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Collectif "Massimu Susini" : « On ne veut pas s’enfermer dans une histoire de vendetta »


Julia Sereni le Samedi 22 Août 2020 à 13:05

Onze mois après l’assassinat de Massimu Susini à Cargèse, le collectif « Antimafia » qui porte son nom tape du poing sur la table : refusant la « fable » de la vendetta entre deux familles, le collectif rappelle l’origine de sa création et sa raison d’être : lutter contre l’emprise mafieuse en proposant aux autorités des moyens d’action concrets.



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
« Massimu Susini hè statu assassinatu par vìa chì s’uppunìa in parsona è in paroli à una banda di maiali è à u so capu indiati à metta à Carghjesi à l’abbottu ». Ce samedi 22 août devant le tribunal d’Ajaccio, Rinatu Coti rappelle ce qui, selon lui, a conduit Massimu Susini à être assassiné le 12 septembre 2019, à Cargèse. Onze mois qui n’ont toujours pas permis d’apporter des réponses concrètes : « Ondici mesi dopu à l’assassiniu di Massimu, ùn si sà nudda » déclare t-il, amer.
 
Pourtant, pour le collectif, l’origine et les causes de son assassinat sont claires : « La région de Cargèse vit une situation d’imprégnation mafieuse particulière » et « l’assassinat de Massimu est l’aboutissement de cet enracinement et des collusions tissées entre la bande de jeunes voyous de Cargèse et de bandes plus installées d’Ajaccio ».
 
Aujourd'hui, ce qui révolte le comité c’est qu’ « une fable nouvelle essaie de voir le jour : ce serait une vendetta entre deux familles ». Une version que le collectif réfute avec force : « Dire que nous sommes dans un processus de vengeance est une escroquerie intellectuelle » s’indigne Jérôme Mondoloni. « Présenter une famille contre une autre est ignoble. On ne veut pas s’enfermer dans une histoire de vendetta » poursuit-il, pointant du doigt « le jeu » du parquet : « Avoir montré du doigt les amis de la paillote (dans l’assassinat de Jean Antoine Carboni NDLR) est irresponsable ».
 
C’est pourquoi le collectif souhaite rappeler sa raison d’être : « Notre cap c’est agir contre la mafia » indique t-il. Pour ce faire, il souhaite être force de propositions : « Nous défendons le statut de collaborateur de justice. Nous voulons que nos députés interviennent au parlement pour défendre cette mesure, y compris pour ceux qui ont participé à des assassinats ». Pour Jérôme Mondoloni, il s’agit de mettre les autorités devant leurs responsabilités : « Notre collectif s’est fixé comme objectif de rappeler à l’Etat ce qui dépend de ses pouvoirs régaliens et nous avons rappelé également aux élus de la Collectivité qu’ils pouvaient contrôler les marchés publics qui dépendent d’eux ».
 
Sur le rôle de la Collectivité, Pierre-Laurent Santelli enfonce le clou : « Cette strate dispose de moyens considérables, et pourrait déjà donner un coup d’arrêt significatif à cette imprégnation mafieuse ». Le collectif, qui s’est déjà entretenu avec le président de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, rencontrera en septembre le président de l’Exécutif Gilles Simeoni. « Nous allons également aller en Calabre, en Sicile pour s’imprégner du travail fait ailleurs » indique Pierre-Laurent Santelli. Et le 12 septembre, une journée « de mémoire et de lutte » sera organisée à Cargèse, sur le lieu de l’assassinat de Massimu Susini.