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Bibliothèque centrale de Bastia : L'A.C.F. Restonica invite Philippe Lacadée


Odile AURACARIA le Jeudi 20 Mars 2014 à 00:36

Il y a quelques jours une conférence de Philippe Lacadée, organisée par Jean-Pierre Denis et Marie-Josée Raybaud de l'ACF Restonica, en partenariat avec Marie-Hélène Muraccioli, bibliothécaire, se tenait dans la salle de la médiathèque de la Bibliothèque Centrale, devant un auditoire averti et attentif. Philippe Lacadée est un habitué de ces soirées organisées à la Bibliothèque et il fréquente aussi très régulièrement l'ACF Restonica.



Bibliothèque centrale de Bastia : L'A.C.F. Restonica invite Philippe Lacadée
L'A. C. F. Restonica
Il s'agit de l'Association de la Cause Freudienne Restonica dont l'objectif est l'étude de la psychanalyse en référence aux avancées et aux travaux engagés par l'école de la Cause freudienne. L'association s'attache également à favoriser l'implantation et la transmission de la psychanalyse d'orientation lacanienne en Corse. Les activités principales de l'ACF Restonica ont lieu à l'Université de Corté.
Ouverte à tout public cette soirée bibliothèque, très pointue, s'adressaient quand même plus particulièrement à des cliniciens, travailleurs sociaux, enseignants ou rééducateurs.

Philippe Lacadée
Il est psychiatre, psychanalyste, membre de l'Ecole de la Cause Freudienne, de l'Association Mondiale de Psychanalyse et de la New Lacanian School. Il exerce à Bordeaux. Il a travaillé pendant 35 ans en qualité de psychiatre dans l'hôpital de jour pour adolescents "La demi-lune" à Villeneuve d'Ornon dans la banlieue de Bordeaux. Il a pris sa retraite le 1er mai 2013.
Il est directeur de la collection "Je est un autre" aux éditions Michèle. Il a participé à l'écriture de nombreux ouvrages collectifs et a rédigé aussi une quantité importante de livres, parmi lesquels on peut citer : "Le malentendu de l'enfant", "L'éveil et l'exil" ou encore "Vie éprise de parole, fragments de vie et actes de parole" et "La vraie vie à l'école, la psychanalyse à la rencontre des professeurs et de l'école".  Philippe Lacadée a d'ailleurs axé son intervention sur ces deux derniers ouvrages et les a signés en fin de conférence. Ouvrages pratiquement indissociables car ils forment un dytique ayant pour trame le langage. L'homme étant un animal parlant.

"Vie éprise de parole" Fragments de vie et acte de parole
Cet ouvrage est un hymne à la langue et à la littérature. C'est un livre où la constitution de l'être dans sa chair se fait par les mots. Philippe Lacadée y fait référence à Jean-Paul Sartre au travers de son livre autobiographique "Les mots" où il raconte les événements de son enfance à partir desquels il est devenu écrivain. Philippe Lacadée introduit alors cette citation de Jacques Lacan "Il y a des écrivains qui précèdent le psychanalyste." Philippe Lacadée cite aussi le livre d'Hélène Grimaud "Variations sauvages"
Dans "Vie éprise de parole" Philippe Lacadée est amené à réfléchir sur le langage. Il s'est intéressé aussi à un phénomène qui est de plus en plus important dans notre vie quotidienne, politique ou institutionnelle, l'apparition du maniement des insultes et des injures.
Ce livre pourrait apparaître comme une critique du langage dans un simple usage de communication. S'il s'est particulièrement intéressé à l'usage de l'insulte ou de l'injure, qui est une provocation langagière, c'est parce qu'il se trouve que les adolescents dont il s'est occupé pendant 35 ans étaient en grandes difficultés psychiques, et qu'au fil des années l'insulte est devenue pour eux une modalité d'entrer en relation.
Pourquoi les insultes et les injures ont tellement envahi le discours commun? A ce propos, Philippe Lacadée, se réfère à Jacques Lacan qui a deux reprises a indiqué que 'l'insulte est le premier et le dernier mot du dialogue". Jacques Lacan cite Homère et L'Iliade, et dit volontiers que l'insulte est le début de la grande poésie.
Comment faire comprendre à nos contemporains que l'insulte, si on sait bien y répondre, peut-être un début d'entrée en relation? Ne pas répondre à l'insulte sur le même axe permet de désamorcer la situation et peut ouvrir au dialogue. Il faut jouer de la langue. Face à l'insulte et à l'agressivité, il faut savoir élever le tragique à la dignité du comique.


"La vraie vie à l'école" La psychanalyse à la rencontre des professeurs et de l'école
L'école se doit d'inventer les lieux et les liens pour rendre les élèves plus présents, plus attentifs au savoir vivant que les enseignants leur transmettent, plus responsables devant la vie qu'ils ont à construire. Dans cet ouvrage, les enseignants donnent un éclairage de leur savoir-faire. Ils s'interrogent aussi sur la vie du langage et le savoir de l'enfant.
Ce livre se veut être le témoignage d'une rencontre avec des enseignants. Il est né de deux questions. Celle des élèves : "A quoi ça sert d'apprendre?" Celle des enseignants : "Mais nous n'avons pas été formés pour ça!"
Il faut tirer les élèves de positions solitaires dans lesquelles ils se sont enfermés. Enfermés par exemple dans le refus du savoir. Ne pas apprendre et rester tout seul dans son coin peut parfois conduire au pire. Freud avait déjà été préoccupé parce que l'école pouvait conduire à des suicides. Il ne faut pas oublier la dimension pulsionnelle. L'école peut-être une entreprise de mortification qui réveille la pulsion de mort chez certains. Dimension pulsionnelle qui introduit la dimension langagière.
Dans cet ouvrage des professeurs témoignent qu'ils sont confrontés à des élèves en difficulté ou difficiles. Certains professeurs indiquent aussi qu'ils ont trouvé des solutions toutes simples pour remédier à certaines situations.
Philippe Lacadée dans "La vraie vie à l'école" prend appui sur des textes de Sigmund Freud ou Jacques Lacan pour affirmer que "L'école doit devenir un lieu où l'on puisse rencontrer la vraie vie de l'esprit."
Odile AURACARIA