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Desserte maritime : "La multiplication des opérateurs n’est pas d’intérêt général"


le Vendredi 1 Janvier 2016 à 09:26

Sous le titre de cette tribune, Michel Stefani, secrétaire régional du PCF, estime que l'ouverture 5 janvier 2016, d’une ligne Marseille-Bastia dédiée au seul transport de fret constitue"une extension de concurrence déloyale"



L'arrivée du Stena Carrier : Une extension de concurrence déloyale selon le PCF
L'arrivée du Stena Carrier : Une extension de concurrence déloyale selon le PCF
Le consortium des patrons corses n’en démord pas, non retenu à la reprise de la SNCM par le tribunal de commerce de Marseille, il se drape dans l’intérêt général pour justifier l’ouverture, à compter du 5 janvier 2016, d’une ligne Marseille-Bastia dédiée au seul transport du fret qu’il génère. C’est assez incongru sachant que la plupart des porteurs de ce projet sont, pour partie, directement ou indirectement, responsables de la cherté de la vie en Corse et du détournement des réfactions de TVA.
L’objectif poursuivi en réalité c’est de sortir du dispositif de délégation de service public (DSP). L’acharnement anti SNCM ces dernières années se traduit désormais dans cette approche ultralibérale de la desserte qui, si elle devait aboutir, aurait de nouvelles conséquences sociales lourdes. La CMN étant à son tour visée par cette extension de concurrence déloyale.
Force est de constater que les tergiversations de l’Exécutif précédent encouragent d’autant plus cette fuite en avant que le lancement de la procédure d’appel d’offres a été différé en octobre dernier afin d’organiser une consultation publique des armateurs envisageant le ligne par ligne sans DSP.
Il ne s’agit pas de permettre à la Corse de regagner la maitrise politique de ses transports, alors que la CTC en a la pleine compétence, mais de poursuivre l’acharnement anti-service public, pro-low-cost, initié par la Commission européenne à la demande première des dirigeants de Corsica Ferries. Le patronat insulaire, qui n’a jamais accepté la régulation publique, a toujours combattu le principe initial de continuité territorial malgré la défaillance avérée des opérateurs privés, subventionnés, avant 1976.
Dans la phase actuelle, l’affrontement, aux accents poujadistes, entre patrons corses n’est pas fait pour défendre l’emploi en Corse. Depuis 20 ans, malgré la zone franche et les dispositifs fiscaux très généreux, les quelques 80 M€ annuels dont ils ont bénéficié n’ont pas été mobilisés pour l’emploi. L’augmentation constante du chômage le confirme. Ils n’ont pas non plus servi à l’augmentation des salaires qui restent exagérément bas.
Le gouvernement Valls Hollande qui a piloté la casse de la SNCM, avec l’Exécutif précédent de la CTC, porte la lourde responsabilité de ce qui se passe aujourd’hui. Ensemble, sous la pression des actionnaires Veolia Transdev, ils ont précipité la SNCM au tribunal de commerce dans une procédure de redressement judiciaire sans fondement. Les amendes anti-service public de la Commission européenne ont servi de prétexte à cette mascarade étalée sur une année particulièrement pesante pour les travailleurs sous la menace de perdre leurs emplois.
Cela éclaire le cynisme dont il a été fait preuve : coté gouvernemental pour pouvoir diminuer en conséquence le montant de l’enveloppe de continuité territoriale, coté CTC pour dégager des excédents redéployables en goudron ou en béton, coté Veolia Transdev pour aller au bout de leur valorisation capitalistique. Le consortium des patrons corses s’emploie à y mettre une touche finale en proposant une desserte momentanément sans compensation financière mais durablement sous pavillon international. Il semble bénéficier du soutien inattendu mais significatif de la part de la direction de la CMN qui refuse de subdéléguer à la nouvelle SNCM l’exécution de la DSP en cours jusqu’au 1er octobre 2016.
Avant le 5 janvier, il appartient d’une part au gouvernement de faire respecter ses engagements s’agissant des règles du pavillon premier registre et du principe de DSP et d’autre part à l’OTC, qui en a le pouvoir, de ne pas autoriser l’ouverture de cette ligne sur Bastia qui sera suivie d’une autre sur Ajaccio avec la seule intention de basculer au 1er octobre 2016 dans le système ultralibéral des obligations de service public généralisées (OSPG) au ligne par ligne.
L’intersyndicale qui appelle à la grève a raison. Contrairement à ce qui est dit la multiplication des opérateurs n’est pas d’intérêt général. Elle sera à nouveau destructrice d’emplois à la SNCM et à la CMN et désastreuse pour la desserte publique de continuité territoriale entre le continent et les six ports de Corse.