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Divagation animale : le cri de colère de Cambià Avà


M.V. le Lundi 6 Février 2023 à 12:09

Face à la multiplication d'accidents, l'association Cambià Avà souhaite que l'Etat, la région, les communes et les professionnels de l'agriculture travaillent ensemble pour trouver une solution à la divagation animale.



L’association Cambià Avà, qui rassemble plus de 160 adhérents, s’est fait la voix des victimes de la divagation des animaux de rente.
L’association Cambià Avà, qui rassemble plus de 160 adhérents, s’est fait la voix des victimes de la divagation des animaux de rente.
Sur un chemin de randonnée à Pietrosella mardi 31 janvier, une femme d’une quarantaine d’années a été chargée par une vache et très gravement blessée à la tête alors qu'elle se promenait sur une piste avec sa fille de 7 ans. 

L’incident, malheureusement, n’est pas si rare que ça. Si les données officielles sur l'accidentalité liée à la divagation animale en Corse n’existent pas, l’association Cambia Avà a recensé au moins une trentaine d’accidents graves en 2022. Un chiffre similaire à celui de l'année précédente et qui risque même de s’alourdir. "Aujourd’hui on dénombre environ 25 000 bovins non identifiés sur l’ileces bêtes se rapprochent de plus en plus des zones urbaines, jusqu’aux centres-ville et sont devenues une réelle menace pour la sécurité des piétons et des automobilistes, car ces animaux ensauvagés ne semblent plus craindre les humains. Et en plus de nombreux accidents  ils causent d'importants dégâts matériels lorsqu'ils s'introduisent dans les propriétés.​" explique Maryline Taddei, présidente de l’association. 

Un problème de santé publique

La femme, 
elle-même victime de ce "fléau" qui a failli lui coûter la vie, caractérise la divagation comme un problème de santé publique. "Au-delà du problème de sécurité, il existe un enjeu de santé publique. 80% de ces animaux sont infectés par la tuberculose bovine, une maladie contagieuse et transmissible aux autres espèces animales, y compris à l'homme.  En plus du risque d’accident, il y donc un risque de maladie et malgré ça, personne ne bouge." 

Agacée par ce serpent de mer, l’association a donné une nouvelle conférence de presse ce samedi 4 février à Bastia afin de sensibiliser l’opinion publique et dénoncer l’attitude des pouvoirs publics sur la question. "On a l’impression d’être méprisés, personne ne veut prendre des responsabilités, ni l’État, ni les élus. Nous on demande la reconnaissance des victimes et que les gens puissent vivre en sécurité dans leur pays ", martèle la présidente qui se bat depuis deux ans pour la création d’un fonds qui indemnise les victimes physiques et matérielles de cette divagation mais qui depuis se heurte à un mur. 

L’association pointe surtout l’immobilisme de la majorité territoriale "Nous avons été reçus par trois groupes de l'Assemblée de Corse : Soffiu NovuAvanzemu et Core in Forte qui a aussi questionné l’exécutif au sujet de la divagation animale. Seulement le groupe de la majorité territoriale ne nous a pas reçu malgré nos demandes." déplore Marilyne Taddei pour laquelle il est temps de trouver des solutions.

Recenser et parquer les bovins

Si en Corse d'ici la fin de l'année, 40 000 bovins 
devraient être équipés d’un Bolus, une puce électronique placée dans l’estomac des ruminants qui assure la traçabilité de l’animal, pour Cambia Avà cette solution ne suffira pas à résoudre les problème des bovins sauvages et il faut donc trouver d’autres mesures. "Le Bolus a pour vocation de prévenir d’éventuelles fraudes aux primes et donc en quelque sorte de lutter contre la divagation, mais pour régler le problème, cette solution ne suffira pas, tout comme les battues administratives" analyse Maryline Taddei. "Il faut recenser les bovins en liberté et créer des parcs où l’on rassemblerait les animaux qui divaguent. Nous avons également étudié d’autres solutions comme la stérilisation, mais avec 25 000 bête à l’état sauvage, cela serait compliqué logistiquement, et coûterait très cher."

Quelle solution ?

Faute de solution miracle, pour faire cesser ce fléau "il faut que les associations comme Cambià Avà, l'État, la région, les communes et les professionnels de l'agriculture, nous nous retrouvions tous autour d'une table afin de travailler ensemble et résoudre cet épineux problème."
Et pour ce faire l'association demandera dans la semaine une rencontre avec le préfet de Région, déterminée à aller jusqu'au bout. 
 

Le bureau de l'association est composé de Marilyne Taddei, la présidente, et de gauche à droite Marc Autres, vice-président, Dumé Moneglia, trésorier et porte-parole et Michel Vernet-Cristiani, responsable administratif
Le bureau de l'association est composé de Marilyne Taddei, la présidente, et de gauche à droite Marc Autres, vice-président, Dumé Moneglia, trésorier et porte-parole et Michel Vernet-Cristiani, responsable administratif