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Découverte d’amiante à Bastia : des retards et des surcoûts pour la rénovation de la "Cité des Monts"


Andrea Petitjean le Lundi 4 Novembre 2024 à 09:33

Le réaménagement de la « Cité des Monts, des Lacs et des Arbres » à Bastia, lancé en 2021, se heurte à des complications inattendues dues à la découverte d'amiante, entraînant des surcoûts et un retard dans le calendrier initial.



Le bâtiment 36A de la « Cité des Monts, des Lacs et des Arbres » ce lundi 4 novembre 2024.
Le bâtiment 36A de la « Cité des Monts, des Lacs et des Arbres » ce lundi 4 novembre 2024.
C'est une surprise dont la municipalité bastiaise se serait bien passée. Alors que le chantier de rénovation de la Cité des Monts avait parfaitement débuté selon le calendrier annoncé au printemps 2023, la situation a évolué, la découverte d'amiante au sein des trois bâtiments qui devaient être démolis entraîne des surcoûts significatifs et des retards sur le calendrier.
Devant l'entrée du bâtiment 36A de la Cité des Monts à Bastia, la municipalité reconnait que la contrainte est de taille : « c'est environ 22 000 tonnes de bétons contenant des galets de serpentinite au total qui ont été découverts sur le site, plus précisément dans les façades des bâtiments 32, 33 et 36A, qui devaient être initialement démolis. » Si le budget initial s'élevait à 45 millions d’euros, celui-ci a été révisé à 50 millions d’euros. Cette hausse significative du budget est due aux contraintes techniques que cette découverte entraîne, car elle exige des protocoles spécifiques pour la démolition, le transport et le stockage des déchets dangereux. « Tout allait très bien, le projet avançait très bien jusqu'à cette découverte début 2024 dans les bâtiments. Aujourd’hui, face aux difficultés rencontrées, nous devons changer le phasage du projet, mais nous ne reculons pas sur le programme. » explique le maire de la ville, Pierre Savelli.

Arnaud Milleman, secrétaire général et sous-préfet de Bastia, a expliqué que la découverte d’amiante a été progressive depuis 2021. Des diagnostics initiaux avaient signalé un faible niveau d’amiante, mais des analyses ultérieures en 2022 ont montré une augmentation significative de la présence d’amiante, la classifiant comme modérée. « Cela a alerté les autorités sur la nécessité de réaliser des investigations plus approfondies », a-t-il précisé, ajoutant que des experts géologues ont été mobilisés pour analyser les murs en béton et déterminer la composition des matériaux. 

Cette découverte vient perturber le chantier. Le préfet de Haute-Corse a saisi les ministères concernés pour former un groupe de travail avec divers acteurs, dont la Direction générale de la prévention des risques et l’ANRU, partenaire financier du programme. « Nous allons mobiliser un groupe d’expertise spécifique à la Haute-Corse pour garantir une analyse complète », a annoncé Arnaud Milleman qui a également évoqué les deux objectifs de cette mission : comprendre la composition des galets et établir un plan de gestion des risques.

Les retards sont donc inévitables. Les contraintes techniques exigent un changement de terminologie, le projet ne visant plus la démolition, mais plutôt la « déconstruction ». « Le premier enjeu est de déterminer comment déconstruire ces bâtiments. Nous devons éviter d’effriter la roche et de limiter les risques pour les ouvriers et les habitants », a expliqué Arnaud Milleman. Le transport et le stockage de l’amiante posent également problème, car les capacités de stockage de déchets dangereux en Haute-Corse sont très limitées, ne dépassant pas 2 400 tonnes par an.

Malgré ces complications, la municipalité reste déterminée à faire avancer le projet. « Face à ces difficultés, nous devons nous adapter et trouver des solutions. Nous allons réorganiser et densifier le programme pour maintenir l’ensemble du projet », a indiqué le maire. Des opérations de reconstruction de logements sont également prévues pour améliorer la qualité de vie des habitants.

Les défis liés à l’amiante dépassent le cadre de ce projet. « C’est un sujet qui impacte tous les futurs projets d’aménagement en raison de la réglementation. Ce projet expérimental nous permettra de trouver des solutions pour l'avenir », a conclu Pierre Savelli.

Le calendrier a donc été révisé, mais l’engagement des autorités reste ferme. La première phase de désamiantage est désormais prévue pour le premier trimestre 2025, avec un maître d’œuvre déjà désigné. Selon les responsables, ce report est une occasion de garantir une meilleure gestion des risques liés à l’amiante tout en poursuivant les autres opérations.