dizaine d’années, on n’a plus trop fait attention à cette problématique là, il est temps de la prendre en compte », confirme Karine Tiel.

Conséquence majeure : l’illettrisme est encore trop souvent méconnu, dans la société comme dans les entreprises. Et pourtant, les conséquences peuvent parfois être dramatiques. « Les salariés qui ne savent pas lire les modes opératoires, qui ne savent pas repérer les situations dangereuses du point de vue des notices mises à disposition ont plus de risques que les autres d’avoir un accident du travail », illustre Isabel de Moura.
 
Parmi les solutions, le point crucial reste, avant tout, le repérage des personnes en difficulté. Ensuite, l’objectif est de « développer un réseau sur la problématique pour apporter des solutions », comme l’indique la directrice de la DREETS. Pour y travailler et relancer enfin la dynamique sur l’île, d’autres évènements seront organisés, du 8 au 12 septembre, dans toute la Corse.