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Bastia : Les agriculteurs mécontents se mobilisent face aux retards de paiement de l'État


le Lundi 22 Février 2016 à 19:35

Tandis que sur le continent, la crise agricole sévit en raison notamment de l'effondrement des cours du lait et de la viande, les agriculteurs insulaires ne sont pas en reste. Sur l'île, se rajoutent à ces problématiques, des promesses non tenues de l’État au sujet des paiements des DPU (Droits à paiement unique) et autres ICHN (indemnités compensatoires de handicaps naturels). En effet, la mise en œuvre de la Politique agricole commune 2014-2020 semble particulièrement poussive sur l'île et notamment en matière de paiements des primes. À 11heures, ce mardi, les agriculteurs se réunissent à Bastia à la chambre d'agriculture de Haute Corse. Histoire de faire un point avant de demander une audience à 14 heures auprès de la DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer). Des actions sont envisagées si les échéances de versement sont de nouveau repoussées.

Rencontre avec Sébastien Mercuri, président des Jeunes agriculteurs 2B. Ce dernier sera présent à la réunion et évoque les différentes revendications actuellement portées par le syndicat et le monde agricole. En Corse-du-Sud, la FDSEA ainsi que les JA2A se réuniront ce mercredi.



700 contrôles sont prévus par L’Agence de services et de paiement (ASP) d'ici le 15 mai sur l'ensemble des 3200 exploitations agricoles de l'île. (Crédits photo: archives D. S.)
700 contrôles sont prévus par L’Agence de services et de paiement (ASP) d'ici le 15 mai sur l'ensemble des 3200 exploitations agricoles de l'île. (Crédits photo: archives D. S.)
- Les jeunes agriculteurs montent régulièrement au créneau pour défendre leurs droits notamment dans le cadre de l’application de la politique agricole commune 2014-2020, sur quels points portent votre mécontentement en ce début d'année ?
- Dans le cadre de l'actuelle Politique agricole commune, les agriculteurs du continent ont perçu 90% de leurs aides. Cela a été possible grâce à la constitution par l’État de 3 ATR (avance de trésorerie remboursable /plus d'informations en cliquant sur ce lien). Ces avances de trésorerie ont été accordées par l'État pour palier le retard de la mise en place de la PAC en France et également pour ne pas se faire retoqué par l'Europe.
Or, en Corse, certains agriculteurs ont perçu 30% de leurs aides et d'autres 120% et ce, après des calculs spécifiques à notre île et totalement aléatoires. Autant dire que pour les premiers, la situation financière de leur structure devient très périlleuse. Par l'intermédiaire de la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt en Corse), l'État avait promis de régler la situation avant le 1er décembre 2015. Il nous a ensuite été signifié que les paiements se feraient entre le 18 et le 19 février... mais toujours rien à ces dates. Nous avons fait part de notre mécontentement et de notre projet de manifester et les autorités nous ont cette fois ci assuré que les règlements se feraient entre jeudi et vendredi de cette semaine.

- Vous parlez d'agriculteurs en danger, dans quelle mesure?
- Et bien, beaucoup ont été contraints de fortement puiser dans leur trésorerie. Ils ont du également demandé à leurs fournisseurs d'attendre pour être payé en annonçant les dates de versement transmises par l'État. Des dates qui se sont révélées être fausses puisqu'on nous ment. Lors de notre réunion de ce mardi, nous allons tenter notamment de trouver des solutions pour ces agriculteurs. Cela fait deux fois que les versements sont ajournés, nous ne voulons pas d'une troisième fois !
 

- Comment expliquez vous ces différences de traitement entre la région Corse et le continent ?
- Nous voulons bien être traités de manière différente mais intelligemment si possible. Nous avons une agriculture qui nous est propre et on ne rentre pas "dans la boîte" de l'agriculture continentale. Pourtant, nous ne pouvons pas nous aligner sur leur monde agricole. On tient à notre mode de production, il est d'ailleurs les des plus rentables à l'échelle nationale. Il faut également savoir que nous sommes les plus contrôlés : pas moins de 700 contrôles sont prévus par L’Agence de services et de paiement (ASP) d'ici le 15 mai sur l'ensemble des 3200 exploitations agricoles de l'île. 

Propos recueillis par Diana Saliceti