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En Corse, 840 logements menacés par la montée de la mer d’ici 25 ans


VL le Dimanche 7 Avril 2024 à 07:34

Dans un rapport publié ce vendredi 5 avril, les experts du Centre d'études et d'expertises sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) ont étudié les conséquences du recul du trait de côte sur le littoral français. La Corse fait partie des régions les plus menacés



Archives CNI
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L'érosion côtière, qui grignote 20% du littoral français, pourrait affecter, si rien n'est fait, des centaines de milliers de logements, infrastructures et activités économiques d'ici 2100, en raison de l'accélération de la montée du niveau de la mer, selon l'étude publiée vendredi, par le Cerema qui dresse des scénarios à horizon 2028, 2050 et 2100 afin de mesurer pour la première fois l'ensemble de l'impact potentiel sur les activités humaines.

De quoi parle-t-on?
La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l'effet de phénomènes naturels (houle, vent, marée...), de la hausse du niveau de la mer liée au réchauffement et des interventions humaines (barrages, artificialisation des sols, extraction de sables...). 
Le recul du trait de côte est un phénomène ancien. En cinquante ans, environ 30 km2, soit 4.200 terrains de foot, ont été laissés à la mer. Il va être aggravé par la multiplication des tempêtes et l'élévation du niveau de la mer.

Et en Corse ?
Pour estimer la position future du trait de côte les experts se sont appuyés sur une étude du Cerema publiée en 2019 en y intégrant les effets du réchauffement climatique et ont dégagé trois scénarios.
 
Scénario 2028 
Qualifié de "maximaliste", il fournit néanmoins une "première approche homogène" des risques dans l'Hexagone et les outre-mer en partant du principe que les ouvrages de protection seront maintenus en l'état, que l'élévation du niveau de la mer n'aura pas d'effet significatif, tout en intégrant l'effet des tempêtes.  En 2028, la position du trait de côte dépendra davantage de l'effet des tempêtes pour les côtes sableuses et d'éboulements ou glissements de terrain pour les côtes à falaises. Concrètement 1.046 bâtiments,  dont 224 en Corse, sont classés "à risque", dont plus de la moitié à usage résidentiel et 191 à usage commercial. Soit une valeur vénale de 238,2 millions d'euros.

 


Scénario 2050
Ce second scénario, considéré comme "réaliste", prévoit le maintien en l'état des ouvrages de protection et prolonge les taux de recul des côtes déjà observés. Quelque 5.208 logements sont potentiellement concernés, dont plus de 830 en Corse où l'on a recensé 405 logements en Haute-Corse et 435 dans le Sud qui ne passeront pas 2050. Directement touchées par la montée des eaux et le recul du trait de côte, ces habitations semblent être condamnées. Plusieurs entreprises ainsi que des hôtels et campings sont également concernées. Le préjudice est évalué à plusieurs dizaines de millions d’euros rien que sur le littoral catalan, selon les documents publiés ce vendredi.

Scénario 2100
Cette projection table sur une estimation maximaliste du Giec (Groupe intergouvernemntal d'experts sur l'évolution du climat) avec une hausse d'un mètre du niveau de la mer. Scénario "de l'inaction", il part d'hypothèses "défavorables" avec une "disparition complète des ouvrages de protection" et une "inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral".
Quelque 450.000 logements sont ainsi potentiellement concernés dont 1117 en Corse-du-Sud et 1927 en Haute-Corse.
 

Quelles suites ?
Cet inventaire doit appuyer les travaux du Comité national du trait de côte (CNTC) lancé en mars 2023. Il va également servir à l'élaboration du 3e Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC). Selon le ministère de la Transition écologique, quelque 500 communes sont particulièrement exposées. Plus de 240 sont déjà engagées dans une démarche volontaire de cartographie des risques. "Si les chiffres paraissent précis (...) les résultats ne peuvent être interprétés qu'à l'échelle nationale", préviennent toutefois les experts. "Le scénario de 2100 nous incite évidemment à agir pour éviter les dégâts. Il montre que l'adaptation au changement climatique (...) est vraiment un enjeu d'aménagement des territoires", a commenté vendredi Sébastien Dupray, directeur "Risques, eaux, mer" du Cerema, ajoutant "qu'il n'y a pas de solution miracle qu'on pourrait appliquer partout".